Peugeot : 13’’854 de légende...

La victoire était si proche et si loin à la fois

Par Franck Drui

12 juin 2011 - 19:00
Peugeot : 13''854 de (...)

Incroyablement serrée, indécise jusqu’au drapeau à damier, la 79e édition des 24 Heures du Mans est entrée dans la légende. Devant 249 500 spectateurs, le Team Peugeot Total emmène ses trois voitures à l’arrivée. Au terme d’une course palpitante, le trio Bourdais / Lamy / Pagenaud (Peugeot 908 n°9) termine à seulement 13’’854 du vainqueur.

« Nous étions venus pour gagner et nous sommes deuxièmes. Mon premier sentiment ne peut donc être que la déception », reconnaissait Olivier Quesnel. « Toutefois, l’équipe peut être fière d’avoir aligné trois voitures parfaitement fiables et d’avoir effectué un sans-faute sur le plan technique. Nos pilotes n’ont rien lâché, à l’image de Simon Pagenaud qui ne concédait qu’une dizaine de secondes au leader à un quart d’heure de la fin. Sur ce sprint de 24 heures, il ne nous a manqué qu’un peu de performance pour que l’issue de la course soit différente. Je tiens à féliciter notre adversaire pour cette victoire. Notre bagarre s’est déroulée dans la plus grande sportivité, avec beaucoup de respect mutuel. »

La fiabilité de la Peugeot 908

Sur le podium aux 12 Heures de Sebring, victorieuse aux 1000 km de Spa-Francorchamps, la Peugeot 908 a été développée avec l’objectif de renouer avec la victoire aux 24 Heures du Mans. En plaçant ses trois voitures aux 2e, 3e et 4e positions, le Team Peugeot Total a démontré la fiabilité de sa nouvelle machine.

En optimisant la consommation du V8 HDi FAP, les ingénieurs de Peugeot Sport ont permis aux 908 de boucler des relais de 12 tours. Au cœur de la nuit, les pilotes ont été en mesure d’aligner des quadruples relais avec le même train de pneumatiques Michelin.

« Du point de vue de la fiabilité, nous avons atteint notre objectif », déclare Bruno Famin, directeur technique de Peugeot Sport. « La course s’est jouée sur la performance. Nous avions un petit déficit dans ce domaine, surtout lorsque nous étions chaussés de pneus durs. Cela a été suffisant pour que nos adversaires prennent le dessus. »

Un Grand Prix de 24 heures

Lorsque Jean Todt donne le départ de la 79e édition des 24 Heures du Mans, les 249 500 spectateurs assistent à un début de course d’une intensité digne d’un sprint, à l’image du duel opposant la Peugeot 908 n°8 de Franck Montagny à l’Audi n°3 d’Allan McNish. À 15h51, ce dernier s’accroche avec un retardataire et sort violemment la piste. La voiture de sécurité entre en scène pour plus d’une heure. À ce moment, Franck Montagny (n°8), Alexander Wurz (n°7) et Sébastien Bourdais (n°9) sont groupés de la 3e à la 5e place. La Peugeot 908 n°8 perd quelques secondes pendant la neutralisation, le temps pour les mécaniciens de régler un problème de répartition de freinage.

À la reprise, Alexander Wurz se lance dans la bagarre et s’empare de la deuxième position. À la faveur des ravitaillements décalés entre les hommes de tête, l’Autrichien prend le commandement pour la première fois au 37e tour. Mené à un train d’enfer entre cinq voitures groupées dans le même tour, ce chassé-croisé se poursuit jusqu’à 22h41, heure à laquelle l’Audi n°3 est victime d’une violente sortie de piste dans le virage d’Indianapolis. La voiture de sécurité fait son retour pour une durée de 2h30, le temps de réparer les rails de sécurité endommagés par l’accident.

Véritables forçats de la piste, Sébastien Bourdais et Simon Pagenaud sur la n°9, Stéphane Sarrazin n°8 et Anthony Davidson sur la n°7 enchaînent les triples et quadruples relais au cours de la nuit. Chaussées de pneus tendres et suivant un tableau de marche immuable de 12 tours par relais – contre 10 à 11 pour leur adversaire – les Peugeot 908 se montrent très efficaces dans ces conditions. La n°9 devient le fer de lance du Team Peugeot Total, qui maintient une pression constante sur le leader.

Le jour se lève sur une troisième courte neutralisation (sortie de piste). La lutte entre les prétendants à la victoire atteint son paroxysme, avec les 908 n°7 et 9 et l’Audi n°2 groupées jusqu’à leur ravitaillement simultané. La n°8 est décrochée après avoir notamment écopé d’un stop-and-go d’une minute. À 9h44, Alexander Wurz manque son freinage et touche le mur de pneus du virage d’Indianapolis. Le double vainqueur de l’épreuve parvient à regagner le stand, où les mécaniciens remplacent le demi-train avant-droit en 9 minutes. La n°7 repart en 4e position, à quatre tours des leaders.

Annoncée, une pluie fine fait son apparition vers 11h. Effectuant des choix des pneumatiques avisés, les ingénieurs de Peugeot Sport permettent à Simon Pagenaud de revenir à moins de 30’’ d’André Lotterer.

La fin de course s’oriente vers un duel haletant entre les deux hommes. À 14h24, les deux voitures s’engouffrent simultanément dans la voie des stands pour un ultime arrêt. Pagenaud conserve ses pneus Michelin, tandis que Lotterer chausse un train de gommes neuves. Les deux leaders repartent en étant séparés de moins de dix secondes ! Profitant de ses pneus frais, Lotterer reprend un peu d’air au fil des tours et file vers la victoire. Peugeot place ses trois 908 aux deuxième (n°9), troisième (n°8) et quatrième (n°7) positions. La Peugeot 908 HDi FAP engagée par Oreca complète le top 5 d’une des éditions les plus serrées de l’histoire des 24 Heures du Mans.

Affectées d’un coefficient double pour le classement de l’ILMC, les 24 Heures du Mans permettent à Peugeot d’augmenter son avance au classement Constructeurs. La prochaine manche aura lieu à Imola (Italie), du 1er au 3 juillet. Le Team Peugeot Total y engagera deux voitures.

Ils ont dit

Olivier Quesnel, directeur de Peugeot Sport : « Nous avons participé à écrire la légende des 24 Heures du Mans, c’est positif pour Peugeot. Il y a eu un engouement énorme autour de cette course raison pour laquelle nous sommes forcément un peu déçus de ne pas gagner après 24 heures. Nos adversaires étaient un peu plus rapides que nous dans les conditions rencontrées, mais nous avons livré un combat jusqu’à la dernière minute. Je suis fier de cette équipe. »

Bruno Famin, directeur technique : « C’était une belle aventure. L’affiche pour faire une course d’anthologie était réunie, et cette course a été au rendez-vous. Le résultat ne nous satisfait pas, c’est évident, car nous étions venus pour gagner. Nos adversaires étaient certes un peu plus performants, mais nous avions d’autres qualités. La course a basculé sur deux ou trois détails. »

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