Guerre douanière de Trump : quelles conséquences pour la F1 ?
Vowles essaie de faire le point pour Williams F1

À quel point l’offensive protectionniste de Trump, toujours aussi erratique et difficile à comprendre, peut-elle avoir des répercussions très négatives sur la F1 ?
Pour rappel, le président des États-Unis a imposé des tarifs douaniers plus élevés à 57 pays le 2 avril – allant de 11 % à 50 % – avant de les suspendre pour toutes les nations sauf la Chine pendant au moins 90 jours, après une bouffée d’inquiétude des marchés, notamment obligataires.
Par essence la F1 est un sport mondial… et qui se développe de plus en plus aux États-Unis. Mais ces « tarifs », ce plus beau mot du monde selon le Président américain, peuvent-ils remettre en question le développement du sport aux États-Unis ?
Les effets de choc sur l’économie mondiale (avec par exemple la baisse du dollar) vont forcément aussi impacter négativement la F1, mais là encore, difficile de savoir à quel point.
« Pour le moment, nous ne faisons pas de trading de devises ! Honnêtement, pour nous, jusqu’à présent, pas de grand impact » souligne le PDG de Racing Bulls, Peter Bayer.
« Nous avons des sponsors basés aux États-Unis qui analysent la situation attentivement, mais nous ne nous attendons pas à des effets majeurs pour l’instant, aussi parce que je pense qu’il y a une énorme incertitude sur ce qui va réellement se passer avec ces taxes, si elles vont arriver, dans quelle mesure, et où. Je pense que tout le monde est probablement en mode attente, mais pour le moment, pas d’effet majeur. »
Ferrari vend beaucoup de voitures aussi aux USA, mais fait partie des constructeurs qui pourront augmenter sans trop s’en soucier des prix…
« Comme Peter – bien sûr, nous avons aussi des sponsors américains, mais aussi beaucoup de fournisseurs américains, achetant parfois des matières premières en Chine. Et bien sûr, cela crée une sorte d’incertitude pour l’avenir » commente cependant Frédéric Vasseur.
« Mais nous avons des discussions ouvertes avec eux et essayons d’anticiper chaque problème. Mais c’est vrai – cela peut être délicat. »
Baisse du dollars, exportations : quelles conséquences pour la F1 ?
Le patron de Williams, James Vowles, a lui expliqué plus en détail les conséquences des tarifs douaniers.
Le Britannique précise que la diversification des ressources d’une équipes, comme de leurs devises de paiement, réduit l’exposition au risque.
« Fondamentalement, pour une équipe, une grande partie de vos revenus provient d’abord des sponsors ou de nos partenaires. Le dollar est toujours bas. Vous essayez de vous couvrir un peu. »
« Ainsi, certains pilotes sont payés en dollars, d’autres en euros, par exemple. Une partie de vos revenus partenaires est en dollars, une autre en euros ou en livres sterling. Vous pouvez donc vous couvrir en structurant vos contrats différemment. Je ne suis pas sûr de ce que font les autres équipes. C’est juste une manière intelligente de faire les choses ici. »
Les équipes sont surtout payées en dollars par la F1 (avec surtout les droits TV payés par la FOM). Or le dollar baisse, tandis que les salaires des équipes, au Royaume-Uni, sont réglés en livres : n’est-ce pas une source de migraines à venir pour James Vowles ? Ou bien sont-ce surtout les budgets plafonnés qui sont la limitation de l’équipe ?
« Probablement pour nous, l’une de vos plus grandes sources de revenus est votre revenu venant de la FOM, et celui-ci est en dollars et est fixé en dollars. Alors, est-ce que cela a eu un impact par rapport à notre situation actuelle ? Oui - mais c’est le genre de chose sur laquelle je ne m’attarde pas particulièrement. »
Du reste, les propriétaires de Williams F1, Dorilton Capital, sont américains : là encore, n’est-ce pas une sourde de fragilité ?
« Je pense que l’un des avantages de Williams est que nous sommes véritablement indépendants, et notre société holding Dorilton est véritablement internationale en termes de flux de revenus provenant du monde entier. Elle ne dépend pas d’une structure financière particulière, ce qui nous est très utile. »
« Donc pour nous, en ce moment, nous avons eu une discussion en interne et il n’y a pas d’impact majeur ni sur les tarifs douaniers ni sur ce qui se passe avec le dollar actuellement. Ce sont de petits chiffres. Ça n’aide pas, mais ce sont de petits chiffres. »
« Les grands constructeurs, ils sont touchés en ce moment parce qu’il y a des turbulences, en termes de qui achète les produits, où ils les achètent, et quels sont les coûts pour eux de les acheter dans le monde. »
« Je ne sais pas ce que l’avenir réserve à ce sujet, mais je ne peux parler que pour nous-mêmes, c’est-à-dire que, oui, c’est pénible, mais cela n’a pas affecté de manière dramatique notre fonctionnement quotidien. Cela n’a pas changé notre budget. Cela n’a pas changé nos prévisions pour les trois prochaines années ni nos investissements pour les trois prochaines années. »
Les États-Unis, et c’est heureux, ne fournissent pas beaucoup de matériel aux équipes de F1. La donne pourrait cependant être différente pour Haas F1 et Cadillac.
« La quantité de matériel fournie depuis les États-Unis n’est pas aussi importante qu’on pourrait le penser » confirme James Vowles. « Les matières premières proviennent du monde entier, mais on se couvre délibérément à cet égard. Je pense que le COVID nous a appris une chose, c’est de s’assurer d’avoir des fournisseurs basés partout en conséquence, car on ne sait jamais ce qui peut arriver à cet égard. »
« Vous stockez autant que vous le pouvez, mais finalement, [le matériel] ne peut rester au congélateur que pendant une certaine période de toute façon. Mais ces stocks sont déjà pratiquement au maximum que nous serions à l’aise de faire, car le plafond budgétaire nous interdit d’acheter six ans de matériel. »
« Il faut faire attention à ce que l’on fait dans un monde sous plafond budgétaire, pour ne pas surindexer une année par rapport à l’avenir. Donc non, nous avons assez pour continuer. »
James Vowles se bat contre le court-termisme chez Williams F1
La situation économique mondiale n’est donc pas encore de nature à perturber le redressement de Williams F1 ; mais celui-ci, conclut James Vowles, prendra du temps après deux décennies de sous-investissements.
« Soyons tout à fait francs, nous sommes dans le pétrin parce que nous avons été court-termistes tout au long des 20 dernières années. En partie pour des raisons financières, en partie à cause d’autres éléments. Mais on ne peut pas être [court-termiste] dans ce sport. Il faut de l’investissement. »
« Et pour être clair, l’investissement se projette sur environ cinq ans pour se mettre dans la bonne position de leader. »
« Ce n’était pas difficile du tout parce qu’une partie de la raison pour laquelle j’ai rejoint Williams F1 est que nous avons eu une discussion très franche dès le début sur le fait que cela prendrait ce temps, que cela nécessiterait cet investissement, et que nous ne pouvions pas être guidés par le court-termisme. Et cela a été complètement aligné et convenu dès le départ. »

F1 - FOM - Liberty Media
- Les F1 2026 seront ’moins capricieuses’ avec le retour d’un ’fond plat’
- 12e équipe en F1 : Szafnauer promet un nouveau motoriste et beaucoup d’argent !
- Vers une course de F1 en Lego plus rapides à chaque Grand Prix ?
- Audiences, sponsors : la F1 enchaîne les records
- La F1 dévoile la bande annonce finale de son film avant sa sortie
Williams F1
- Vowles se félicite de voir que Williams F1 ’joue le podium au mérite’
- Albon a pensé qu’un podium était jouable pour Williams F1 à Imola
- Sainz heureux d’être chez Williams F1 plutôt que Ferrari !
- Sainz est ’satisfait’ d’être sixième, Albon est ’déçu’ d’être septième
- Williams F1 : Albon et Sainz se placent dans le top 10 des Libres à Imola