Les tops, les flops et les interrogations après le Grand Prix de Bahreïn

Les moteurs Ferrari commencent en trombe

Par Alexandre C.

22 mars 2022 - 18:53
Les tops, les flops et les interrogation

Après chaque Grand Prix, Nextgen-Auto.com vous propose de retrouver les tops et les flops identifiés par la rédaction. Qui mérite d’être applaudi ? Qui, au contraire, doit être critiqué ? Enfin, quels sont les points d’interrogation ou ambiguïtés, qui devront être suivis avec intérêt lors des prochains Grands Prix ? Découvrez-le ci-dessous !

Les Tops.

Top n°1 : Ferrari se cabre toujours déjà de plaisir

Championne « traditionnelle » des essais hivernaux, Ferrari n’a pas déçu cette fois-ci durant le premier Grand Prix de la saison. 44 points : la Scuderia ne pouvait pas mieux commencer. Et pourtant, il était légitime de se demander si la Scuderia aurait finalement l’avantage sur Red Bull en performance pure, tant l’équipe de Milton Keynes avait impressionné au dernier jour d’essais. La réponse est venue en qualifications : oui, de peu. Mais il n’y a pas que la performance (châssis comme moteur) qui compte et la fin de course l’a montré : la Ferrari est aussi bien plus fiable et stable que la Red Bull ; ce qui lui permet de même de moins user ses pneus, notamment les tendres, comme cela s’est vu lors des deux premiers relais.

Sur le plan des pilotes, Charles Leclerc a pu déjà faire taire une majorité des critiques, doutant de sa capacité à lutter pour un titre mondial. Il a pris Max Verstappen à son propre jeu, en ne risquant pas le tout pour le tout dans un virage, mais en se souvenant de l’avantage de rester quelques secondes derrière, temporairement, afin de bénéficier de l’avantage du DRS à la zone suivante. Le Monégasque a aussi pris l’ascendant sur son coéquipier Sainz, qui, malgré une bonne résistance en qualifications, n’avait pas le même rythme. Charles Leclerc mène pour la première fois un championnat du monde et a même réalisé le week-end de r$eve : pole, victoire, meilleur tour, chaque tour mené… Rebelote ?

Top n°2 : K-Magnifique

S’il y a encore quelques semaines, par quelque prémonition divinatoire, quelqu’un nous aurait assuré que Haas finirait 5e du premier Grand Prix de l’année, avec Kevin Magnussen derrière le volant, l’hôpital Saint-Anne de Paris se serait tenu en alerte. Et pourtant, c’est bien ce qui est arrivé lors de ce Grand Prix bahreïni. Il s’agit là d’une double performance : de Haas bien sûr, qui voit son pari de sacrifier 2021 être totalement validé par la performance initiale de sa monoplace, retrouvant les avant-postes en début de saison. Une telle formidable résurrection commence bien sûr à délier les langues : si Haas est si performante, n’est-ce pas grâce aussi au nouveau bâtiment rempli d’aérodynamiciens ex-Ferrari à Maranello même, où cette monoplace a été conçue ? On conçoit que McLaren et Alpine, qui n’ont pas d’équipe-B, l’ont mauvaise.

L’autre performance majuscule est bien sûr celle de Kevin Magnussen : sans avoir disputé les essais hivernaux à Barcelone, le Danois a prouvé que son talent était intact ; et qu’en dépit de quelques accrochages avec son directeur d’écurie, il restait un des préférés de Günther Steiner. Un conte de Noël avant l’heure !

Top n°3 : Valtteri Bottas, le numéro 1 du peloton ?

Valtteri Bottas a rappelé au paddock sa valeur le week-end dernier : lui qui battait parfois en qualifications le maître en la matière, Lewis Hamilton, a ainsi terminé « meilleur des autres » le samedi, devançant largement son coéquipier Guanyu Zhou, et au passage soignant son orgueil en reléguant son successeur George Russell à 3 positions. C’est le côté lumineux du Finlandais que l’on connaissait déjà chez Mercedes.

En course, son côté sombre (qui a justifié son éviction de Mercedes) s’est aussi rappelé à nous, quand il s’est totalement effondré au départ, passant de la 6e à la 14e place. Bottas a aussi eu du mal à dépasser Yuki Tsunoda, rappelant ses difficultés à naviguer dans le peloton. Mais sa formidable remontée à la 6e place initiale augure du mieux pour la saison d’Alfa Romeo qui tient une voiture visiblement très bien née (merci aussi à l’unité de puissance Ferrari).

Les flops

Flop n°1 : McLaren s’inquiète d’une possible catastrophe industrielle

Les essais de Barcelone avaient pu positionner McLaren comme un des favoris potentiels pour se battre pour la 3e place au classement des constructeurs : mais aujourd’hui, on mesure combien toute hiérarchie hivernale est précaire. On n’attendait clairement pas les McLaren aussi bas néanmoins, pas même après les essais hivernaux de Bahreïn déjà compliqués par des problèmes de freins (mais ils se déroulaient en majorité de jour…). En qualifications comme en course, les Orange n’étaient nulle part, ou alors quelque part entre Latifi et Hülkenberg. Déjà des questions se posent : cette McLaren osée notamment au niveau des suspensions est-elle ratée ? Ou bien est-ce dû aux spécificités de Bahreïn, notamment ses virages lents et son insistance sur la motricité ? On ne tardera pas à le savoir : le cas échéant, McLaren pourrait faire un bond des années en arrière et revenir à la traversée du désert de 2015-2018. Si c’est le cas, on n’en voit pas comment James Key pourrait garder son poste de directeur technique.

Les difficultés de McLaren nous rappellent enfin que malgré les myriades de sponsors sur la voiture, l’équipe est aussi passée toute proche de la faillite en 2020, en ayant dû vendre son siège de Woking pour le reprendre en leasing – et ne pouvant moderniser sa soufflerie à temps pour le nouveau règlement aérodynamique de 2022. Et si l’on voyait là les vraies répercussions de cette mauvaise passe ?

Flop n°2 : L’ego et la réputation de Stroll sévèrement sanctionnés

Des arguments existent pour défendre Lance Stroll : il est l’auteur de fulgurances régulièrement chaque saison, il reste un pilote relativement fiable, il n’était pas si loin de Sebastian Vettel l’an dernier, etc… Mais à Bahreïn, surtout en qualifications, il était difficile de trouver la moindre excuse au Canadien.

Comment en serait-il autrement, quand un pilote titulaire de l’équipe, qui a fait tous les essais hivernaux, finit à 3 dixièmes d’un pilote qui arrivait le vendredi matin dans la voiture, sans expérience (en l’occurrence, on aura reconnu Lance Stroll et Nico Hülkenberg) ? Comment excuser aussi une attitude nonchalante dans le paddock après une telle prestation ? Sans doute que Lance Stroll se sait protégé, sans doute aussi qu’il aura bien du mal à se défaire de sa réputation de « fils à papa » s’il récidive.

Flop n°3 : Coups de pompe pour Red Bull

Pour finir sur le podium, il faut encore finir… cet adage bien connu dans le paddock ne prend que plus de sens à la lumière du double désastre subi par Red Bull. L’addition des abandons de Max Verstappen et Sergio Pérez est très, très salée : 44 et 27 points de retard respectivement sur Ferrari et Mercedes. Alors même que la Red Bull était la 2e monoplace la plus compétitive, proche de Ferrari, et assez loin devant Mercedes.

Reste désormais à Red Bull de se creuser la tête : d’où vient ce problème apparemment de pompe et d’alimentation en essence ? La pièce standardisée est-elle en cause ? Cela semble peu probable puisque toutes les autres équipes n’ont pas connu ce problème. Est-ce l’installation de l’unité de puissance Red Bull Powertrains-Honda qui est en cause ? Peu importe, il va vite falloir se creuser les méninges chez Red Bull car tout autre double abandon serait évidemment catastrophique. Et cette fois, il n’y a plus de Renault ou de Honda pour servir de bouc émissaire : l’histoire retiendra que le premier Grand Prix des Red Bull avec des moteurs sous appellation Red Bull Powertrains (quoique Honda continue de jouer un très grand rôle) se sera conclu par un double abandon sur problème lié à l’unité de puissance. Ouch !

On demande à voir…

Mercedes va-t-elle cesser de rebondir pour rebondir ?

Mercedes ne bluffait pas aux essais hivernaux de Bahreïn, et ceux qui auront prétendu tout le long le contraire en sont aujourd’hui pour leurs frais. Mais il ne faut pas non plus plonger dans l’extrême inverse, et considérer que tout est perdu à jamais pour l’équipe championne du monde. D’ici Imola apparemment, l’équipe compte arriver avec des nouvelles solutions pour résoudre le problème « fondamental » (Lewis Hamilton dixit) de marsouinage (mais pas que) qui touche la nouvelle monoplace. Toto Wolff aussi, même avant la course, a répété que Mercedes avait de gros gains à trouver dans « cinq ou six domaines » en particulier. Dès Djeddah, circuit moins critique pour les rebonds, la situation pourrait peut-être s’améliorer.

Cette Mercedes aux pontons extrêmes en est au début de son cycle de développement (plus que les autres F1 ?) et rien n’est perdu, surtout quand on connait l’unité et l’inventivité de Brackley. Les inquiétudes seraient plus légitimes sur le plan de l’unité de puissance, qui est maintenant gelée pour quatre saisons. Les équipes-clientes commencent d’ailleurs déjà à se plaindre. Et si le problème était à Brixworth plutôt qu’à Brackley ? Et si l’intégration du carburant E10 avait été loupée ?

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