En 1997, Mansell aurait pu faire un énième come-back chez Jordan
Une occasion manquée ?
On se souvient que le champion du monde 1992, Nigel Mansell, fit son come-back chez Williams F1, en 1994, en fin d’année.
Le drame d’Imola, la mort d’Ayrton Senna, conduisirent Mansell à devenir pigiste de luxe pour Williams F1, en remplacement d’un David Coulthard encore trop tendre. Mansell signa notamment une pole position à Adélaïde, avant d’y remporter son dernier succès, offrant aussi le titre constructeurs à Williams F1. On connaît la suite : pour 1995, Frank Williams écarta le vieux lion pour rappeler Coulthard.
Mais au vu de sa fin d’année, Mansell en était persuadé : il était toujours capable de remporter des Grands Prix. Il alla donc toquer à la porte de McLaren F1. Mais tout finit en eau de boudin.
Mansell fut sélectionné mais ne commença pas la saison : la McLaren F1 était peu adaptée à son physique un peu plus ventripotent que par le passé ! Mansell fut écarté le temps des deux premiers Grands Prix, et à son retour, il se qualifiait derrière Mika Hakkinen à Imola. Au Grand Prix suivant à Barcelone, il abandonna au bout de 18 tours au volant d’une F1 jugée, par lui, inconduisible.
Les relations entre Ron Dennis et Mansell étaient aussi exécrables et arriva ce qui devait arriver : à 42 ans, Mansell s’en alla par la petite porte.
Mais en réalité, Mansell tenta même de revenir en F1, une nouvelle fois, cette fois dans l’équipe Jordan. En décembre 1996, il effectua des essais privés dans la Jordan-Peugeot et au chronomètre, s’en sortit bien face à Ralf Schumacher (à moins de trois dixièmes de lui, dit-on...).
Un test finalement sans lendemain.
« J’ai beaucoup apprécié mon test à Barcelone et le professionnalisme et l’atmosphère de l’équipe de B&H Jordan – ils étaient aussi bons que dans mes meilleures expériences avec d’autres équipes de F1 » avait déclaré, à l’époque, Mansell, pour expliquer sa non-sélection chez Jordan.
« Eddie Jordan a créé quelque chose de très spécial. Après avoir vu leurs installations et la voiture de 1997, je crois honnêtement que l’équipe peut connaître le succès la saison prochaine et devenir un concurrent sérieux. »
« L’idée de ce test était à l’origine de s’amuser, mais mon instinct naturel de compétiteur a très vite pris le dessus, et un retour en Formule 1 avec Jordan Grand Prix est devenu une possibilité sérieuse. »
« Cependant, après avoir consulté ma famille et mes conseillers, je me suis rapidement rendu compte que mon emploi du temps ne me permettrait pas de consacrer suffisamment de temps à l’équipe Jordan et à ses sponsors. »
Quel était cette fois le point de vue de Jordan sur l’hypothèse Mansell ? Pourquoi avoir écarté un champion du monde qui avait prouvé pouvoir être toujours compétitif ? Son âge à l’époque, soit 43 ans, était-il en question ?
« C’était un honneur d’avoir Nigel dans notre voiture et nous avons été très, très impressionnés par son approche et son attitude Je crois que Nigel peut encore gagner, mais j’apprécie l’honnêteté de sa décision » avait déclaré Jordan en 1997.
Dans une récente interview, Eddie Jordan, l’ancien directeur d’écurie, est revenu, avec le recul, sur cette piste d’une titularisation de Mansell. Il indique ce qui, pour lui, faisait la différence chez le vieux lion.
« Je connaissais Nigel depuis très longtemps. Mais il y a une chose à propos de Nigel Mansell : je n’ai jamais rencontré une personne aussi totalement convaincue de ses propres capacités que lui – et son talent n’était pas à la hauteur de cette conviction, ou alors je n’ai jamais pu voir ce talent-là chez lui. »
« Nigel était - je ne veux pas l’appeler un taureau, mais c’était un dur. Quand je dis que c’était un taureau, il ne semblait pas avoir de cou, car sa tête semblait reposer sur ses épaules ! »
« C’était à une époque où les forces G, le cou et les forces G étaient très difficiles à supporter. C’était très dur à l’époque. Nigel Mansell avait une grande confiance en lui. »
« Si vous pouvez trouver cette croyance intérieure - je parle de 100 pour cent - dans le cas de Nigel… elle était probablement d’environ 200 pour cent. Mais il a toujours cru en lui plus que tout autre chose. Je pense que c’est ce qui l’a poussé à aller de l’avant. »
« Alors, pour terminer l’histoire, a-t-il conduit pour Jordan ? Oui, nous étions amis, et il est arrivé et a dit qu’il voulait le faire. Il pouvait voir - à ce stade - que la fortune de Jordan était en train de changer. »
« La voiture de 1997 était particulièrement bonne et nous aurions dû gagner quelques Grands Prix avec elle. Nous n’allons pas en parler maintenant ! »
« Mais la voiture de 1998 était une excellente voiture, aussi en 1999... Il y a donc eu une petite période de prospérité. Et Nigel était là. Il est venu me voir après Barcelone et m’a dit : Écoute, EJ, je pense que mon temps est passé. J’ai la quarantaine. Je ne veux plus faire ça. Mais cette voiture est une vraie voiture. »
Des problèmes d’argent ont aussi pu jouer dans la décision. Le sponsor de Jordan, B&H, était censé payer l’intégralité du salaire d’un gourmand Mansell. Mais les émoluments du champion du monde auraient en réalité été trop élevés pour le sponsor de l’équipe…
Jordan choisit finalement Giancarlo Fisichella pour rouler aux côtés de Ralf Schumacher. Avec un Mansell dans la voiture jaune, l’équipe aurait-elle pu remporter plus de podiums et de victoires ? Cela restera une achronie…
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