Les tops, les flops et les interrogations après le Grand Prix d’Italie
La surprise de Vries, le camouflet Latifi
Après chaque Grand Prix, Nextgen-Auto.com vous propose de retrouver les tops et les flops identifiés par la rédaction. Qui mérite d’être applaudi ? Qui, au contraire, doit être critiqué ? Enfin, quels sont les points d’interrogation ou ambiguïtés, qui devront être suivis avec intérêt lors des prochains Grands Prix ? Découvrez-le ci-dessous !
Les Tops.
Top n°1 : Max Verstappen l’inarrêtable, l’imbattable
« Cette Red Bull est imbattable. » Le sentiment général du paddock a été le mieux résumé par Lewis Hamilton après le Grand Prix d’Italie. Imbattable en effet cette Red Bull : peut-être pas en qualifications, où Charles Leclerc dispute avec succès la suprématie de Milton Keynes (8 poles cette année déjà, record pour un pilote Ferrari depuis… Michael Schumacher en 2004). Mais imbattable en rythme de course : certainement. Les statistiques témoignent aussi en faveur de Max Verstappen : 5e victoire consécutive, 11e de l’année (le record de 13 en une saison, co-détenu par Sebastian Vettel et Michael Schumacher, n’est plus loin)… Quelle que soit sa position de départ aussi (7 victoires depuis un emplacement différent de la grille en 2022), Max Verstappen l’emporte aussi : il est parti depuis la 10e position en Hongrie, 14e en Belgique, 7e cette fois à Monza. Et le résultat est chaque fois le même : 1er.
Que voulez-vous faire ? Jouer sur la stratégie ? Ferrari a bien essayé en arrêtant Charles Leclerc sur la voiture de sécurité virtuelle. Ce n’était pas une erreur, tout au plus un risque ou un pari. Car la Scuderia avait bien vu qu’à la régulière, Max Verstappen allait l’emporter avec son rythme de course supérieur. Il y parvenait avec une vitesse de pointe qui restait très honorable, malgré des réglages privilégiant l’appui aérodynamique ; et grâce à ces réglages justement, le Néerlandais tenait bien mieux ses gommes que la Ferrari, qui de nouveau les dégradait trop. Le comble de l’écœurement fut atteint quand il devint visible que même en tendres neufs, Charles Leclerc ne reprenait que très peu de temps à Max Verstappen en mediums usés. Bref, imbattable.
Top n°2 : Nyck de Vries, l’invité surprise
Remarquable week-end, rocambolesque et peut-être salvateur pour sa carrière, qu’a effectué Nyck de Vries à Monza. Le vendredi en EL1, il était dans l’Aston Martin F1, pour une session prévue depuis longtemps dans la voiture de Sebastian Vettel. Le samedi matin, il était… devant les caméras de F1 TV, s’apprêtant à officier comme consultant. Puis, en raison de l’appendicite d’Alexander Albon, Williams l’a appelé en catastrophe pour grimper dans la monoplace bleue.
Nyck de Vries n’avait donc que les EL3 pour s’accoutumer pour de bon à la Williams – et encore, il ratait les quinze premières minutes de la séance, l’appel ayant été vraiment trop tardif. Pour autant, il fit preuve de sa remarquable capacité d’adaptation en se mettant dans le bain tout de suite. Et en y noyant Latifi ! En qualifications, ce que chacun avait prédit, voulu ou craint, selon ses préférences, se produisit : Nyck de Vries s’offrit son coéquipier, le titulaire pourtant, Nicholas Latifi. En Q2 certes, le Néerlandais commit une petite erreur (il appuya sur un bouton, changeant la balance des freins et bloquant son pneu), mais personne ne le blâmait pour cette bévue bien compréhensible – il fut le premier à s’en excuser à la radio.
En course, Nyck de Vries ne commit aucune erreur visible, tenant sa place dans le peloton et menaçant même l’AlphaTauri de Pierre Gasly. Jouant sur la forte vitesse de pointe de sa Williams, une arme à Monza, et préservant fort bien ses gommes médiums, il réussit ainsi à s’accrocher dans le top 10. La voiture de sécurité finale fut comme une délivrance, tant les mediums de la Williams étaient usés, et tant Nyck de Vries avait les épaules en lambeaux, de son propre aveu, au terme de cette épreuve physique ! Cette 9e place apparaît comme une preuve de plus que Nyck de Vries a certainement le niveau de la F1, plus que Nicholas Latifi en tout cas ; certes Alexander Albon aurait peut-être fait encore mieux dans la Williams, mais une telle performance de dernière minute est remarquable. Nyck de Vries confirme qu’il est un pilote fiable et adaptable à toute situation, à toute voiture : son expérience éclectique (24 Heures du Mans, Formule E, F2…) l’explique pour beaucoup. Dans une Williams l’an prochain ? Et pourquoi pas ?
Top n°3 : McLaren retrouve quelques couleurs à Monza
Avant le Grand Prix d’Italie, McLaren était certes à des années-lumière d’espérer un nouveau doublé à Monza, comme l’an dernier. Néanmoins, ce week-end en Lombardie fut le plus productif depuis quelques courses pour l’équipe orange. En qualifications, McLaren retrouvait son statut de 4e force, avec une certaine aisance. L’écart entre Lando Norris et Pierre Gasly était ainsi d’une seconde en qualifications. Et de 4 dixièmes sur Daniel Ricciardo, qui réussit à se glisser derrière son coéquipier, certes avec un écart brut encore important entre les deux voitures. Jamais on avait du des Orange partir aussi haut sur la grille (3e et 4e place après pénalités).
Au moins l’Australien, grâce à un départ réussi, retrouvait de bons souvenirs en tout début de course : si le Grand Prix n’avait duré qu’un tour, plaisantait-il, il aurait de nouveau goûté aux joies du podium de Monza ! Daniel Ricciardo aurait dû finir 8e, mais il fut mal récompensé en raison d’une défaillance de sa voiture. Ce Grand Prix fut certes plus rassurant pour lui, mais celui sur ce même circuit l’an dernier le fut aussi, n’en concluons donc rien… Pendant ce temps, Lando Norris put s’imposer sans mal comme le meilleur des autres, grappillant quelques points sur Alpine. Mais avec une meilleure fiabilité, McLaren aurait pu davantage capitaliser.
Les flops
Flop n°1 : L’avenir de Nicholas Latifi en F1 relève désormais de l’évidence
C’est une sombre humiliation, il n’y a pas d’autre mot, qu’a vécue Nicholas Latifi à Monza. Le Canadien a été battu, en qualifications comme en course, par un non-titulaire. Alors qu’il aurait dû être le meneur, le point de référence de l’équipe, Latifi a continué sur sa pente descendante, et inquiétante. En qualifications, en Q1, il se manquait sur son dernier tour, se demandant bien pourquoi la Williams n’avait pas tourné… avant de reconnaître qu’il avait bloqué les freins. Une attitude qui contraste avec celle de Nyck de Vries, qui reconnut immédiatement son erreur (avoir appuyé sur un mauvais bouton sur la balance des freins) en Q2.
En course, partant de si loin, et avec un rythme si faiblard, Nicholas Latifi ne put rien faire pour sortir de l’anonymat et des trains DRS. Ce qu’on veut ici souligner, c’est son attitude après-course. Dans ses déclarations, Nicholas Latifi mettait en cause le comportement de sa Williams, renvoyant la responsabilité sur la FW44 : « Je ne sais pas quel était mon rythme dans l’air propre, mais je dois dire qu’avec la voiture, il fallait tenter de maintenir la position et de se défendre. Mais si l’on voulait remonter, notre voiture n’est pas une voiture avec laquelle on peut courir. Elle est rapide en ligne droite mais on ne peut pas freiner ni garder de la vitesse dans les virages. C’est bien de se battre avec quelques voitures, mais on manquait drastiquement d’appui, donc ce n’était pas simple. »
Enfin, Nicholas Latifi a séché la photo de célébration de la 9e place de Nyck de Vries avec toute l’équipe, comme la plupart de ses obligations d’après Grand Prix. Bref, ça sent la fin de l’aventure en F1. Au vu de ce week-end, c’est pourtant la seule fin logique.
Flop n°2 : Rare 0 pointé pour Alpine
Compte tenu de la performance des Alpine à Spa, circuit rapide également, les Bleus fondaient légitimement de bons espoirs sur Monza. Cependant Spa n’est pas tout à fait Monza. Notamment parce qu’à Monza, il y a moins de compromis aérodynamiques sur lesquels jouer ; alors qu’en Belgique, une partie du plateau court avec des réglages aérodynamiques plus élevés, pour maximiser la vitesse de passage en deuxième secteur (en virage).
Alpine put ainsi rapidement constater que la performance attendue à Monza, n’était pas au rendez-vous. Fernando Alonso se qualifiait péniblement en Q3 tandis qu’Esteban Ocon n’y parvenait pas. En course, la fiabilité erratique fit également son grand retour, piégeant Fernando Alonso (pression d’eau). Ocon, quant à lui, était piégé dans un train DRS, piégé même derrière une Williams, celle de Nyck de Vries, et une Alfa Romeo, celle de Guanyu Zhou : pas à sa place, mais impossible d’en sortir.
Alpine récolte donc son deuxième résultat blanc de l’année, le deuxième aussi en Italie (après Imola). Fernando Alonso met quant à lui fin à une série de 10 Grands Prix d’affilée dans le top 10. Rien n’a marché ce week-end, mais ce n’est pas gravissime : la monoplace reste performante et McLaren n’a marqué que 6 points. Avanti pour El Plan, donc.
Flop n°3 : Les erreurs ‘pas intelligentes’ de Yuki Tsunoda
Yuki Tsunoda n’est toujours pas confirmé l’an prochain chez AlphaTauri, et il semblerait que ses erreurs à répétition n’y soient pas pour rien. Le Japonais s’est de nouveau distingué ce week-end, en ne respectant pas des drapeaux jaunes en EL2 : il a ainsi écopé d’une pénalité de trois places sur la grille… en plus de sa pénalité de dix places, obtenue pour avoir récolté 5 réprimandes d’ores et déjà. Il est le premier pilote depuis Mark Webber en 2013 à être pénalisé sur la grille pour accumulation de réprimandes (et encore, à l’époque, il ne fallait en avoir que trois !).
Yuki Tsunoda a lui-même reconnu des erreurs stupides ; surtout, ses patrons Helmut Marko et Franz Tost l’ont taclé, ce dernier évoquant des erreurs « pas intelligentes. » Si le Japonais montre toujours une pointe de vitesse rapide, contestant de plus en plus la suprématie à Pierre Gasly en qualifications, il apparaît encore trop fragile sur le plan des émotions ou de la concentration. Sa chance, c’est que la filière Red Bull est très peu fournie et que si Herta arrive, ce ne sera que pour remplacer Pierre Gasly. Mais attention car un Grand Prix de suspension (Yuki Tsunoda n’est plus qu’à 4 points sur son permis d’une sanction pareille) ferait immensément désordre pour Yuki.
On demande à voir…
Fin de course sous voiture de sécurité : l’éternel recommencement ?
Il est légitime d’imaginer que les tifosi aient pu être déçus, sur l’Autodromo de Monza, par la fin de course un peu en queue de poisson, derrière la voiture de sécurité, dimanche dernier. Cependant, contrairement à ce qui s’était passé à Abu Dhabi l’an dernier, le règlement a cette fois été respecté : les conditions n’étaient pas réunies pour faire redémarrer la course et laisser passer toutes les voitures (une grue étant encore sur le circuit). La durée d’intervention des commissaires pour dégager la McLaren de Daniel Ricciardo peut certes être contestée, mais il faut aussi savoir que la McLaren était bloquée sur une vitesse enclenchée.
Cet épisode a relancé le débat dans le paddock : que faire pour éviter une fin de course sous voiture de sécurité ? A noter qu’au Brésil en 2012, dans une course ô combien à suspense, le Grand Prix s’était aussi terminé derrière une voiture de sécurité sans que cela ne déclenche mille protestations.
Lewis Hamilton a lancé une idée : si la course est à 5 tours de sa fin, il faudrait remplacer une voiture de sécurité par un drapeau rouge. Mais son patron Toto Wolff a aussi souligné que ce n’était pas si simple : le drapeau rouge ne peut être brandi que dans certaines conditions spécifiques de danger, « si quelqu’un est dans le mur et si la piste est bloquée. On met un drapeau rouge parce qu’on ne peut plus passer. » Brandir un drapeau rouge serait assumer de faire passer un impératif de spectacle avant, ou au même niveau, que la sécurité.
Mais après tout, n’est-ce pas aussi un impératif à rendre en compte, plus pour la FOM que pour la FIA ? Stefano Domenicali rappelait ainsi récemment que la F1 était autant un sport qu’un spectacle… Dans tous les cas, ce qui est demandé à la Fédération, c’est de la constance et une règle claire. Pour le moment, entre Monza 2022, Abu Dhabi 2021, et Bakou 2020 (avec un drapeau rouge brandi à 2 tours de la fin), trois solutions différentes ont été proposées. Vous avez dit constance ?
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