Steiner revient sur le meilleur et le pire de son aventure chez Haas F1
"Je ne suis pas quelqu’un de revanchard mais..."

Günther Steiner est revenu dans les colonnes du journal Ouest France sur sa longue aventure avec Haas F1, une équipe américaine qu’il a aidé à bâtir avec Gene Haas, le propriétaire.
Comme il l’a souvent rappelé, il était bien à l’origine de ce projet de nouvelle équipe. Il lui fallait des financements. Et c’est Haas Automation qui a ouvert les cordons de la bourse. A-t-il été compliqué de les convaincre ?
"Compliqué… je ne sais pas. J’avais une bonne relation avec son manager, Martin Reiss, à qui j’ai expliqué ce que nous essayions de faire. Ils l’ont compris et ont eu envie de saisir cette opportunité. Une fois que je leur ai tout expliqué, ils m’ont dit « Ok, nous sommes avec toi ». Ça n’a pas pris énormément de temps."
"En regardant en arrière, je me dis qu’installer une nouvelle écurie en Formule 1, c’est quelque chose de plutôt cool à faire dans une vie. Construire un business plan, le présenter, trouver les investisseurs… Mais je ne suis pas seulement fier de moi, je suis fier de toute l’équipe. J’ai eu l’idée oui, mais je ne pouvais rien faire seul. Quand nous étions sur la grille en Australie en 2016 je me suis dit : « C’est plutôt cool ! Tout a commencé sur une feuille en papier sur la table de ma cuisine et maintenant nous en sommes là »."
Ce premier Grand Prix a d’ailleurs été très fort... avec une 6e place d’entrée de jeu pour Romain Grosjean.
"C’était surtout de la surprise. « On vient vraiment de faire ça ? » Je ne suis pas quelqu’un de revanchard, ça ne mène nulle part. Mais je me disais plutôt : « Waouh, on l’a fait ! » Mais j’ai mis du temps à vraiment le réaliser."
Steiner cite d’ailleurs ce premier GP comme l’un de ses meilleurs souvenirs. Et les pires ?
"Oui, commençons par le meilleur : quand nous avons démarré l’aventure en Australie en 2016 en marquant des points. Beaucoup de gens penseraient à la pole position au Brésil (Magnussen en 2018), oui c’était génial. Mais en 2016, tout le monde disait « Ça ne marchera jamais », et nous marquons des points dès la première course. Pour le pire moment, je dirais plutôt que c’était une période : celle du Covid. Nous nous demandions sans cesse si nous allions y survivre. Personne ne pouvait me dire à quoi l’avenir allait ressembler. C’était un moment difficile, mais heureusement à ce moment-là, la FIA, la FOM et toutes les équipes voulaient repartir de l’avant. J’avais au moins ces signaux positifs. Il y a toujours du soleil quelque part."
Pour les fans français, Steiner est aussi indissociable de Romain Grosjean, son premier pilote en F1. Avec qui il a vécu le meilleur comme le pire.
"J’ai une bonne relation avec Romain. Nous le connaissons tous, c’est une personne avec beaucoup de tempérament et d’émotions. Lorsqu’il a quitté Haas évidemment, pendant un moment la relation n’était plus aussi belle, mais je le respecte énormément."
"Il est réellement passionné par ce qu’il fait, et j’ai toujours dit que dans un bon jour Romain est l’un des meilleurs pilotes au monde. Parfois, son caractère prend le dessus, mais si sa voiture ne lui permet pas d’être performant, il croit toujours qu’il est capable de surmonter ça. Quand on lui dit « N’essaie pas de faire ceci ou cela, c’est impossible », il va quand même essayer ! Parce que c’est Romain."
"Ce n’est pas facile de le manager, et je dirais même que personne n’y est jamais arrivé honnêtement, sauf sa femme peut-être. Et je dis bien « peut-être » (rires) ! Il a pris la décision de partir aux États-Unis pour une nouvelle carrière. La dernière fois que je l’ai croisé, nous avons beaucoup parlé et il semblait heureux de faire ce qu’il fait aujourd’hui. Je trouve ça génial. Humainement, j’aime beaucoup Romain… Certains jours plus que d’autres !"
Aujourd’hui, Steiner évolue en dehors des garages, dans un rôle de consultant pour divers médias. Comment perçoit-il l’évolution de la F1 et tous les changements récents ?
"Je pense que c’est très bien. Le sport est devenu un grand divertissement. Le cœur de tout cela est toujours le sport en lui-même, la course automobile. Et si vous ne voulez pas de Netflix, des livres, et de tout le divertissement qui va autour, vous n’êtes pas obligés de le regarder si c’est pour le critiquer. En Formule 1, les fans peuvent décider de regarder ce qu’ils veulent."

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