Tost ’n’a jamais eu l’ambition de battre Red Bull’ avec AlphaTauri
"Mateschitz l’a dit clairement" à la création de Toro Rosso
Franz Tost laissera l’an prochain les rênes de l’équipe AlphaTauri, qu’il a rejointe en 2006 lorsque Minardi est devenue Toro Rosso. L’Autrichien, qui a remporté deux succès durant cette épopée, est revenu longuement sur l’objectif qu’avait Red Bull avec cette deuxième structure qui lui était confiée.
"Ma première motivation était de construire l’équipe, et je n’ai jamais eu l’ambition de battre Red Bull Racing ou d’être au même niveau, parce que [Dietrich] Mateschitz l’a dit clairement. Il y a Red Bull Racing, ils doivent gagner des courses, ils doivent gagner des championnats, et nous sommes ce que l’on appelle une deuxième équipe" rappelle Tost.
"Nous devons utiliser les synergies de Red Bull Racing, former les jeunes pilotes et c’est tout. De même, lorsque nous voulions faire quelque chose dans l’infrastructure, il nous demandait toujours ’est-ce que cela a du sens ?’ Il a toujours été clair que Red Bull Racing est à un autre niveau que le nôtre."
Néanmoins, il y a eu une année où ce n’était pas le cas, en 2008. Cette année-là, Toro Rosso a hérité du moteur Ferrari dont ne voulait plus Red Bull, qui préparait la nouvelle réglementation et n’a pas développé sa monoplace. En fin de saison, Toro Rosso a gagné la première victoire de Red Bull en Formule 1 à Monza, et a battu l’équipe mère au championnat.
"Oui, c’était une voiture d’Adrian Newey. Comme vous le savez, nous avons toujours eu un autre moteur que celui de Red Bull Racing. Lorsque Newey est arrivé dans l’équipe, il ne voulait pas d’un moteur Ferrari. Dietrich m’a appelé et m’a dit ’vous avez maintenant le moteur Ferrari’. C’est une très bonne nouvelle car Red Bull a décidé d’opter pour le moteur Renault."
"À Monza, nous avions un package fantastique. Tout d’abord, le moteur Ferrari était à l’époque un peu meilleur que le moteur Renault. Ensuite, la voiture d’Adrian fonctionnait, comme toujours, de manière fantastique. Et Sebastian Vettel a fait un très bon travail avec l’équipe et les réglages."
"Mais comme vous le savez, chaque médaille a son revers. D’une part, nous avons gagné cette course. D’autre part, comme vous le savez en Formule 1, toutes les équipes ont dit que ce n’était pas la voie à suivre pour l’avenir de la Formule 1. La FIA a modifié le règlement et a établi une liste de pièces, vous connaissez..."
"On a dû faire ce travail tout seuls par la suite, il n’y avait plus de synergies. La victoire à Monza en 2008 a été une arme à double tranchant. Nous avons connu l’euphorie du moment, mais cela a été le catalyseur du changement de réglementation et nous ne pouvions plus utiliser les synergies comme avant."
Mateschitz n’a pas voulu vendre Toro Rosso en 2009
Mais l’empêchement de s’appuyer sur la technique de Red Bull n’a pas poussé Mateschitz à vouloir vendre Toro Rosso : "Pas à ce moment. Un peu plus tard, surtout lorsque nous avions des difficultés avec les moteurs, avec les nouvelles unités de puissance, par exemple, il était parfois très frustré et ne venait plus aux courses de Formule 1."
"Ce fut une période difficile, mais à la fin, il était tellement enthousiaste et fan de Formule 1, et il a également vu que l’entreprise se développait, que de plus en plus de canettes étaient vendues chaque année. Les ventes ont augmenté de 20 % par rapport à l’année précédente."
Il a ensuite fallu attendre 12 ans pour voir l’équipe gagner, de nouveau à Monza et cette fois avec Pierre Gasly : "Ces deux événements ont été très émouvants. Tout d’abord, nous sommes une équipe italienne et nous avons gagné à Monza. C’est quelque chose de spécial pour les employés italiens."
"La première victoire avec Sebastian a été une surprise totale. La deuxième victoire avec Pierre Gasly a eu lieu en 2020. Nous avions le nouveau nom de l’équipe avec Scuderia AlphaTauri. Nous étions les ambassadeurs d’AlphaTauri, la marque de mode de Red Bull. Cela nous a permis de passer à un autre niveau."
"Nous avions une bonne voiture cette année-là. Il y a eu des circonstances particulières, avec le drapeau rouge, qui ont permis à Pierre de prendre la tête de la course. Il a alors fait une très bonne course."
"Si je me souviens bien, nous avions un peu plus d’appui que Carlos Sainz, qui était dans la McLaren. Il nous a rattrapés, mais entre Lesmo 1, Lesmo 2, et aussi dans la chicane Ascari, Pierre pouvait toujours s’éloigner un peu de Carlos, et donc Carlos ne pouvait pas nous rattraper."
"Nous avons également eu la chance que Carlos, au début, dans les quatre ou cinq premiers tours, soit un peu plus en retrait. Il a dû dépasser quelques voitures, sinon cela aurait été très difficile. Mais c’était un moment très émouvant. L’équipe l’a fêté. C’est un grand succès pour l’ensemble de nos opérations."
Une équipe abonnée à la septième place ?
Tost a toujours voulu amener AlphaTauri en cinquième place chez les constructeurs, mais l’équipe est davantage septième, ce qui ne le choque pas. Il ne sait pas, en revanche, si la structure qui s’appellera surement Racing Bulls l’an prochain pourra viser mieux.
"Cela dépend des autres équipes et de leur niveau de performance. À l’époque, je dois dire qu’une cinquième ou sixième place aurait dû être possible, mais nous n’y sommes pas parvenus pour diverses raisons."
"Aujourd’hui, les équipes sont beaucoup plus proches les unes des autres. Le niveau de performance a atteint un niveau très élevé. Si l’on regarde les résultats des qualifications, la différence entre les voitures peut être de deux ou trois centièmes de seconde. Le milieu de terrain, je n’ai jamais vu un peloton aussi serré qu’aujourd’hui. C’est une bonne chose."
"C’est le premier résultat du plafonnement des coûts, et j’espère simplement que dans quelques années, les meilleures équipes perdront un peu de leur avantage, et que le peloton complet se rapprochera. Nous aurons alors des courses encore meilleures qu’aujourd’hui. Aujourd’hui, un résultat réaliste est une septième ou une huitième place."
"Nous ne pouvons pas rêver d’une cinquième place parce qu’il y a Red Bull, Mercedes, Ferrari, McLaren et Alpine, qui sont plus ou moins des équipes d’usine, et qu’il faut trouver un moyen de battre les autres. Les autres équipes, comme Haas, Williams, Alfa ou Aston Martin, font également du très bon travail."
"En ce qui concerne la philosophie de formation des jeunes pilotes, il n’est pas facile d’atteindre un tel objectif, car le pilote a toujours été le facteur de différenciation des performances. Mais à ce stade, il l’est encore plus car, d’un point de vue technique, les voitures sont de plus en plus proches les unes des autres."
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