Le départ d’Abiteboul de Renault F1, désaveu ou injustice ?

Les objectifs structurels ont été manqués mais…

Par Alexandre C.

12 janvier 2021 - 16:48
Le départ d'Abiteboul de Renault

La nouvelle a pu surprendre : Cyril Abiteboul ne deviendra pas finalement le directeur général d’Alpine (la marque automobile), mais quittera le groupe Renault après des années de bons et loyaux services. On attendait pourtant que le Français soit en quelque sorte promu en passant de la direction d’une équipe de F1 à la direction de la marque sportive, relancée par le groupe Renault – il n’en sera finalement rien.

La question se pose forcément : Luca de Meo a-t-il voulu par là sanctionner le bilan de Cyril Abiteboul à la tête de l’équipe de Renault F1 ?

Un désaveu mérité... ?

Si l’on adopte une vision de moyen terme, cela semble bien possible en effet. Quand Renault est revenue en 2016 à part entière en F1, les objectifs du groupe et que devait respecter Cyril Abiteboul étaient : obtenir des podiums en 2018, une ou des victoires en 2019, et être dans la lutte pour le titre mondial en 2020.

Il n’en a rien été puisque les premiers podiums n’ont été obtenus qu’en 2020, et que Renault n’a jamais été dans la lutte pour le titre mondial. Pire, l’équipe a régressé au classement des constructeurs ces deux dernières années (4e en 2018, 5e ces deux dernières années). Avec un moteur égal, McLaren a fait mieux que Renault depuis deux ans. Sans avoir l’avantage d’être une équipe d’usine.

C’est peut-être parce que Cyril Abiteboul a aussi manqué ses objectifs en matière organisationnelle chez Renault F1 : c’est-à-dire faire enfin travailler mieux et ensemble Enstone, l’usine châssis, et Viry, l’usine moteur. Le départ précipité de Nick Chester, le directeur châssis, a sonné comme l’échec d’une stratégie. Chester était peut-être le dernier fusible avant Cyril Abiteboul…

Le départ de Red Bull pour Honda a également laissé Renault sans autre équipe cliente, ce qui est toujours dommageable pour l’accumulation des données comme pour l’image de marque.

… mais le vrai bilan ne sera-t-il pas celui de 2022 ?

Cependant le bilan de Cyril Abiteboul comporte aussi bien des points positifs. Sur le plan du marché des transferts, il a été particulièrement proactif, passant d’un line-up Magnussen/Palmer à Hülkenberg/Palmer, puis Hülkenberg/Sainz. La prise de Daniel Ricciardo à Red Bull a constitué un gros coup. Le remplacement de Nico Hülkenberg par Esteban Ocon est également assez prometteur pour l’avenir. Et le retour de Fernando Alonso est une grosse pioche sportive et marketing. La non-prolongation de Daniel Ricciardo restera tout de même comme le point noir des derniers mercatos.

Les progrès de Renault depuis 2016 ont été clairs et nets : de poussive 8e en 2016, l’équipe joue maintenant régulièrement les (gros) points. Rien n’était acquis car Cyril Abiteboul, en reprenant Lotus, avait trouvé une usine d’Enstone en lambeaux et totalement obsolète. Les progrès en 2020 ont été également très encourageants en deuxième moitié de saison : après des débuts hésitants, l’équipe est montée en puissance, laissant augurer du mieux pour cette année.

Mais le véritable bilan de Cyril Abiteboul ne sera-t-il pas dressé en 2022 ? En effet, depuis 2016, Renault n’a pas pu faire grand-chose face aux écuries de pointe, en raison d’un budget qui n’était pas encore à la hauteur.

Avec les budgets plafonnés dès 2021 pour un effet en 2022, avec l’opportunité d’un tout nouveau règlement, Renault a une grosse occasion de franchir un pallier dans ses objectifs l’an prochain. C’est d’ailleurs bien plus sur 2022 que Cyril Abiteboul porte ses regards depuis plusieurs années, avec optimisme.

Ironie du sort : Cyril Abiteboul pourrait ainsi voir son travail porter ses fruits depuis son canapé. Mais si Renault progresse comme espéré en 2022, son bilan sera évidemment bien plus lumineux qu’il ne l’est aujourd’hui.

Alpine F1 Team - Renault

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