Red Bull a voulu virer Horner en 2007 : ’Mateschitz le détestait !’
Villadelprat raconte que le poste lui a été offert
S’ils dominent la F1 actuelle et que leur équipe a remporté sept titres pilotes et six titres constructeurs depuis 2010, Christian Horner et Helmut Marko ont bien failli quitter Red Bull précipitamment.
C’est Joan Villadelprat, ancien manager d’équipe, qui révèle cette décision évitée de peu, qui aurait surement changé la face de la Formule 1 moderne. Il révèle en effet avoir été contacté par Red Bull via Dany Bahar, le directeur des opérations de l’époque, qui voulait recruter celui qui fut l’un des leaders de Benetton à l’époque de Michael Schumacher.
"Dietrich Mateschitz a envoyé un avion à Barcelone pour me chercher et m’a proposé d’avoir Red Bull et Toro Rosso sous un même toit" a déclaré Villadelprat à PlanetF1. "Le plan était de me nommer directeur général, sans Christian Horner. J’ai accepté."
"Dany Bahar était le directeur des opérations de Red Bull. En fait, Helmut n’était plus là et allait être poussé vers la sortie par Bahar. Il semblait donc qu’ils ne s’entendaient pas avec Christian et avec les gens en Angleterre. Dietrich était furieux parce qu’il n’y avait pas de communication avec l’Autriche."
"Les deux parties ne se comprenaient pas trop et cela ne leur plaisait pas. Ils voulaient plus d’informations et de communication entre le projet F1 et Mateschitz. Ils ont perdu confiance dans la façon dont les équipes travaillaient, et c’est Helmut Marko qui s’en est chargé."
"Bahar a fait en sorte que Helmut soit mis à l’écart, de côté. Ils ont ensuite interrogé des gens, comme Gerhard Berger [ancien copropriétaire de Toro Rosso qui a travaillé avec Villadelprat en tant que pilote chez Benetton], et mon nom est apparu. Ils ont décidé de me parler et de voir si je voulais reprendre les deux équipes."
"À ce moment-là, il était possible de réunir les deux équipes sous un même toit, de partager les machines et beaucoup d’autres choses. Il y avait de la place pour le faire dans le cadre des règles. J’ai dit oui, il n’y avait pas de problème."
"Il ne restait plus qu’à signer"
Villadelprat explique qu’il a été jusqu’à accepter le poste après un appel téléphonique avec Dietrich Mateschitz. L’Espagnol raconte ses années avant l’opportunité, et ce qui l’a mené à envisager ce défi.
"En fait, j’avais déjà un projet qui était presque terminé parce qu’en 2001, j’avais quitté Benetton depuis 1999 pour faire un projet de F1 en Espagne avec Telefonica. Nous détenions 50 % de Minardi, puis 20 millions de livres sterling supplémentaires et 100 % de Minardi."
"Mais le président de Telefonica a été licencié et l’autre projet s’est effondré. À ce moment-là, je suis allé chez Prost, puis de Prost, j’ai créé ma propre équipe, etc. En 2007, ils m’ont appelé et m’ont proposé le poste - nous avons passé trois heures à discuter avec Mateschitz. Nous nous sommes très bien entendus."
"Pour une raison ou une autre, la communication était difficile chez Red Bull et ils voulaient se débarrasser de tous les grands patrons. Nous avons donc dit OK, nous nous sommes serré la main, nous avons parlé de mon salaire et tout a été fait. Il ne restait plus qu’à mettre le tout sur papier et à le signer au Grand Prix de Monaco."
Newey a sauvé Horner sans le savoir
Mais une ligne dans le contrat d’Adrian Newey, le concepteur des Red Bull, a fait que l’arrivée de Villadelprat aurait engendré le départ de l’ingénieur, ce qui semblait être une mauvaise idée : "Quelqu’un, je ne sais plus qui, a découvert que le contrat d’Adrian Newey stipulait qu’il ne répondrait qu’à Mateschitz."
"Il ne voulait pas me répondre, il ne voulait répondre à personne. Donc, le fait que je sois responsable n’allait pas fonctionner avec Adrian. Il n’allait pas me répondre parce que son contrat stipulait qu’il ne devait répondre qu’à Mateschitz, et Dietrich ne voulait pas parler à Adrian."
"Tout a été fait, nous nous sommes serré la main et nous nous sommes dit ’Rendez-vous à Monaco’. Mais lorsque nous avons découvert le problème du contrat avec Adrian, à savoir qu’il ne pouvait répondre qu’à Mateschitz, il m’a appelé et m’a demandé ce que nous pouvions faire à ce sujet."
"J’ai répondu ’si Adrian doit partir, n’y pensez plus. Il vaut mieux avoir Adrian que moi. Oublions cela. Nous nous serrons la main et peut-être qu’une autre fois, nous pourrons parler’, et c’est tout."
"Mateschitz ou Dany Bahar, l’un d’entre eux, m’a donné six voitures Red Bull pour l’année suivante, quatre en Formule Renault 2.0 et deux en World Series, juste pour compenser l’erreur commise à mon égard."
Toro Rosso l’a également courtisé en 2011
Villadelprat aurait pu de nouveau venir dans le giron Red Bull en 2011, précisément chez Toro Rosso, mais il a dû refuser car il avait une urgence familiale et voulait s’en occuper à fond et à temps plein.
"En 2011, Franz Tost m’a de nouveau proposé un rôle chez Toro Rosso. Il s’agissait d’être une sorte de bras droit de Tost, un rôle de directeur des opérations travaillant à ses côtés. On m’a donc proposé deux fois d’aller chez Red Bull. Mais à l’époque, mon fils était atteint d’un cancer des testicules."
"J’ai décidé d’arrêter et de rester à la maison. Après cela, j’ai dit non, ce n’est pas le moment d’aller en Italie, de laisser la famille ici et de partir parce que je ne peux connaître qu’une seule façon de travailler, 24 heures par jour. Si un membre de votre famille est malade, vous faites ce qu’il faut pour l’aider."
"Mais Dietrich Mateschitz m’a proposé en 2007 de diriger les deux équipes Red Bull, puis en 2011 d’aider à diriger Toro Rosso ! Christian devait sauter, Dietrich le détestait ! Christian est toujours là parce qu’il a aidé Helmut à revenir, mais au moment où ils m’ont proposé le poste, c’était pour faire partir Christian."
Marko a tenté d’annuler un dernier contrat
Une fois revenu à son poste, Marko a tenté de défaire l’accord qu’avait signé Bahar avait Villadelprat au sujet du soutien en formules de promotion pour son équipe, mais il a été reçu avec fermeté : "L’année suivante, Marko est venu me voir. Il m’a dit ’je veux 25 000 euros de moins dans chaque voiture’."
"Je lui ai répondu ’désolé, nous nous sommes serré la main. Nous avons déjà un accord. Si mon équipe remporte le championnat, je reçois mes cinq voitures comme nous l’avons convenu, nous nous sommes serré la main et nous nous sommes mis d’accord’. Il a répondu non, nous ne pouvons pas faire ça’."
"125 000 euros, ce n’est pas grand-chose. Mais il y avait une question de couilles. Je lui ai dit ’écoutez, tout ce que vous pouvez faire, c’est de vous lever, de quitter mon bureau et dégager de ma maison’. C’était comme ça entre Helmut et moi."
"Quand je passe dans le paddock, il baisse la tête parce qu’il sait que je peux lui dire qu’il est un putain de salaud. Je peux le lui dire en face et il gémit. Helmut est un vieux salaud. Moi aussi, je suis un vieux salaud ! Je suis d’une école où, si vous vous serriez la main, vous aviez un contrat."
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