Todt reprend Hamilton : il est ‘inapproprié’ de pousser les pilotes à s’engager contre leur gré
‘Life matters’, et non Black Lives matter lance Todt
Après avoir critiqué la FIA sur l’organisation des cérémonies « end racism » avant chaque épreuve, Lewis Hamilton a finalement obtenu gain de cause pour le premier des deux Grands Prix organisé à Silverstone : la FIA a soigné les choses en prévoyant expressément, dans les horaires d’avant-course, une plage à cet effet.
Dans le même temps, Lewis Hamilton a quelque peu critiqué les efforts menés par la FIA pour promouvoir la diversité. Il a même lancé sa Commission personnelle pour tenter de faire ce que la Fédération ne fait pas.
Pour réagir à ces deux camouflets, Jean Todt, le président de la FIA, s’est entretenu avec Lewis Hamilton en marge de la course de Silverstone. Qu’en est-il sorti ?
« Nous avons eu une discussion très constructive, très bonne. Ce qui est très important, ce n’est pas seulement ce contact. C’est de rédiger un programme d’actions et de le suivre et de savoir que cela prend du temps, malheureusement. »
La FIA n’a-t-elle pas donné raison aux critiques de Lewis Hamilton en revoyant la cérémonie avant-course à Silverstone ?
« C’est pour aborder la situation d’une manière plus structurée. Quand on a fait cela pour la première course en Autriche, nous avons eu le sentiment que ça se déroulait comme nous le voulions. Les courses suivantes n’ont probablement pas été aussi bien organisées qu’elles auraient dû l’être. C’est pourquoi nous avons réglé cette question. »
Jean Todt veut maintenant travailler avec Lewis Hamilton, et non en parallèle de lui. Il tient aussi à associer la FOM à cette question.
« Je donne crédit à Chase Carey qui a décidé de montrer l’exemple en faisant un don privé, qui d’ailleurs a été suivi d’un don d’un même montant par la FIA, pour traiter des questions d’éducation à la diversité. Donc, d’une certaine manière, c’est essentiel pour moi parce que c’est un fait, il y a des actions. Si nous voulons progresser, nous avons besoin d’actions coordonnées. »
« Au sein de la FIA, nous avons un département, une dame qui travaille spécifiquement sur ce sujet, qui travaille directement au sein de mon cabinet pour traiter ce problème. Et d’ailleurs, elle collabore également avec la Commission Hamilton. Il y a donc beaucoup de choses que nous avons faites, beaucoup de choses que nous avons l’intention de faire et je suis heureux de soutenir tant que cela reste dans la ligne que nous considérons comme devant être respectée. »
Mais la marge est étroite entre les discours antiracistes et les discours purement politiques. Or Todt tient à rappeler que la F1 ne doit en aucun cas rentrer trop dans l’agora politique.
Le pire serait de forcer des pilotes à devenir des activistes malgré eux... Lewis Hamilton entendra-t-il le message ?
« Bien sûr, nous sommes heureux d’accorder une attention particulière au thème de la fin du racisme, ce qui sera fait tant que les gens auront envie de le faire. Je pense qu’il serait tout à fait inapproprié de pousser les gens à faire quelque chose qu’ils ne ressentent pas. Je pense que nous devons respecter. Nous avons des personnes qui vont à l’église, vont au temple, vont à la synagogue. Nous devons respecter cela. »
Todt évoque des "personnes", ne pense-t-il pas à des "pilotes" ?
« Des personnes, peu importe qui. Je veux respecter chaque croyant. Et pour moi, ce qui compte, c’est la vie [life does matter]. Ma femme est chinoise. Je pense qu’elle mérite la même attention que les Blancs, les Noirs, tout le monde a besoin d’attention. La couleur, la religion, on a besoin de tout le monde. Life matters. »
Le Français préférerait, on le sent, un engagement plus marqué contre la sécurité routière, sujet moins sensible sur le plan politique et qui lui tient à cœur.
« Je respecte quelqu’un qui a des convictions et qui essaie d’utiliser son image, sa voix, son leadership pour défendre quelque chose. »
« Il y a tellement de choses que nous voulons malheureusement améliorer. Je suis très impliqué en tant que président de la FIA et en tant qu’envoyé spécial des Nations unies pour la sécurité routière en ce qui concerne les victimes sur les routes : 1,4 million de personnes vont mourir sur les routes cette année ; 500 enfants meurent chaque jour sur les routes ; entre 30 et 50 millions de personnes handicapées sont blessées sur les routes. »
« Je crois donc que j’admire les gens qui s’engagent pour quelque chose où ils sentent qu’ils peuvent apporter quelque chose. Il est donc clair que si vous pouvez apporter quelque chose à cela, je l’admire. Et autant que nous pourrons contribuer, nous le ferons. »
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