La F1 doit-elle copier l’IndyCar sur une règle de qualifications ?

Des pilotes souhaitent pénaliser ceux qui neutralisent la séance

Par Emmanuel Touzot

15 juin 2022 - 09:09
La F1 doit-elle copier l'IndyCar

Le débat des pilotes provoquant un drapeau jaune ou un drapeau rouge en qualifications continue de faire rage en F1. Il n’a pas lieu en IndyCar, où les pilotes provoquant une neutralisation et ruinant le chrono de leurs rivaux voient leurs deux meilleurs tours annulés.

La discussion a eu lieu à Bakou ce week-end, après que Fernando Alonso a fait un tout droit dans l’échappatoire du virage 15 en Q1. Alex Albon, qui le suivait, a clairement crié à l’incident volontaire, jugeant que le pilote Alpine F1 avait volontairement provoqué le drapeau jaune pour ne pas se faire éliminer.

Le principal intéressé a toutefois assuré qu’il n’était pas contre l’idée d’imposer une sanction à un pilote qui gâcherait les tours chronométrés de ses rivaux, à l’image de ce qui se fait en IndyCar.

"Oui, je le pense" envisage Alonso, avant de se lancer dans une comparaison hasardeuse. Il relate la panne de Kevin Magnussen en course, et le choix du Danois de se placer vers une ouverture dans les rails. Mais la comparaison ne tient pas, puisqu’on ne parle pas de la même phase du week-end, ni du même incident.

"Il y aura toujours des difficultés, comme on l’a vu ce week-end pendant la course, si vous avez un accident dans un virage ou si vous garez votre voiture. Il y avait une Haas garée dans le virage 15."

"Si vous vous garez là ou 10 mètres plus loin, vous pouvez avoir un déploiement de la voiture de sécurité, selon que vous prenez une bonne position ou pas. De là, devons-nous allons pénaliser le pilote Haas parce qu’il a choisi la mauvaise option ? Nous devons donc faire attention à la façon dont nous faisons ces choses."

La situation est toutefois différente quand il s’agit d’une erreur d’un pilote entraînant un drapeau jaune, car il y a toujours une suspicion d’action volontaire, ce que comprend Alonso, militant pour un changement de format : "Mais oui, je suis d’accord. Surtout lors des qualifications, ça devrait être différent."

"Nous sommes confrontés à des problèmes de tours lents, de temps minimum à respecter, de trafic dans le dernier virage, d’aspirations ou non. Donc je pense que nous devrions être intelligents et penser à un autre format pour les qualifications."

"Il y a toujours quelqu’un qui en pâtit", selon Norris

Lando Norris note qu’il a terminé dans une échappatoire en qualifications à Bakou pour laisser passer Sebastian Vettel. S’il comprend la volonté de pénaliser ces erreurs, il rappelle qu’elles arrivent pour différentes raisons : "Oui, bien sûr. Je suis l’un des gars qui a provoqué un drapeau jaune hier, mais juste pour m’écarter du chemin de Seb."

"Je pense qu’il y a une différence entre les gens qui le font par accident, les gens qui le font pour respecter les drapeaux bleus et autres lorsque vous êtes en qualifications, et les gens qui le font intentionnellement. Surtout quand vous avez une seconde et demie de retard sur un tour d’attaque !"

Norris note qu’il est heureux que cette règle n’existe pas quand il est responsable d’une neutralisation : "Vous le dites toujours jusqu’à ce que vous soyez celui qui fait quelque chose de mal. Et là, vous vous dites ’j’apprécie que cette règle n’ait pas été introduite’. Parce que vous venez de faire une erreur, comme j’ai fait à Imola."

"Je dis que je souhaite qu’il n’y ait pas de règle, mais évidemment, quand quelqu’un d’autre le fait, je me dis que j’aimerais qu’il y ait une règle. Il y a toujours quelqu’un qui en pâtit à un moment ou à un autre. Bien sûr, ceux qui le disent le plus sont ceux qui n’ont pas encore fait d’erreur."

Ricciardo et Ocon en faveur de pénalités

Le coéquipier de Norris, Daniel Ricciardo, fait partie des pilotes qui militent pour punir ceux qui font une erreur. Il note qu’il faudrait surtout le faire lorsque le pilote ayant causé la neutralisation n’a pas eu d’accident sérieux : "C’est difficile parce que chaque incident est différent."

"Mais à moins que vous n’ayez détruit votre voiture, s’il s’agit juste d’un petit blocage ou d’une sortie dans une échappatoire, si vous avez causé une neutralisation, il faudrait peut-être être pénalisé. Peut-être qu’un temps supprimé pourrait être une bonne façon de voir les choses."

Ricciardo semble ne pas croire à une erreur involontaire d’Alonso, comme il le sous-entend en plaisantant : "Sa conviction est impressionnante ! Je pense que c’est l’expérience. C’est pour ça que je l’aime. Mais je veux dire, Alex en a clairement parlé hier."

"Nous jouons tous des tours, et je sais que Lewis [Hamilton] a essayé de ne pas nous donner le DRS, avec Lando. C’est juste un peu de tactique et de stratégie. Mais il y a aussi l’autre façon de faire, c’est ce que Fernando a fait. Peut-être que les tours supprimés pourraient être la voie à suivre, nous verrons."

Esteban Ocon soutient aussi lui l’idée de pénaliser les pilotes ruinant les tentatives de leurs rivaux, surtout sur les circuits en ville, après en avoir été victime à plusieurs reprises : "Je pense que oui, parce qu’à Monaco et à Bakou, j’ai été pénalisé par cela lors des qualifications."

"Et, oui, probablement que les pilotes feraient plus attention s’ils étaient pénalisés, et il serait moins facile de prendre un risque et d’aller vers une échappatoire. Je serais totalement en faveur d’un changement pour les circuits urbains."

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