Crise à la FIA : l’ancien vice-président allume encore Ben Sulayem
Les élections se préparent-elles

Un front anti-Mohammed Ben Sulayem semble se constituer en vue des futures élections à la présidence de la FIA, cet automne.
Ce matin, nous rapportions que David Richards, le Président de Motorsport UK, et qui avait dénoncé l’opacité et l’autoritarisme de Mohammed Ben Sulayem, pourrait se présenter contre l’Émirati à la prochaine élection présidentielle (voir notre article).
Coïncidence (ou pas), cette rumeur est tombée le même jour que la publication d’un texte assassin signé Robert Reid. De qui s’agit-il ? De l’ancien vice-président pour le sport de la FIA, qui avait démissionné de manière fracassante la semaine dernière (voir notre article) en critiquant lui aussi le manque de valeurs et de principes de Mohammed Ben Sulayem.
Reid expliquait avoir pris cette décision en raison d’une « rupture fondamentale des standards de gouvernance au sein de l’organe dirigeant mondial du sport automobile ».
« Avec le temps, j’ai été témoin d’une érosion constante des principes que nous avions promis de défendre. »
« Les décisions sont prises à huis clos, contournant les structures et les personnes mêmes que la FIA est censée représenter. »
« Ma démission ne porte pas sur des questions de personnes ; elle porte sur des principes. »
« Le sport automobile mérite une direction responsable, transparente et centrée sur ses membres. Je ne peux plus, en toute conscience, faire partie d’un système qui ne reflète pas ces valeurs. »
Dans une deuxième « lettre ouverte » publiée aujourd’hui sur Substack, Reid a « balancé » encore un peu plus sur la gestion de Mohammed Ben Sulayem. Il révèle notamment que son accès à son mail professionnel a été rapidement coupé, car il avait refusé de signer un accord de non-divulgation pour les réunions du Conseil mondial du sport automobile.
« J’ai pris la parole quand j’ai estimé que des principes fondamentaux étaient en train d’être érodés. Je l’ai fait de manière respectueuse, constructive, et toujours dans l’objectif de préserver l’intégrité de notre sport. Mais cela a eu un prix » explique Reid.
« Il est devenu évident que soulever des préoccupations légitimes n’était pas toujours bien accueilli, et j’ai fait l’expérience directe du fait que contester le statu quo pouvait mener à l’exclusion plutôt qu’au dialogue. Je ne regrette pas d’avoir pris la parole. Mais je crois avoir été traité injustement pour l’avoir fait. »
« Le leadership compte. La gouvernance compte. Et la confiance, une fois perdue, est difficile à reconstruire. Si le sport automobile veut rester crédible et prospérer à l’avenir, il doit être gouverné non par le contrôle, mais par la collaboration. Non par le silence, mais par la responsabilité. »
« Je n’ai pas refusé de signer l’accord de non-divulgation. J’ai simplement demandé un court délai pour obtenir un avis juridique sur un document complexe régi par le droit suisse, qui m’a été présenté avec un délai relativement court. Cette demande a été refusée. »
« En conséquence, j’ai été exclu de la réunion du Conseil Mondial du Sport Automobile, ce que je considère comme à la fois injuste et illégal. »
« Dix jours plus tard, mon adresse email FIA a été désactivée sans préavis. De multiples demandes d’assistance et d’explications sont restées sans réponse, jusqu’à ce qu’une lettre juridique envoyée par mon avocat reçoive une réponse. On m’a alors informé que cette décision avait été délibérée. »
Sur son refus de signer un nouvel accord de confidentialité soumis par Mohammed Ben Sulayem, Reid rappelle qu’une telle mesure pourrait violer les règles le droit européen – tout en assurant qu’il ne s’amusait pas, par le passé, à faire fuiter la moindre information de ces réunions sensibles dans la presse…
« Je soutiens pleinement la nécessité de la confidentialité et j’ai moi-même été profondément frustré par le nombre de fuites qui sapent la confiance et la bonne gouvernance. »
C’est ensuite l’autoritarisme et le management par la peur de Mohammed Ben Sulayem qui sont critiqués par Robert Reid.
« Un journaliste m’a dit qu’il serait peut-être plus judicieux pour la FIA de se demander pourquoi des gens font fuiter des informations plutôt que de chercher qui les fait fuiter – et je pense que cela mérite réflexion. »
« Je tiens à être clair : je reste lié par les obligations de confidentialité et je continuerai à respecter ces responsabilités juridiques. Je ne divulguerai pas d’informations reçues en toute confiance ou obtenues dans le cadre de mes fonctions officielles. »
Dans un message plus politique ensuite, Reid souligne qu’il a reçu nombre de lettres de soutien… de la part de futurs opposants à Mohammed Ben Sulayem lors de l’élection à la présidence de la FIA ?
« Je suis sincèrement bouleversé par les réactions positives, venues des plus hauts niveaux du sport automobile jusqu’aux clubs membres de la FIA, collègues, fans et amis à travers le monde. »
« Je suis extrêmement reconnaissant, et profondément touché, par le soutien exprimé publiquement comme en privé. »
« C’est intéressant – mais pas vraiment surprenant – que nombre de ces messages de soutien aient été accompagnés de la demande de ne rien dire publiquement, par crainte de représailles. Cela illustre bien certains des problèmes auxquels nous faisons face. »
« Je ne demanderais jamais à qui que ce soit de se mettre dans une position inconfortable, que ce soit par une lettre de soutien ou un message public d’approbation claire, car je ne pense pas que ce serait juste. D’autres, en revanche, ont opposé un silence assourdissant. »
Reid va-t-il donc soutenir Richards si ce dernier se présentait à la présidence de la FIA ?
« Beaucoup de gens m’ont demandé ce que je comptais faire ensuite », a-t-il déclaré.
« La vérité, c’est que ce n’a jamais été une question de ‘prochaine étape’. Il s’agissait de dire : cela ne suffit pas, et je ne peux plus en faire partie. »
La FIA remercie (dans les deux sens du terme) froidement Robert Reid
En réponse à la démission de Reid et d’autres de ses critiques concernant la reprise du WRC par la FIA, un porte-parole de la Fédération a déclaré de manière plus laconique :
« La FIA remercie Robert Reid pour sa contribution à l’organisation et, plus largement, au sport automobile. »
« La FIA dispose de politiques de gouvernance d’entreprise exceptionnellement solides, qui guident ses opérations et garantissent que nos règles, pratiques et processus sont respectés. »
« Le WRC est un sport extrêmement populaire. Ces dernières années, les événements mondiaux et européens ont été suivis par une audience croissante de plus de 30 millions de téléspectateurs dans plus de 100 pays. »
« La FIA a investi directement dans ce championnat au bénéfice des fans, des équipes et des clubs membres. Cet investissement est conforme à l’engagement de la FIA de doubler la participation au sport automobile dans le monde. »

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