Le halo, de la désaffection à l’acceptation

Un dispositif désormais accepté dans le paddock et par les fans

Par Alexandre C.

31 décembre 2018 - 11:46
Le halo, de la désaffection à l'acc

Peu apprécié des fans et de certains pilotes au moment de son introduction, le halo aurait-il définitivement fait taire les critiques ? Alors que le système introduit par la FIA avait fait l’objet de nombreuses polémiques en début de saison, personne ne songe aujourd’hui à demander sa pure suppression pour 2019 et les saisons suivantes.

Pour retracer la genèse du halo, il faut hélas remonter au funeste Grand Prix du Japon en 2014, lors duquel Jules Bianchi percuta au niveau de la tête une dépanneuse, en bord de piste. La FIA en tira une conséquence logique : la tête des pilotes était le (dernier ?) grand point faible pour la sécurité des F1 modernes.

Deux solutions avaient été alors explorées par les instances : le halo ou le bouclier. Cette dernière solution fut finalement écartée par la FIA : certes, le bouclier était plus esthétique… mais offrait une moindre protection que le halo.

Le halo fut ainsi retenu, au grand dam de plusieurs pilotes qui critiquèrent immédiatement son aspect visuel, accusé de dénaturer l’histoire de la F1.

« S’il vous plaît, non ! » clamait ainsi Lewis Hamilton en août 2016, alors que la solution du halo était dans les tuyaux. « C’est le pire changement esthétique de l’histoire de la Formule 1. Je soutiens l’objectif d’une meilleure sécurité, mais nous ne devons pas oublier que nous sommes en Formule 1, et la F1 d’aujourd’hui me va parfaitement bien. »

Parmi les récalcitrants, on trouvait encore Nico Hulkenberg ou bien Martin Brundle, ancien pilote McLaren, aujourd’hui consultant pour la Sky britannique. « Cette semaine ne fut pas la meilleure des semaines, puisque le ‘halo’ a été retenu par la FIA, avec pour conséquence l’augmentation du poids des F1. C’est tout à fait horrible. »

Les pilotes soutenant le halo étaient plus minoritaires ou discrets. Parmi eux, l’on comptait Fernando Alonso ou Valtteri Bottas. « Je ne pense pas que le Halo fera du tort à la Formule 1. C’est une avancée en termes de sécurité, comme il y en a eu beaucoup d’autres qui ont été critiquées dans l’histoire du sport. Mais c’est bon pour nous, les pilotes. Le seul point négatif, c’est en effet le poids en plus. Parce que plus les voitures sont lourdes, moins elles deviennent excitantes » déclarait ainsi le Finlandais en août 2017.

Sur les réseaux sociaux, l’accueil initialement réservé au halo fut particulièrement négatif, notamment sur Facebook. Pourtant, en cette fin d’année, les critiques se font de plus en plus rares. Comment expliquer un tel revirement de situation ?

Il faut bien sûr mentionner le poids des habitudes : ce qui était jugé anormal est perçu comme ordinaire, au fur et à mesure des Grands Prix. Mais le halo a aussi concrètement prouvé son efficacité, à trois reprises en particulier. A Barcelone, en Formule 2, le halo a peut-être servi à éviter un grave accident à Tadasuke Makino. A Monza, le dispositif a également prouvé son utilité lors du crash de Marcus Ericsson.

Mais c’est surtout l’accident de Charles Leclerc, à Spa, qui restera dans les mémoires. La monoplace de Fernando Alonso avait dangereusement volé tout près du casque du Monégasque. La FIA, après enquête, a estimé que sans le halo, la visière du pilote Sauber aurait été touchée.

Ironie du sort, Nico Hulkenberg, qui était un des plus fervents opposants au halo, reconnaissait, après Spa, l’utilité du dispositif. « Je dois voir les faits et admettre que ça amène quelque chose à la Formule 1, surtout une sécurité que nous constatons dans la voiture. Il a prouvé être plutôt efficace, et c’est un bon système. »

Le rôle du halo fut certes questionné lors du dernier Grand Prix, à Abu Dhabi. Nico Hulkenberg, encore lui, s’est retrouvé en tonneau et le halo a été vite accusé de l’avoir empêché de sortir rapidement de la Renault qui prenait feu… La FIA a ensuite démenti le bien-fondé de ces inquiétudes.

Ainsi, en cette fin d’année, le halo semble avoir gagné définitivement sa place en F1. La discipline n’a pas été dénaturée et des graves accidents ont sans doute été évités en douze mois.

« J’ai eu beaucoup de résistance mais quand vous pensez que vous allez dans la bonne direction il faut se battre pour ça » explique aujourd’hui Jean Todt, le président de la FIA, qui a beaucoup poussé pour le halo. « Nous avons été capables de démontrer que, sans le Halo, il y aurait eu des conséquences plus graves pour Charles Leclerc. La sécurité est une priorité indiscutable et la FIA a eu raison d’insister. »

De la détestation à la résignation, de la résignation à l’acceptation, et peut-être de l’acceptation à l’adhésion demain, le halo s’est installé dans le paysage de la F1. Et a même été employé par la FOM pour afficher plus d’informations à l’écran, et par les équipes pour faire de la place aux sponsors. Un retour en arrière apparaît dès lors aujourd’hui impensable : la FIA et Jean Todt ont bel et bien gagné le pari de la sécurité et de la popularité.

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