Renault en F1 : Les années Alpine et la fin de Viry-Châtillon
Une lente agonie sur l’autel du profit économique
Au moment où Renault F1 a annoncé l’abandon de son projet de moteur d’usine pour fin 2025, Nextgen-Auto.com revient sur la saga des 47 ans en Formule 1 du constructeur français.
Après les années 70 (à lire ici), les années 80 (à lire ici), les années 90 (à lire ici), les années 2000 (à lire ici), la première partie des années 2010 (à lire ici), la deuxième partie des années 2010 (à lire ici), voici la suite et la fin avec les années Alpine et la fin de Viry.
Saison 2021 :
Après la saison 2020 marquée par l’incertitude du projet Renault, ayant provoqué le départ de Daniel Ricciardo, la saison 2021 a été marquée par un grand changement avec une toute nouvelle identité. Terminé le jaune et le noir : place au bleu Alpine, et au bleu-blanc-rouge français. Avec une RS20 nettement revue, en dépit du changement limité de réglementation, Alpine marque rapidement de gros points, grâce à un duo très solide et homogène en termes de performance. Fernando Alonso a remplacé Ricciardo aux côtés d’Esteban Ocon et la paire fonctionne bien. Le point d’orgue de cette saison est évidemment le Grand Prix de Hongrie, où Ocon profite du chaos au départ pour se retrouver en tête, et la conserve jusqu’à l’arrivée, avec la participation d’Alonso à ce succès en ayant retenu la remontée de Lewis Hamilton. L’Espagnol a eu son lot de consolation au Qatar avec un podium, son premier depuis 2014.
— Victoire du moteur Renault en Hongrie
Saison 2022 :
Otmar Szafnauer a remplacé Cyril Abiteboul à la tête de l’équipe, et BWT arrive sur les carrosseries des Alpine, qui arborent du rose et deviennent entièrement de cette couleur en deux occasions en début de saison. La nouvelle réglementation châssis fait évoluer drastiquement les monoplaces, et Renault décide de lancer un tout nouveau moteur avant le gel prévu en 2023, afin de l’adapter parfaitement à sa nouvelle monoplace. L’ensemble manque un peu de performance mais le duo Alonso-Ocon fait des merveilles et signe plusieurs performances de choix. Tristement, ils ne montent pas sur le podium mais consolident le rôle de quatrième force d’Alpine au championnat pour le début de cette nouvelle ère.
Saison 2023 :
Alpine décide de lancer un pari différent sur le plan technique et revoit son A522 en profondeur, avec plusieurs évolutions du concept aérodynamique. Le moteur manque toujours de puissance et devant la réticence des dirigeants à accepter une modification de son V6 pour gagner en performance, Renault abdique et accepte de garder ce déficit jusqu’en 2026. Pierre Gasly a remplacé Alonso et le duo 100 % français a réussi à obtenir deux podiums à Monaco et Zandvoort. Mais en coulisses, le manque de résultats global fait trembler l’équipe, et le PDG Laurent Rossi vire Szafnauer après 38 des 100 courses prévues dans le plan. Le manque de leadership qui s’ensuit n’aide en rien l’équipe, et la direction technique de Matt Harman semble trop faible pour vouloir être une équipe de pointe.
Saison 2024 :
De nouveau, l’équipe change radicalement le concept de son châssis mais rate huit fois le crash test de la voiture. En résulte une monoplace au large museau, visiblement indispensable pour avoir assez de sécurité. Les performances sont tout bonnement désastreuse, avec une dernière ligne à Bahreïn et Djeddah. Malgré des évolutions et quelques top 10 en cours de route, Alpine est la neuvième force sur la grille et l’ambiance s’y dégrade. Bruno Famin, qui a remplacé Szafnauer, laisse sa place à Oliver Oakes après un an de service, et Flavio Briatore est appelé à la rescousse. Ocon et Gasly auront fait ce qu’ils pouvaient, mais le niveau catastrophique de leur monoplace a entravé leur bonne volonté et les résultats sont jusqu’ici très décevants.
De Meo et Briatore sonnent le glas de Viry
Malheureusement, l’arrivée de Briatore et la politique du PDG du groupe Renault, Luca de Meo, font qu’il faut trouver des responsables au fiasco de la saison 2024. L’usine de Viry est directement pointée du doigt et la procédure pour la reclasser est donc rapidement enclenchée, avec la volonté de faire d’Alpine une équipe cliente de Mercedes dès 2026. Un calcul certainement avantageux sur le plan financier, mais désastreux en termes d’image. Moins d’un an après que Bruno Famin nous a promis un "Ferrari à la française", Alpine a perdu son moteur made in Viry. Et avec lui, le sport automobile français a perdu un fleuron de son histoire.
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