Rossi : Ocon a réussi à changer de dimension en F1

Ce n’est plus seulement "un excellent 2e pilote"

Par Franck Drui

13 mars 2023 - 11:08

Le PDG d’Alpine, Laurent Rossi, a clarifié les commentaires qu’il avait faits en déclarant qu’Esteban Ocon était "une excellente option de deuxième pilote" pour l’équipe.

Ocon est revenu en Formule 1 après une interruption d’un an avec l’équipe basée à Enstone en 2020. Après un bon début de saison en 2021, le pilote français a été récompensé par une prolongation de son contrat à long terme jusqu’à la fin de 2024.

Rossi avait par la suite fait référence à Ocon comme "un pilote qui n’avait pas encore prouvé qu’il était un champion du monde potentiel garanti... mais à tout le moins un excellent deuxième pilote".

Deux ans plus tard, Rossi affirme que son opinion sur les capacités d’Ocon avaient été mal interprétées à l’époque.

"Il n’y a pas de mystère sur le fait que j’ai très vite essayé de mettre Esteban à l’aise dans l’équipe. Parce qu’avec Esteban, ce qui était remarquable chez ce garçon, c’est qu’il n’a jamais eu un parcours linéaire facile."

"Presque chaque année, on lui disait ’ça y est, c’est fini, c’est la fin de la route avec nous et tu dois trouver un autre team l’année prochaine’. Ce qui est super difficile, surtout dans une carrière comme en F1, il faut un peu de temps en piste garanti, non ?"

"Vous devez être à l’aise avec le fait que vous allez conduire pendant un certain temps au même endroit et que vous pouvez réellement faire de ce travail votre travail, pas seulement un passe-temps, et cela n’a jamais été aussi facile pour lui."

"Et donc indépendamment de cela, je savais aussi que ce garçon avait réussi dans toutes les catégories, avait couru contre Max [Verstappen], Charles [Leclerc], tous les meilleurs pilotes aujourd’hui, et il les a battus au fil du temps dans le passé."

"Alors je me suis dit ’ouais, il y a un peu de potentiel, mettons-le dans une zone plus confortable’, parce qu’il n’était pas complètement à l’aise en étant sur ses gardes tout le temps. C’est important et voyons ce qu’il a en lui en réserve si nous lui donnons l’environnement qu’il faut et la tranquillité d’esprit."

"Et c’est pour ça qu’on a décidé de miser sur lui pendant trois ans, parce qu’à l’époque, pour être honnête, personne ne voulait venir chez Alpine, soyons clairs, donc c’était un des meilleurs pilotes que nous pouvions obtenir. Et j’ai toujours dit qu’Esteban était au moins un très bon deuxième pilote."

"Tout le monde a interprété cela de différentes manières. Il n’y a pas de numéros un et deux chez Ferrari, mais je suis presque sûr que beaucoup de gens pensent que c’est le cas avec Leclerc et Sainz ! Il n’y a pas de numéros un et deux chez Mercedes non plus. Et pour Esteban je pense que c’est pareil, il est dans ce cas de figure."

Après deux saisons avec Fernando Alonso comme coéquipier, Ocon a endossé le rôle de pilote senior dans les rangs d’Alpine cette année. Ce qui a été facilité par cette tranquillité d’esprit selon le PDG d’Alpine.

"Oui, je l’ai vu," répond immédiatement Rossi lorsqu’on lui a demandé s’il avait vu un changement dans l’approche d’Ocon depuis l’annonce concernant sa prolongation de contrat au début de 2021.

"Il a commencé à piloter plus efficacement et à mettre les choses en place pour le long terme, sans essayer d’impressionner tout le monde à chaque course, ce qui est une chose très différente car il prenait des risques inconsidérés et il conduisait essentiellement, peut-être sans le savoir, avec cette peur qu’il allait potentiellement perdre son baquet."

"Donc, fondamentalement, c’était différent, et je lui ai dit maintenant que ’le truc, c’est que tu dois grandir à bien des égards et faire grandir l’équipe avec toi’. Cela signifie que vous devez être davantage un pilote stratégique et un leader, ce qui est extrêmement différent d’être simplement un garçon cool super rapide. C’est une autre histoire."

"J’ai besoin qu’il exhibe ses qualités qui pourraient faire de lui un jour un champion du monde. Tous les pilotes de la grille roulent très vite, sans aucun doute, ils pourraient se battre sur un tour, sans aucun doute, à quelques centièmes l’un de l’autre au volant de la même F1. J’en suis presque sûr et tous les pilotes l’admettraient."

"Mais à long terme, pour construire une équipe, rallier les gens autour de vous, extraire le maximum de performances de votre voiture, de l’usine, des 1200 personnes qui vous soutiennent, c’est un jeu différent. Et c’est ce que je lui ai dit de faire. Je lui ai donné ces trois ans en échange de faire monter l’équipe plus haut avec lui."

Et sa victoire en Hongrie a-t-elle aussi eu un impact sur son approche ?

"Eh bien, pas vraiment, il avait déjà pris la bonne approche. Et cette victoire est arrivée plus tôt que ce que nous imaginons pour être honnête. Ce n’est pas comme si nous avions prévu de gagner cette année-là. En fait, nous n’avons pas gagné l’année dernière. Mais ça a montré beaucoup de choses. Esteban a montré beaucoup de force et de qualités à l’équipe car nous étions en tête très tôt dans la course et nous devions garder cette avance, ce qui est super difficile, surtout quand on n’a pas la voiture la plus rapide, loin de là, sur la grille. Donc il a fait preuve de beaucoup de résilience, de métier, ce qui était en fait super encourageant pour lui. Et cela a conforté notre choix."

Et cela s’est encore vu à Suzuka l’année dernière quand il luttait contre Lewis Hamilton pour garder sa 4e place.

"C’est vrai. Esteban a fait beaucoup de progrès. Auparavant, il avait potentiellement un peu trop de fougue. Il est toujours fougueux et j’espère qu’il gardera cette fougue. C’est normal, il perdrait le sens de la compétition s’il ne faisait que penser d’un point de vue stratégique. Mais maintenant, il le fait avec la conscience qu’il sert une équipe et non plus seulement lui-même."