2018-2019 : Verstappen, de ‘pilote dangereux’ à métronome irréprochable

Récit d’une transformation

Par Alexandre C.

7 juillet 2019 - 17:07
2018-2019 : Verstappen, de ‘pilote (...)

Parmi les pilotes des écuries de pointe, outre Lewis Hamilton en tête du championnat, Max Verstappen est sûrement celui qui effectue le début de saison le plus convaincant. Le pilote Red Bull est régulier, solide, et capable de coups d’éclats comme en Autriche, lors du dernier Grand Prix.

Max Verstappen est en réalité, aujourd’hui, porté par le bel élan qui fut le sien lors de la deuxième moitié de saison dernière, tout aussi réussie.

Et pourtant, qu’il revient de loin ! Car il faut se rappeler que ses résultats, comme son style de pilotage jugé agressif, avaient fait l’objet de sévères critiques et remises en question il y a encore moins de douze mois.

Max Verstappen, dès son arrivée chez Toro Rosso, fut toujours été porté par une réputation de pilote joueur, accrocheur, prenant des risques parfois appréciés, parfois mal pesés. Le jeune pilote était notamment accusé de changer trop de fois de lignes au moment de se faire doubler, en course.

Passé chez Red Bull à partir du Grand Prix d’Espagne 2016, avec le succès que l’on sait (victoire pour son premier Grand Prix), Max Verstappen ne changea pourtant pas son approche, même s’il était amené à courir en tête de peloton. Au Grand Prix de Monaco 2016, le Batave rentra dans la Haas de Romain Grosjean… Puis, au Grand Prix de Hongrie 2016, il défendit de manière très virile sa position face à la Ferrari de Kimi Räikkönen, ce qui lui valut une salve de critiques.

Ancien pilote Ferrari, Felipe Massa, qui courait alors chez Williams, n’avait pas hésité à décrire Max Verstappen comme un pilote « vraiment agressif » et « dangereux ». « Verstappen essaie tout ce qu’il peut, (…), vous devez savoir quoi faire quand vous vous battez contre lui. »

En défendant sa position de manière acharnée lors du Grand Prix de Belgique 2016, Max Verstappen s’était encore attiré des critiques similaires. Plusieurs pilotes l’avaient alors invité à changer son approche du pilotage, ce à quoi le pilote Red Bull avait répondu : « Je n’ai pas envie de revenir sur le passé. Je fais comme je l’entends et je ne compte pas changer mon style de pilotage. Comme en Allemagne (lors du briefing après la Hongrie), je n’ai rien dit. J’ai écouté. Le reste est du ressort des commissaires. Ce n’est pas parce que les autres pilotes me disent de changer que je vais le faire. »

Durant la première moitié de saison 2018, qui fut plus encore complexe pour lui, Max Verstappen conservait la même attitude : une attitude faite de confiance et de certitude dans son pilotage, bien qu’elle puisse aussi passer pour de l’entêtement, ou de l’acharnement.

Cette première moitié de saison 2018 fut ainsi particulièrement épineuse. A Shanghai, Max Verstappen tenta un dépassement inutilement hasardeux sur Sebastian Vettel, et envoya les deux monoplaces en tête-à-queue. Le sommet de la désillusion fut atteint lors des EL3 de Monaco : encore une fois trop agressif, cette fois-ci à la Piscine, le pilote Red Bull tapa le rail. Il allait manquer les qualifications, alors que dans le même temps, Daniel Ricciardo signait la pole et la victoire dans l’autre Red Bull.

Dès le lendemain du Grand Prix de Chine, Jos Verstappen, le père de Max en personne, invita son fils à changer de style de pilotage, ou tout du moins, à être moins casse-cou. « Le dépassement sur [Sebastian] Vettel n’était pas vraiment lancé. Ce n’était pas possible, c’était une erreur de jugement. Dans certaines circonstances, Max doit plus réfléchir. » Après le Grand Prix de Monaco, ce fut au tour de Sebastian Vettel de critiquer Max Verstappen et son comportement, jugé trop agressif et erratique en course.

Là encore, Max Verstappen fit la sourde oreille et assura ne vouloir rien changer. La suite lui donna raison : dès le Grand Prix d’Autriche 2018, le pilote Red Bull s’imposait au terme d’un joli numéro, et prit immédiatement sa revanche sur ce qu’il appelait « les combattants du clavier », et autres « jaloux » et « haters. » « Max a puni tous ceux qui se plaignaient si fort de son style de pilotage » poursuivait un Helmut Marko hilare, « le tout à 20 ans. Il a donné la bonne réponse à ses critiques des dernières semaines. »

Lors de la deuxième moitié de saison 2018, Max Verstappen confirma de la plus belle des manières qu’il était devenu un pilote tout aussi spectaculaire, mais aussi peut-être plus posé et réfléchi – même s’il ne voulut jamais l’admettre publiquement. La rechute sanguine et émotionnelle du Grand Prix du Brésil 2018 (accroché par le retardataire Esteban Ocon, Max Verstappen poussa à plusieurs reprises le pilote français après l’arrivée et fut condamné à deux jours de Travail d’Intérêt Général par la FIA), fut l’exception qui confirmait la règle. Véritable métronome, Max Verstappen éteignait totalement Daniel Ricciardo en qualifications, à l’exception du Grand Prix du Mexique. L’équipe Red Bull semblait tourner autour de son Néerlandais si populaire, ce qui conduisit en partie Daniel Ricciardo à aller voir ailleurs, chez Renault.

La première moitié de saison 2019 s’inscrit donc dans la lancée de la seconde moitié d’année 2018. Max Verstappen est une valeur sûre, empile les gros points de manière extrêmement régulière, est capable de briller et de prendre les risques qu’il faut – comme lors du dernier Grand Prix d’Autriche, où il a tourné avec le maximum de puissance moteur en préservant ses pneus, maintenant un rythme démentiel en fin d’épreuve. Mature, posé, efficace, le Max Verstappen nouveau devance aujourd’hui les deux pilotes Ferrari au championnat, et maximise les résultats possibles.

En mars 2019, Helmut Marko, qui connait si bien Max Verstappen, voyait dans le départ de Daniel Ricciardo une des raisons de cette mutation. « Il sait qu’il est désormais le leader de l’équipe, Pierre Gasly doit encore apprendre beaucoup de choses. Nos espoirs de bons résultats reposent sur nos deux pilotes mais encore plus sur Max, et il le sait. Max est encore très jeune, mais il a mûri ces derniers mois, c’est certain. Je l’ai aussi remarqué lors des tests à Barcelone. Les années précédentes, il trouvait les tests ennuyeux et il voyait cela comme une corvée, mais cette année, j’ai vu de sa part de l’enthousiasme et de la concentration »

Un an seulement après avoir traversé peut-être la plus grave crise de sa carrière, Max Verstappen a donc rebondi de la plus belle des manières. C’est bien simple : sa victoire au Red Bull Ring, l’an dernier, fut le signe d’une transformation ; celle de cette année est une confirmation.  

Le risque pour Max Verstappen est, aujourd’hui, de retomber dans ces travers de la saison dernière : immaturité, agressivité, impulsivité. Si les performances de sa Red Bull ne s’améliorent pas, la frustration accumulée pourra-t-elle le conduire à rechuter ? Tel est désormais l’enjeu qui devra occuper Christian Horner et Helmut Marko : assurer définitivement la transformation – si spectaculaire en un an – de Max Verstappen…

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