‘Avant, il n’y avait rien’ : Liberty a fait entrer la F1 dans l’ère du big data

Bernie Ecclestone avait fait prendre du retard à la F1

Par Alexandre C.

28 décembre 2018 - 17:59
‘Avant, il n'y avait rien' :

Le « big data », soit la collecte de données à une large échelle, est, dans le business contemporain, la nouvelle matière première. La F1 n’échappe pas à cette évolution : après avoir racheté la F1, Liberty Media a lancé de vastes études pour collecter des données, sous la houlette de Matt Roberts, Directeur de la Recherche.

S’agissant des données téléspectateurs, un vaste chantier était à mener, étant donné le retard accumulé lors des années Bernie Ecclestone.

« Nous avons progressé pour avoir une meilleure connaissance de notre audience TV » confirme, plutôt modeste, Matt Roberts aujourd’hui. « Nous avons travaillé pour demander aux téléspectateurs ce qu’ils pensaient de leur expérience. »

Même la mesure de l’audience TV générale pose un défi à Matt Roberts : la méthodologie utilisée par la FOM n’était pas la même que pour les autres grands championnats sportifs.

« Historiquement, nous comptions comme téléspectateur toute personne qui regardait la F1 pendant 15 minutes ou plus pendant toute la saison – ce sont des minutes non-consécutives. »

« Selon ces bases, nous avons pu identifier 352 millions de téléspectateurs en 2017. »

Ce nombre semble bien sous-estimé : ainsi, le cabinet Deloitte a récemment estimé que 500 millions de spectateurs avaient regardé le seul Grand Prix de France. C’est que la méthodologie n’était pas la même…

« Cependant, lors de nos recherches, nous avons trouvé que nos principaux concurrents – la NFL, la NBA, la Premier League, d’autres séries de sport automobile – utilisaient une méthodologie différente pour mesurer les téléspectateurs » explique Matt Roberts. « Pour ces championnats, un téléspectateur est quelqu’un qui a regardé pendant une minute, ou trois consécutives, le championnat en question sur toute la saison. Donc si vous regardez la Premier League pendant trois minutes tout au long de l’année, vous êtes compté comme un téléspectateur de la Première League. »

« Au début de la saison 2019, nous allons adopter la méthodologie des trois minutes consécutives. Nous allons aussi donner un nouveau chiffre pour la saison 2017. Cela signifie que les audiences de l’an dernier vont évoluer. Mais nous aurons un nombre plus pertinent pour 2018, sur les bases de cette nouvelle méthode. Nous le dévoilerons en janvier. »

« Il est important que nous ayons une méthodologie identique aux autres sports majeurs. Par exemple si un concurrent annonce avoir 300 millions de téléspectateurs uniques, sur la base des trois minutes d’audience, alors, c’est un avantage inéquitable par rapport à nous, qui nous fondons sur une base de 15 minutes pour compter quelqu’un comme téléspectateur. »

Les audiences, l’an prochain, seront également mesurées sur un public plus large, en passant de 10-12 marchés à 36 marchés, continue Matt Roberts. Un panel « beaucoup plus robuste » selon lui.

Les chantiers lancés par Liberty Media ont permis à la F1 d’obtenir de récents prix : ‘Best Business Impact’ de l’année et ‘Meilleure Recherche interne’ de l’année, lors des Britain’s Market Research Society Awards.

« La raison pour laquelle nous avons gagné, c’est parce que les juges ont estimé que nous avons fait des progrès significatifs en 18 mois. Nous n’avions auparavant rien en termes de données et de recherche » se félicite Matt Roberts, qui tacle la gestion de Bernie Ecclestone au passage.

« Nous travaillons aujourd’hui sur un certain nombre de projets de recherche. Nous en savons bien plus sur les fans, sur leur identité, sur leurs désirs, sur leurs marchés. Aucun de ces travaux n’avait été réalisé par le passé, donc nous avons vraiment progressé dans notre connaissance et nos recherches, et cela fut reconnu par nos pairs dans l’industrie. Nous faisons quelque chose de bien si l’industrie pense que nous sommes la meilleure équipe ! »

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