Injuste et dangereux ? Bearman critique la FIA sur les gilets refroidissants
Une règle rigide et dangereuse en Arabie saoudite ?

Les gilets refroidissants enflamment le débat dans le paddock F1...
Le pilote Haas, Ollie Bearman, a tapé du poing sur la table et adressé un message clair à la FIA. Il demande de revoir sérieusement sa réglementation concernant les nouveaux gilets refroidissants, et ce, dès cette année.
Le paddock se souvient encore du calvaire du Grand Prix du Qatar 2023, où la chaleur avait mis les pilotes K.O. Face à ce fléau la FIA avait développé des gilets thermiques. L’idée de départ était simple : les rendre obligatoires lors des courses où le thermomètre explose, soit dans les courses classées "à risque thermique".
Lors des essais hivernaux, l’enthousiasme des pilotes était mitigé après le premier test de ces gilets, considérés comme lourds et compliqués à porter. Dès lors, la F1 a rétropédalé : les gilets sont devenus optionnels même en cas de chaleur extrême. Mais pour que tout le monde soit sur un pied d’égalité, un malus de 5 kg est infligé à ceux qui choisissent de s’en passer lors de ces fameuses courses à haut risque thermique.
Pourquoi ce recul ? Car les gilets ont été une douche froide pour les pilotes.
Esteban Ocon, le coéquipier de Bearman, avait été cash lors des tests à Bahreïn : "inutilisables", ces gilets ! Le problème ? Un véritable nœud de tuyaux impossible à loger correctement dans le minuscule habitacle d’une F1.
Pourtant, malgré les critiques, l’innovation n’est pas restée au placard. George Russell a joué les pionniers en étant le premier à tester le gilet en conditions de course, dès le Grand Prix de Bahreïn.
Mais il a été l’exception qui confirme la règle.
Pour autant, la FIA a entendu les critiques notamment d’Ocon et a modifié le design des gilets.
Leur nouvelle version est bien meilleure désormais, à entendre le coéquipier d’Ocon chez Haas, Bearman.
« Ils ont légèrement modifié le design. La sortie a maintenant été déplacée un peu plus vers le milieu de votre corps et vous pouvez donc réellement vous installer dans le siège. Avant, avec le design original, vous ne pouviez pas réellement monter dans la voiture avec » a expliqué Oliver Bearman.
« Le design original ne fonctionnait pour personne. Maintenant, ça fonctionne plutôt bien. »
Aux essais libres en Arabie saoudite, le jeune pilote Haas F1 a essayé le système et il a été plutôt convaincu.
« Ça semblait vraiment très bien. Je suis vraiment content de ce qu’ils ont pu faire pour le déployer. Et en fait, que ça ait été réussi et assez utile. »
« On le sent un peu. Surtout dans le dos, parce qu’on est plaqué contre le siège. Mais honnêtement, l’avantage d’avoir de l’eau fraîche, même si ça ne fonctionne que pendant 10-15-20 tours de la course, je pense que ça change la donne. »
Cependant, a déploré Bearman, Haas n’a pas pu se permettre d’utiliser le gilet lors des séances qui comptaient vraiment à Djeddah - car la course n’avait pas été déclarée comme présentant un risque thermique, ce qui nécessite l’anticipation d’une température ambiante de 30,5°C. Pourtant ce seuil était presque atteint et l’humidité était surtout élevée…
Sans la dérogation de la FIA, Haas ne pouvait pas se permettre de faire courir ses pilotes avec le gilet refroidissant – ce serait alourdir la voiture de 5 kg, un poids énorme !
Bearman a souligné que les pilotes Williams et Mercedes ont utilisé tout de même ce gilet, car ils auraient eu une certaine marge de manœuvre en jouant avec le lest.
Mais pas Haas F1 et Bearman, ce que le Britannique regrette.
« C’est lourd, tout le système de refroidissement est lourd. Nous essayons de tirer le maximum de performance de la voiture, nous n’essayons pas de rendre la voiture plus légère pour utiliser un gilet refroidissant ».
« Malheureusement, nous devrons souffrir un peu jusqu’à ce qu’ils changent quelque chose, espérons-le, pour nous permettre de l’utiliser un peu plus librement. »
« Si la FIA ne va jamais déclarer qu’il fait assez chaud pour courir avec le gilet, alors seule la moitié des équipes en bénéficie, ce qui semble un peu injuste, alors on verra. »
Bearman était "assez déshydraté pendant quelques jours" après l’Arabie saoudite et tape donc du poing sur la table : la FIA avec ses règles rigides, joue avec la santé des pilotes !
« C’est une course tellement chaude - et ce que vous ne voyez pas, c’est l’humidité. La chaleur, il fait peut-être 27-28-29 degrés, mais avec 60-70 pour cent d’humidité, avec toutes ces couches, il fait vraiment très chaud. »
« Et avoir de l’eau fraîche, ça change la vie. Ça m’a vraiment aidé en essais libres. »
Russell appelle la FIA à réfléchir à faire évoluer la règle
Directeur du GPDA, George Russell a lui une voix qui compte sur ces sujets.
Le pilote Mercedes F1 a donc pu courir avec le gilet en Arabie saoudite, mais n’aurait-il pas aimé que tous ses collègues aient cette possibilité ?
« Je veux dire, je me sens chanceux d’avoir eu la chance de courir avec le gilet refroidissant. Ce n’est pas encore parfait mais c’est définitivement une amélioration, je trouve. »
« Vous savez, chaque voiture est aussi différente, je pense que chaque cockpit fonctionne à des températures différentes. Nous avons vu notre cockpit atteindre 60 degrés auparavant, et je pense que le seuil de risque thermique est de 30-31, en fait 30,5 degrés ? »
« Mais quand on combine cela avec la lumière du soleil et la température du cockpit - c’est comme un sauna dans une voiture de course. »
La FIA ne devrait-elle pas abaisser le seuil de température rendant obligatoire le gilet ?
« Je ne sais pas, nous n’en avons pas parlé collectivement, tout le monde n’est pas favorable à son utilisation - ce qui est bien aussi. Quelqu’un a fait remarquer récemment, les joueurs de football par une journée très froide, certains portent des gants, d’autres ont des maillots à manches courtes. Et ça devrait être le choix du pilote. »
« Et peut-être que ce seuil de risque thermique devrait être légèrement réduit. Parce que nous ne l’avons pas encore dépassé, et il y a eu des courses chaudes - l’Arabie était chaude, Bahreïn était chaude. Donc peut-être qu’il pourrait être ajusté de quelques degrés. »
Charles Leclerc a lui conclu en soulignant un problème de taille.
« Je l’ai essayé une fois, et c’était vraiment utile. On se rafraîchit vraiment, ce qui fait toute la différence. Mais nous faisons partie des équipes qui n’utiliseront pas le port des gilets rafraîchissants, sauf si cela est déclaré obligatoire. »
« En effet, si le système cesse de fonctionner correctement en milieu de course, le liquide chauffe. Je ne suis même pas sûr que je l’utiliserais si je le pouvais. »

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