Les tops, les flops et les interrogations après le Grand Prix d’Arabie saoudite

La F1 grande gagnante, interrogations sur Hamilton

Par Alexandre C.

29 mars 2022 - 18:32
Les tops, les flops et les interrogation

Après chaque Grand Prix, Nextgen-Auto.com vous propose de retrouver les tops et les flops identifiés par la rédaction. Qui mérite d’être applaudi ? Qui, au contraire, doit être critiqué ? Enfin, quels sont les points d’interrogation ou ambiguïtés, qui devront être suivis avec intérêt lors des prochains Grands Prix ? Découvrez-le ci-dessous !

Les Tops.

Top n°1 : Nouveau duel au sommet entre Verstappen et Leclerc, la F1 grande gagnante

Dans la bataille à la victoire, le spectacle aura été de nouveau au rendez-vous ce week-end à Djeddah, et, comme la semaine précédente à Bahreïn, cette lutte pour les 25 points a opposé Max Verstappen et Charles Leclerc. D’une part, ce Grand Prix a ainsi continué de souligner le talent des deux pilotes, qui se sont livrés un formidable duel stratégique et tactique, en particulier sur l’usage ou le mésusage des zones DRS. Jeu du chat et de la souris soulignant l’absurdité des zones DRS, diront certains, véritable jeu d’échec moderne, diront d’autres, quoi qu’il en soit, le duel fut intense, serré, pour le plus grand plaisir des fans. On appréciera surtout le respect (pour le moment ?) entre les deux hommes, Max Verstappen faisant par exemple l’éloge de l’intelligence du filou et félin Charles Leclerc…

Mais le véritable grand gagnant du week-end, au-delà de Max Verstappen lui-même, ce fut peut-être la F1. Car ce nouveau règlement aérodynamique de 2022 tient pour le moment ses promesses : bien sûr parce qu’il y a de faibles écarts en tête (une demi-seconde d’écart seulement à l’arrivée entre Charles Leclerc et Max Verstappen, soit l’écart le plus faible depuis Monza 2020), comme dans le milieu de grille ; mais aussi parce que ce règlement atteint son but premier, à savoir favoriser les batailles en piste et permettre aux voitures de se suivre de près. « Les pilotes ont tenu les promesses du règlement. Nous avons vu deux courses spectaculaires, des manœuvres de dépassement, des grilles de départ mélangées et un milieu de peloton extrêmement serré » résume ainsi Toto Wolff.

Le mérite en revient donc aux concepteurs de ce règlement, à Pat Symonds notamment. Mais aussi à Pirelli qui, malgré des essais réduits et des voitures-mulets aux essais 2021, a réussi à concevoir des 18 pouces qui réduisent la surchauffe en piste, autorisant une attaque parfois maximale. Bref, ce nouveau règlement commence sous les meilleurs auspices et la bonne nouvelle, c’est qu’il est là jusqu’en 2026 !

Top n°2 : Sergio ’Ayrton’ Pérez

Le héros du samedi n’était pas celui du dimanche - une fois n’est pas coutume, Sergio Pérez a davantage brillé en qualifications comme en course. Le samedi soir en effet, le Mexicain avait signé le tour de sa vie battant non seulement les deux Ferrari mais encore Max Verstappen (pour 2 dixièmes, la deuxième fois chez Red Bull que Sergio Pérez parvient à battre Max Verstappen après Imola 2020). Une pole en 215 Grands Prix : l’exploit de Sergio Pérez samedi aura été aussi rare qu’extraordinaire. « Je peux faire 1000 tours et je ne pense pas pouvoir améliorer ce temps au tour » confiait ainsi le pilote Red Bull.

Si Sergio Pérez a donc fini au pied du podium, il ne peut pas se le reprocher : il avait mené tous les premiers tours en tête (14 boucles, soit plus que son total de 13 tours menés sur toute la saison dernière), mais a été victime d’un timing malchanceux avec l’entrée en piste de la voiture de sécurité au pire moment pour lui, juste après son arrêt (précipité par la stratégie de Ferrari, dont il faut souligner l’efficacité). Reste que cette 4e place est sans doute la course la plus encourageante de Sergio Pérez depuis un très long moment chez Red Bull : et s’il était plus qu’un wingman cette année ?

Top n°3 : Ocon et Norris sauvent les meubles pour leurs équipes

6e place pour Ocon, 7e pour Norris, les deux hommes se sont livrés un duel serré, jusqu’à la photo-finish, pour savoir qui sauverait le plus les meubles pour son équipe. Contrairement à l’an dernier, Ocon n’a pas perdu, mais gagné une place à l’arrivée à Djeddah, grâce à la puissance de son moteur Alpine. Le Français s’est vu ainsi être récompensé, non tellement pour une course brillante (il n’avait pas le rythme de course de Fernando Alonso semble-t-il), mais pour des qualifications très incisives, avec un 5e temps devant la Mercedes de George Russell. Attention toutefois à ce que l’ambiance ne dégénère pas chez Alpine en cas d’accrochage fratricide, frôlé à plusieurs reprises en course.

Quant à Lando Norris, il peut se satisfaire d’une 7e place obtenue dans une McLaren qui ne valait sans doute pas cette performance, malgré des progrès affichés dès les qualifications (11e place en Q2). Le Britannique a été aidé par la stratégie efficace de son équipe, qui s’est bien repris après son fiasco opérationnel du dernier Grand Prix (longs relais inutiles en durs, arrêts aux stands très longs). La lumière s’allume-t-elle déjà au bout du tunnel McLaren ? Il est un peu tôt pour le savoir car Lando Norris avait été, avant ce Grand Prix, très négatif sur cette voiture orange qui manquait d’appui partout…

Les flops

Flop n°1 : Nicholas Latifi, trop c’est trop ?

Rien qu’au terme de deux Grands Prix, le bilan commence à être terriblement noir pour Nicholas Latifi. Censé prendre les rênes de l’équipe Williams après le départ de George Russell, le Canadien s’est fait doucher dès sa première Q1 (presque à une seconde d’Albon) à Bahreïn. A Djeddah, ce fut pire encore : deux crashs de suite, en qualifications et en course, n’ont rien arrangé à sa réputation de pilote payant. Difficile de le défendre en effet…

Difficile aussi de lui donner raison quand il explique son crash du dimanche par une voiture « très imprévisible. » Certes, mais la voiture est la même pour Albon qui n’a eu à déplorer aucun crash ; en résumé ce n’est pas la Williams qui est imprévisible, c’est son pilote canadien… Reste à voir jusqu’à quand il sera possible pour Williams de continuer à payer les crashs d’un pilote payant.

Flop n°2 : La fiabilité ‘pourrit tout’ chez AlphaTauri

Si la performance fait défaut chez Williams et Nicholas Latifi, c’est plutôt la fiabilité qui pêche chez AlphaTauri. Après l’abandon coûteux de Pierre Gasly à Bahreïn, le chat noir de Faenza a changé de côté de garage pour aller ronronner chez Yuki Tsunoda. Le Japonais a vu ses essais libres écourtés par un problème technique ; puis il n’a pas pu prendre part aux qualifications ; ni même au départ de la course. Et la cause des défaillances n’est pas unique : batterie pour Gasly, puis transmission et pression d’huile pour Yuki Tsunoda. Il commence à y avoir urgence…

Après le week-end, on pouvait donc sentir l’impatience, la frustration, bien compréhensibles il est vrai de Yuki Tsunoda : « Je ne sais pas encore, j’ai juste eu un problème. Il y a trop de problèmes de toute façon. Cela a commencé lors de la première course, en EL2, et ça n’a pas arrêté depuis. On ne peut pas continuer comme ça ! Grâce à notre performance, on peut se battre pour le top 6, dans le peloton, on avait de bonnes performances ce week-end et c’est dommage que l’on ait pas pu rouler. La fiabilité pourrit tout. »

Flop n°3 : Lewis Hamilton, perdu pour perdu…

Lewis Hamilton était-il démotivé tout ce week-end à Djeddah ? Démotivé par le contexte extrasportif régnant autour de ce Grand Prix, avec les incertitudes sur la sécurité du paddock, de la piste ? Démotivé à l’idée de courir dans un pays à l’extrême opposé de ses valeurs ? Démotivé par la faible compétitivité d’une Mercedes qui est à peine au niveau d’une Haas ? « J’ai hâte de rentrer à la maison » confiait ainsi le Britannique au micro de Canal, dès samedi… 16e seulement de la Q1, le pilote Mercedes a subi sa pire déconvenue en qualifications à la régulière depuis le Brésil 2009.

Au-delà de la motivation, une explication plus prosaïque est à apporter sur la contre-performance de Lewis ce week-end : il s’est tout simplement perdu dans ses réglages qualifications (au niveau du train arrière surtout), et a subi la malchance en course avec un mauvais timing d’entrée de la voiture de sécurité virtuelle pour lui. Distancé d’ores et déjà par Charles Leclerc au classement (29 points), comme par son coéquipier, Lewis Hamilton doit vite se reprendre car le temps presse déjà pour lui comme pour Mercedes. Lewis avait promis qu’on verrait le meilleur de lui-même cette année, il est temps de le montrer.

On demande à voir…

Le DRS, trop puissant ou trop indispensable ?

Le DRS a pu augmenter presque de moitié le nombre de dépassements depuis son introduction, mais un débat se fait au jour dans le paddock : n’est-il pas devenu trop puissant ? Il existe en réalité un dilemme à ce sujet. D’un côté, le DRS demeure indispensable pour dépasser. Encore plus cette année avec la réduction de l’effet de l’aspiration. Max Verstappen l’a d’ailleurs confié, sans DRS, c’est Charles Leclerc qui aurait gagné le Grand Prix en Arabie saoudite. Mais d’un autre côté, ce DRS est aussi très, trop puissant, créant un différentiel de vitesse parfois abyssal qui enlève toute excitation aux dépassements, les rendant trop artificiels in fine.

Dès lors la proposition de Carlos Sainz paraît plausible : pourquoi ne pas conserver le DRS, tout en réduisant son efficacité ? « Je suis d’accord, je pense que sans le DRS, les dépassements seraient réduits de manière significative » expliquait ainsi le pilote Ferrari. « Ce que nous devrions peut-être considérer, c’est que le delta de vitesse qu’il y a avec le DRS est peut-être un peu trop important [de sorte que] parfois le dépassement est fait avant le freinage. Et vous préférez que les deux voitures se battent au freinage plutôt que de se dépasser comme sur l’autoroute. Or, c’est parfois ce qui peut se produire. Donc peut-être que nous devons examiner cette question, mais nous avons définitivement besoin du DRS aujourd’hui »

F1 - FOM - Liberty Media

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