Cowell explique sa méthode pour redresser Aston Martin F1
Cap sur 2026

L’ancien responsable des moteurs chez Mercedes F1, Andy Cowell, a pris du galon : il est désormais le PDG d’Aston Martin F1.
« Lawrence m’a demandé de diriger l’équipe, de déterminer ce dont elle avait besoin. Sa vision est très claire : il veut atteindre le sommet » a confié Andy Cowell à PlanetF1, au sujet de l’ambition qu’il vise à donner à l’équipe de Silverstone.
Cowell a la pression : c’est qu’il s’agit de se montrer à la hauteur des investissements consentis par Lawrence Stroll, le propriétaire de l’équipe.
« Il a investi dans le campus, dans de nombreuses installations… et dans un tunnel de soufflerie exceptionnel. »
Problème : le début de saison devrait être complexe pour Aston Martin F1, qui mise plutôt sur le grand changement règlementaire de 2026, lorsque Honda arrivera comme motoriste. Cowell l’admet bien volontiers.
« Mais je pense aussi qu’en ce moment, il est essentiel de se concentrer sur la course avec la voiture de 2025 tout en développant celle de 2026. À mon avis, les projets futurs doivent avoir une équipe dédiée, avec une concentration quotidienne sur cet objectif final. »
Pour l’aider, Cowell pourra compter sur Mike Krack : l’ancien directeur d’écurie a été relégué comme directeur des opérations de piste.
« L’équipe de piste doit être entièrement tournée vers les 24 courses de 2025. C’est cette réflexion qui a mené aux réorganisations internes » explique Cowell.
« Mike, je le vois déjà dans le détail de la maximisation de la performance de la voiture, l’assemblage des pièces conçues en usine. Quant au groupe basé à l’usine, il se consacre au travail conceptuel pour 2026, et ils ne pensent qu’à ça, jour après jour. »
Le défi est immense pour Aston Martin, l’héritière, mine de rien, d’une très petite structure qui a été déclarée en faillite, Force India. Une épreuve qui a soudé l’équipe selon Cowell.
« Passer d’une équipe en situation d’administration judiciaire en 2018, où l’on se demandait chaque mois si on allait être payé, si l’équipe allait survivre… à une structure de 1000 personnes aujourd’hui, où chaque mot de Lawrence a été suivi d’actes concrets – les investissements dans le campus, dans les équipements, le recrutement de personnel –, c’est une déclaration de sérieux et d’ambition. »
« Maintenant, il faut apprendre. »
« Apprendre collectivement à utiliser cette capacité de manière efficace et efficiente, développer des compétences de haut niveau avec tous les outils dont nous disposons, et tout cela en lisant attentivement le règlement de la FIA pour créer quelque chose de conforme, mais plus performant que tout le reste. Tout le monde cherche à faire cela. »
Pour qu’Aston Martin F1 ait des résultats qui soient – enfin - à la hauteur des investissements, Cowell veut insuffler une nouvelle culture. Il explique comment.
« Nous avons réuni la direction de l’équipe, ainsi que le niveau juste en dessous, il y a trois semaines lors d’un séminaire hors-site. L’une des premières questions que j’ai posées était : ‘Qui veut gagner ?’ »
« Tout le monde a levé la main immédiatement. La rapidité de la réaction, l’enthousiasme, la soif d’analyser et de comprendre ce qu’il faut faire… C’est un changement total par rapport à une époque où survivre était déjà une victoire. »
« Faire ces petits derniers pas, garder tout parfaitement coordonné, c’est là que réside la difficulté. »
« Les 10 équipes de Formule 1 sont incroyablement proches en termes de performance. L’écart entre gagner une course et finir dernier, en pourcentage, est infime. »
« Il faut donc aller chercher ces gains marginaux, et nous opérons tous sous un plafond budgétaire. »
« C’est là que l’efficacité organisationnelle entre en jeu – des responsabilités claires, des processus optimisés – pour que, chaque seconde de l’année, l’information circule sans qu’il soit nécessaire de tenir des réunions ou d’attendre des rapports. L’idéal, ce serait que les 1000 personnes de l’usine travaillent en parfaite harmonie, comme si les informations circulaient dans un seul et même cerveau. C’est le rêve que je veux approcher. »
Une passion retrouvée pour la F1
Après avoir pris un peu de recul pendant quelques années, Cowell se retrouve à nouveau plongé dans le grand bain de la F1. Avec un appétit vorace de compétition.
« J’ai toujours voulu travailler sur les châssis, mais j’ai choisi les moteurs parce que les salaires étaient meilleurs pour les jeunes diplômés, et j’y suis resté un bon moment. »
« Puis Lawrence m’a demandé : ‘Viendrais-tu m’aider à diriger cette équipe ?’ »
« Alors c’est ce que j’essaie de faire, en écoutant, en observant, en réfléchissant à comment utiliser notre temps pour concevoir une voiture rapide et exploiter ces fameux gains marginaux. C’est ce que j’aime faire. »
« Je suis regonflé à bloc. Le sport automobile m’a manqué. »
« La Formule 1 est une industrie unique en son genre, où la quête de la perfection technique est permanente, où l’impatience de progresser est omniprésente. »
« Chaque seconde compte dans l’élaboration des idées. Et ce qui me passionne, c’est de voir ces boucles d’apprentissage ultra-rapides s’appliquer dans tous les départements, sans qu’aucun ne puisse se plaindre que tel ou tel secteur freine l’ensemble. »
« L’idéal, c’est que chacun se concentre sur son puzzle et, en regardant à gauche et à droite, se dise : ‘Wow, c’est impressionnant’. »

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