Les tops, les flops et les interrogations après le Grand Prix d’Espagne

Hamilton et Verstappen confirment leur mainmise sur la F1

Par Alexandre C.

18 août 2020 - 18:31
Les tops, les flops et les interrogation

Après chaque Grand Prix, Nextgen-Auto.com vous propose de retrouver les « tops » et les « flops » identifiés par la rédaction. Qui mérite d’être louangé ? Qui, au contraire, doit être critiqué ? Enfin, quels sont les points d’interrogation ou ambiguïtés, qui devront être suivis avec intérêt lors des prochains Grands Prix ? Découvrez-le ci-dessous !

Les Tops.

Top n°1 : Hamilton et Verstappen, premiers de cordée

On attendait un duel Hamilton-Bottas pour le titre, c’est finalement un duel Hamilton-Verstappen qui suscite de l’intérêt à chaque de week-end de Grand Prix désormais, tant les deux hommes planent sur la compétition. Lewis Hamilton, tout d’abord, a remporté, déjà, la 4e victoire sur 6 Grands Prix cette année, enfonçant un peu plus le clou au classement. Le pilote Mercedes a fait le plus dur en qualifications, en battant de peu (76 millièmes) son coéquipier toujours redoutable dans cet exercice. C’est, une fois de plus, en course qu’il a fait parler sa maîtrise. Nous retiendrons deux points en particulier. D’une part, sa parfaite gestion des Pirelli : cela avait été le point faible de l’équipe à Silverstone, mais cette fois-ci, avec il est vrai des pressions moins élevées et des pneus plus durs, il n’y a pas eu de problème pour Hamilton, qui semblait pouvoir hausser le rythme quand il le désirait. Ensuite, il faut retenir sa maîtrise stratégique de la course : contrairement à Valtteri Bottas, Lewis Hamilton a poussé pour avoir, non des tendres, mais des médiums pour le dernier relais. Alors que son coéquipier ne parvenait à remonter sur la Red Bull de Max Verstappen avec ces pneus, Lewis Hamilton put lui tranquillement rallier l’arrivée. « Il est dans une ligue à part » pour reprendre les propos de Toto Wolff. Que peut-il lui arriver cette année ?

Même Max Verstappen, en dépit de ses performances exemplaires, n’apparaît en mesure de contrecarrer la domination de l’Anglais. Et pourtant, le Néerlandais n’a encore une fois rien à se reprocher. Il a réussi un nouvel exploit, séparer les deux meilleures voitures du plateau, grâce à un envol cette fois-ci décisif. En début de relais, il semblait pouvoir suivre le rythme de Lewis Hamilton… qui en fait ralentissait la cadence pour économiser ses Pirelli. Voyant qu’il perdait du temps, Max Verstappen s’est énervé à la radio, pour demander un arrêt aux stands ; de détendu à Silverstone, il est apparu ainsi frustré voire en colère. La marque d’un énervement durable face aux Mercedes ? Peut-être pas, car les esprits étaient apaisés à l’arrivée. C’est peut-être le signe d’un champion : car un champion est toujours mauvais perdant…

Top n°2 : Gasly enfonce le clou (et Kvyat) chez AlphaTauri

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : c’est la 9e fois d’affilée chez Toro Rosso-AlphaTauri que Pierre Gasly bat Daniil Kvyat en qualifications. Et pas d’un petit écart : le différentiel s’est élevé à trois dixièmes samedi dernier à Barcelone. Bien évidemment, il y a de quoi faire réfléchir Helmut Marko sur l’avenir du Russe en F1, quand Tsunoda frappe à la porte… Il fallait cependant que Pierre Gasly confirme en course : car de manière étonnante, il n’avait jamais marqué des points en partant du top 10 ! Ce fut finalement chose faite, grâce notamment à un très bon envol, qui lui permit de passer Lando Norris et Charles Leclerc au départ. C’est d’ailleurs avec ces deux hommes que Gasly livra de belles batailles, boxant peut-être une petite catégorie au-dessus par rapport à ce que lui permet sa monoplace, comme souvent cette saison. S’il n’avait pas perdu du temps dans le trafic après son arrêt, il aurait sans doute pu jouer avec Alexander Albon… Un symbole, assurément.

Top n°3 : Räikkönen réveille Alfa Romeo en qualifications

Y a-t-il moyen, pour un champion du monde, d’être particulièrement satisfait d’une 14e place en qualifications ? Dans le cas de Kimi Räikkönen, qui court sur une Alfa Romeo à la puissance anémique, c’est certain. Le Finlandais a tout simplement signé la première Q2 de son équipe cette année, alors qu’il était plutôt abonné aux dernières lignes. Mieux, il a relégué Antonio Giovinazzi à 9 dixièmes, un gouffre ! En Q2, à court de tendres, il s’est même permis de devancer, sur un dernier relais en médiums, la Renault d’Esteban Ocon.

En course, il espérait ainsi pouvoir montrer le potentiel d’Alfa Romeo, clamé depuis plusieurs semaines. Ce ne fut pas franchement pas évident, malgré un très bon rythme en tendres et un 7e meilleur temps au final. Il faudra partir d’encore plus haut pour le démontrer… Et même sans mode fête pour les autres, ce ne sera pas aisé !

Les flops

Flop n°1 : Procession, surchauffe, pneus durs inutilisables : un week-end gâché ?

Pour le deuxième week-end consécutif, les Pirelli ont été au centre de l’attention et des résultats sportifs. Mais cette fois-ci, ce fut au détriment du spectacle. Tout commença dès les essais libres : Lando Norris n’hésita ainsi pas à qualifier de « merdique » le comportement des gommes dures sous la chaleur. Pirelli ne lui donna pas tort, puisque dans ses consignes aux écuries, le manufacturier leur conseilla d’éviter tout simplement ce pneu C1 en course ! Seul Alexander Albon s’y risqua, avec le résultat très décevant que l’on sait. « Pour être honnête, on ne peut appeler ça des pneus de F1 » lançait le pilote thaïlandais.

Deuxième épisode : les qualifications. Pour éviter de surchauffer leurs pneus sur une piste brûlante, les pilotes ont effectué des tours de sortie très lents. Les conséquences sont connues : des files d’attente dans la dernière chicane… Au risque de la sécurité. Là encore, les pilotes sont montés au créneau pour dénoncer cet état de fait, à l’image de Daniel Ricciardo.

Troisième épisode : la course. A l’image de Lewis Hamilton, les pilotes ont gentiment adopté un train de sénateur pour éviter de surchauffer leurs tendres ou médiums. Ainsi le début du Grand Prix fut une véritable procession, les voitures se suivant à 2 secondes sans s’attaquer. Toto Wolff, après l’épreuve, reconnaissait que les Mercedes auraient pu facilement aller 2 ou 3 trois secondes plus vite. Certes, la température de piste avoisinait les 50 degrés… Certes, les équipes, qui ont refusé les Pirelli 2020, sont autant à blâmer que le manufacturier, sinon plus. Mais plaçons-nous un instant dans la peau du spectateur lambda : quand il voit un tel spectacle en début de Grand Prix, et quand il le compare au Moto GP, que pensera-t-il ?

Flop n°2 : Renault, le feu de paille

Après les essais libres, Renault pouvait espérer titiller les Racing Point pour être la 3e force du plateau. Daniel Ricciardo estimait même que sa monoplace était une « voiture Q3. » En vérité, le samedi, elle fut une voiture Q2, et encore, l’élimination dès la Q1 était proche pour les monoplaces jaunes. C’est ainsi qu’en fin de Q2, Esteban Ocon eut même l’humiliation de se faire battre par l’Alfa Romeo de Kimi Räikkönen, qui avait chaussé des médiums. Chez Canal +, Cyril Abiteboul reconnaissait franchement une amère déception. Même si les écarts sont faibles, Renault donnait ainsi l’impression d’une pure stagnation par rapport à la saison dernière. Parties d’aussi loin en course, les Renault ont tenté une stratégie à un seul arrêt pour remonter la pente… Mais Barcelone est redoutable pour les dépassements. C’est ainsi que Daniel Ricciardo comme Esteban Ocon ont été coincés dans le trafic, sans pouvoir démontrer un rythme qui peut-être, du reste, n’existait pas. La 6e place se confirme un peu plus pour les Jaunes…

Flop n°3 : Haas et surtout Grosjean dévissent après de belles promesses

Une autre équipes à avoir affiché de belles promesses en essais libres, avant de dévisser totalement, fut Haas. En EL1 comme en EL2, les monoplaces américaines impressionnaient, surtout celle de Romain Grosjean qui pointait même dans le top 5. Puis tout s’est effondré… Le tournant fut peut-être la perte d’unité de puissance du Français, qui a contraint son équipe à briser le couvre-feu et à travailler toute la nuit sur la monoplace. Qu’ont-ils pu tripatouiller ? En attendant, la Haas était méconnaissable le lendemain, comme le confirmait Romain Grosjean : « Vendredi, le long run était d’enfer, les runs qualifs étaient d’enfer, faciles, pas de problème, la voiture faisait ce que je voulais. Là, honnêtement, c’était peut-être la pire voiture que j’aie conduite de ma vie. » Peut-être aussi que les Haas avaient les réservoirs totalement vides en essais libres, puisque Kevin Magnussen ne faisait pas mieux qu’une 16e place en qualifications. Ce fut pire encore en course pour Romain Grosjean, qui avec une monoplace inconduisible, a tout de même signé la plus belle manœuvre du week-end avec son drift presque contrôlé.

Cette chute de performance n’excuse cependant pas l’attitude du Français après la course, qui a estimé que cette Haas était « la pire voiture de [sa] vie ». Alors que ses mécanos avaient travaillé toute la nuit, et sortent d’un triple-header, ce n’est pas la meilleure des déclarations à faire. Pour ne rien arranger, Romain Grosjean s’est rendu coupable d’une autre manœuvre dangereuse en course, avec une énième défense erratique sur Kimi Räikkönen. Vous avez dit fin de cycle douloureuse ?

On demande à voir…

Quelles seront les conséquences de l’interdiction du mode fête ?

L’interdiction des "party modes’ ou plus précisément, l’entrée des cartographies moteur dans le « Parc fermé » à compter du prochain Grand Prix à Spa, a beaucoup fait parler dans le paddock. La FIA estime qu’il s’agit d’une mesure nécessaire pour contrôler la légalité des unités de puissance, tant les « cartos » moteur sont devenues nombreuses et variées. Certains, comme Lewis Hamilton en premier lieu, y ont plutôt vu une énième tentative de ralentir les leaders, un classique en F1. Qu’importe : il reste à voir ce que cela va changer dès le prochain Grand Prix, du reste très sensible à la puissance moteur (et ce sera encore le cas à Monza). L’écart en qualifications va-t-il supposément se réduire entre les Mercedes et les Red Bull ? Les voitures équipées de V6 Ferrari vont-elles enfin pouvoir lutter pour de meilleures places ?

Ou bien, cette interdiction permettra-t-elle, en réalité, à Mercedes de davantage pousser son moteur en course et ainsi d’être plus performante ? Toto Wolff en avertissait déjà la FIA après Barcelone : « Comme je l’ai dit durant le week-end à Barcelone, je pense que c’est juste un nouveau défi pour nous. Si ce ’mode fête’ nous enlève quelques superbes tours en qualifications, alors nous pourrons utiliser quatre ou cinq fois, durant la course, plus de potentiel moteur. Et pour le moment, c’est la course qui est notre faiblesse, pas les qualifications. Peut-être que la FIA va même nous faire une faveur ! » En attendant la réponse, les grands perdants de cette innovation sont les ingénieurs moteur, pour qui le concept de « pause » entre deux Grands Prix s’évapore !

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