Komatsu : Ocon pousse nos ingénieurs, c’est ce qu’on attendait de lui
Un vrai leader d’équipe chez Haas F1

Après un Grand Prix catastrophique en Australie (ponctué de plusieurs sorties de piste), Oliver Bearman a réagi de la meilleure des manières en Chine : un week-end propre, sans erreur sous la pluie de Shanghai, ponctué par ses premiers points de l’année.
« J’ai été très impressionné » a confié Ayao Komatsu, le directeur d’écurie, au sujet de son pilote britannique.
Impressionné, mais pas étonné, poursuit-il.
« Mais c’est déjà ce que nous savions. Nous savions qu’il en était capable. Melbourne nous a un peu surpris, mais nous croyions en son potentiel. Nous avons eu une bonne conversation à Melbourne et aussi avant de commencer à rouler à Shanghai. On lui a dit en gros : “Tu as le talent, tu as tout ce qu’il faut pour performer, tu dois simplement faire chaque tour que nous avons prévu ce week-end.” Ce qu’il a fait exactement. Il a progressé à chaque étape, appris à chaque run, et la performance de dimanche était incroyable. C’est le Ollie que nous connaissons. Comme Andrea Kimi Antonelli, il a encore beaucoup de potentiel et de marge de progression, donc j’adore travailler avec lui. »
Esteban Ocon a lui autant impressionné que rassuré également en Chine : avec une 5e place formidable (7e avant la disqualification des Ferrari), il a marqué de gros points d’emblée pour Haas F1.
« Encore une fois, vraiment, je le remercie son éthique de travail » poursuit Ayao Komatsu.
Ocon s’est révélé comme un véritable leader d’équipe, poursuit le Japonais.
« Nous savons qu’il est rapide. Il est une valeur sûre. Il finit les courses, a marqué beaucoup de points, mais il est encore très jeune et très déterminé à réussir davantage en Formule 1. C’est quelqu’un avec qui on peut évoluer ensemble. Surtout quand on a un problème sur la voiture comme à Melbourne, avoir un pilote pleinement intégré à l’équipe, qui pousse les ingénieurs — peu importe le temps que cela demande — et qui est vraiment désireux d’améliorer les choses ensemble, ça fait une énorme différence pour l’équipe. C’est ce que j’attendais et c’est exactement ce que nous voyons. J’en suis très content. »
Comment expliquer que la Haas F1 soit une diva ?
Comment expliquer cependant que la Haas F1 ait été si lamentable en Australie, et autant en forme à Shanghai ? Ayao Komatsu comprend-t-il même sa voiture ?
« Oh oui, je pense que d’autres top teams ont déjà eu ce genre de problème par le passé, mais nous le gérons plutôt bien. L’an dernier, nous pensions avoir mis en place un bon processus et de bons indicateurs pour éviter de tomber dans ce genre de difficulté. Mais cette année encore… Nous ne l’avons pas vu à Bahreïn, c’était uniquement en raison du type de virages. Nous en avons vu quelques indices, mais nous ne comprenions pas la gravité. Dès que nous avons commencé à rouler à Melbourne, c’est devenu assez évident. »
« Mais la bonne chose, c’est que tout le monde l’a accepté et a dit : “OK, on a un gros problème, il faut le résoudre.” Ensuite, nous nous sommes mis au travail pour comprendre à quel moment nous avions commencé à dévier du bon chemin, et nous voulions amener quelque chose ici. Donc oui, c’était un gros problème. C’est encore un gros problème. Je ne dirais pas que nous l’avons résolu. Ici, nous n’avons pas vu ce problème, mais ça ne veut pas dire qu’il est réglé. Donc la route est encore longue. »
Ayao Komatsu l’a admis, le changement de fond plat ce week-end représente un certain risque car il a très peu été testé. En essais libres, les premières impressions ne semblaient pas très prometteuses… la Haas F1 perdait beaucoup de temps à grande vitesse, dans les S de Suzuka.
« Oui, mais la situation est très différente de Melbourne et Shanghai. Même si l’on regarde le secteur 1, ce n’est pas partout. C’est un endroit en particulier où il nous manque de la performance, et ce n’est pas le même problème. Nous avons fait rouler différentes spécifications de fond plat sur les deux voitures, et si la réponse était totalement concluante, nous aurions harmonisé les voitures. Mais pour être honnête, ce n’est pas le cas. Nous allons donc poursuivre notre programme d’essais. »
« Le problème n’est pas aussi sévère qu’à Melbourne, mais nous avons un autre problème. Comme toujours : quand vous en résolvez un, un autre apparaît. Il faut réagir vite en tant qu’équipe pour rendre la voiture un peu plus compétitive. »
Les changements opérés cet hiver, dans l’équipe d’ingénierie de Haas F1, ont-ils porté leurs fruits ? Rappelons qu’Ayao Komatsu fait partie des profils des directeurs d’écurie ingénieurs… Un avantage profitable !
« Je pense que ça se passe très bien. J’ai fait beaucoup plus de préparation avant le début de saison — à l’usine, en travaillant ensemble, sans la pression réelle, juste sur le processus : comment on se parle, comment on communique, apprendre à se comprendre. Même durant les essais de pré-saison à Bahreïn, c’était déjà évident. Bien sûr, la première course à Melbourne aurait naturellement été difficile à gérer, mais j’ai été vraiment satisfait de voir que les gens restaient calmes, communiquaient bien, et faisaient du bon travail. Shanghai a été une autre étape. Encore une fois, nous grandissons en tant qu’équipe. L’important, c’est de travailler ensemble et de se soutenir mutuellement dans les situations difficiles. Je sens que nous faisons cela. Donc oui, je suis très satisfait. »
Le Japon, nouveau pays-star de la F1
Ayao Komatsu a enfin été interrogé sur la situation de la F1 dans son pays, le Japon. Avec Yuki Tsunoda chez Red Bull, Honda, Ryo Hirakawa qui a roulé en essais libres pour Alpine F1, et donc Ayao Komatsu chez Haas F1 (mais aussi Toyota Gazoo Racing), le Japon est bien redevenu une nation majeure de la F1.
« Je ne sais pas si nous sommes une nation majeure, mais c’est certain qu’après un creux dans la popularité de la F1 au Japon, l’intérêt est clairement de retour. Encore une fois, ce que Yuki accomplit cette année et le fait qu’un pilote japonais puisse viser une place dans un top team, c’est du jamais vu. C’est une énorme histoire, et cela suscite un regain d’enthousiasme ici. Hirakawa est un excellent pilote, il a roulé en EL1 — toutes ces choses aident. »
« Je pense aussi que le fait que le Grand Prix se tienne au printemps joue un rôle. Ce n’est pas qu’une chose. J’ai entendu dire que l’événement à Tokyo avait été un grand succès. Tous ces éléments comptent, et je ne vois que des signes positifs. C’est donc un moment très excitant. »

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