Affaire Massa : le procès pourra-t-il s’ouvrir alors que la FIA fustige ’une perte de temps totale’ ?

La dernière journée d’audience préliminaire doit en décider

Auteur : Franck Drui
1er novembre 2025 - 07:43
Affaire Massa : le procès pourra-t-il s’ouvrir alors que la FIA fustige ’une perte de temps totale’ ?

La bataille judiciaire engagée par Felipe Massa contre la FIA, Bernie Ecclestone et la Formula One Management (FOM) a connu une nouvelle étape décisive à la Royal Courts of Justice de Londres, avec la clôture des audiences préliminaires hier.

L’objectif de cette phase était de déterminer si l’affaire, qui s’inscrit dans le cadre du scandale du Crashgate 2008, doit être portée jusqu’au procès.

Le pilote brésilien, présent une nouvelle fois dans la salle d’audience, a suivi les échanges entre son équipe juridique, menée par Nick de Marco et Khendra Potts, et les avocats représentant les trois défendeurs.

La matinée a été consacrée à la conclusion des arguments de la défense de Massa, avant que la parole ne soit rendue, dans l’après-midi, aux représentants légaux de la FIA, de Bernie Ecclestone et de la FOM.

David Quest (avocat d’Ecclestone), John Merzhad (pour la FIA) et Anneliese Day (pour la FOM) ont tour à tour réfuté les arguments présentés par le clan Massa.

Merzhad, représentant la FIA, a qualifié l’audience de "perte de temps totale".

Selon lui, le cœur de l’accusation repose sur "une simple hypothèse de conspiration" impliquant Bernie Ecclestone et Max Mosley, qui auraient choisi de garder le silence après avoir appris que Nelson Piquet Jr s’était délibérément crashé lors du Grand Prix de Singapour 2008.

"Les autres accusations, comme la rupture de contrat ou la violation du devoir de la FIA, ne sont là que pour gonfler artificiellement un dossier qui, autrement, est bien mince," a lancé Merzhad.

L’équipe de Felipe Massa fonde sa stratégie sur une interview accordée par Bernie Ecclestone à F1 Insider en mars 2023, dans laquelle l’ancien patron de la F1 affirme qu’il savait dès le Grand Prix du Brésil 2008 que l’accident de Piquet Jr avait été provoqué volontairement et qu’il aurait, avec Max Mosley, décidé de ne rien révéler à l’époque.

Pour les avocats de Massa, cette déclaration relance le point de départ de la prescription légale. Selon eux, le délai ne commence donc pas en septembre 2009, date du verdict du Conseil Mondial du Sport Automobile sur le Crashgate, mais en mars 2023, à la suite de l’interview d’Ecclestone.

Cette lecture a été vivement contestée par Anneliese Day, qui représentait la Formula One Management. Selon elle, le fait que Massa "n’ait pas pu recoller les morceaux" en 2009 n’a aucune importance.

"Cela n’a aucune incidence. Compte tenu des liens bien connus entre Mosley, Ecclestone et Charlie Whiting, à qui Nelson Piquet (père) avait révélé la nature volontaire de l’accident, il aurait dû être évident qu’Ecclestone était informé dès 2008, et non en 2009."

Day a été encore plus directe en s’adressant au juge Jay.

"Massa le savait. Il l’a toujours su. L’idée qu’il n’était pas au courant ne tient pas, et il n’est pas nécessaire d’organiser un procès pour le démontrer."

La juriste de la FOM a également souligné que Felipe Massa n’avait pas cherché de conseil juridique indépendant après la décision du Conseil Mondial de la FIA à l’automne 2009, se fiant alors à Ferrari, qui lui aurait dit "qu’il n’y avait rien à faire".

"Une personne agissant avec une diligence raisonnable aurait consulté son propre avocat à l’époque," a ajouté Day.

Les plaidoiries ont ensuite pris fin, et le juge a indiqué qu’il rendrait sa décision "assez rapidement", tout en précisant qu’il devait d’abord honorer d’autres engagements judiciaires.

Avant de clore l’audience, il a également insisté sur la nécessité de ne pas divulguer son rapport préliminaire à la presse ou au public.

La décision à venir déterminera si Felipe Massa pourra porter son action en justice devant un tribunal, ou si le dossier sera jugé irrecevable à ce stade.

Le Brésilien réclame des dommages et intérêts colossaux pour la perte du titre mondial 2008, estimant que la FIA et la FOM auraient dû annuler ou réviser les résultats de cette saison après la révélation du Crashgate.

Mais pour l’heure, le juge britannique devra d’abord trancher sur un point fondamental :
Massa a-t-il attendu trop longtemps pour agir, ou Ecclestone a-t-il relancé l’affaire quinze ans après les faits ?


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