Des places à 100 000 dollars à Las Vegas, Domenicali défend la F1
"Nous ne regardons pas seulement l’argent"
Stefano Domenicali a défendu la F1, que certains accusent de vouloir tout faire pour générer de l’argent. Le PDG de la catégorie reine reconnaît que les intérêts financiers ont un rôle important, mais assure que ce n’est pas l’objectif principal de Liberty Media et de la Formule 1.
"L’argent est important partout, pour nous aussi" a déclaré Domenicali. "Mais nous ne regardons pas seulement cela, l’ensemble doit être bon. Si nous ne regardions que le compte en banque, le calendrier serait sûrement différent. Je ne suis pas en train de vendre l’âme de la F1. C’est un changement normal, nous nous ouvrons au monde."
Le fait que la F1 se rende dans des pays aux lois liberticides, comme l’Arabie saoudite, est également reproché régulièrement, mais Domenicali pense que s’y rendre aide à mettre en lumière les problèmes de société de ces pays (quitte à s’attribuer des succès que la F1 n’a pas apportés).
"Nous fournissons le projecteur dans lequel les hôtes veulent se présenter avec une bonne image. Il y a déjà des premiers succès. En Arabie saoudite, les femmes sont autorisées à conduire depuis quatre ans."
La conséquence de la mondialisation du calendrier de la F1 est la disparition de certaines courses européennes de renom. Le Grand Prix de Belgique est menacé, et le Grand Prix d’Allemagne semble éliminé définitivement, compte tenu des propos de l’Italien.
"Si je ne passe pas moi-même un appel, je vois et j’entends peu l’Allemagne. Ils parlent, parlent, parlent, mais au final, il faut des faits. C’est un mystère pour moi de savoir comment vous ne pouvez pas gagner d’argent autour d’un Grand Prix de nos jours."
La F1 populaire de moins en moins prioritaire ?
Le choix de Grands Prix où la culture du sport automobile est moins populaire a eu pour conséquence de créer des Grands Prix, comme à Bahreïn, Shanghai ou Djeddah, où le public se déplace en très faible nombre.
Les reproches étaient alors faits envers la F1 de privilégier l’argent des riches promoteurs à la venue des fans sur les circuits qui amenaient un public plus nombreux. Mais avec l’arrivée de Liberty Media, la philosophie change encore.
A Miami, la Formule 1 s’est vantée d’avoir créé son Superbowl, avec moins de billets disponibles, mais des invités en grand nombre et des places très chères. Mais contrairement à la NFL, Liberty semble vouloir avoir plusieurs Superbowls.
Ainsi, Las Vegas pourrait de nouveau jouer le rôle de vitrine, avec le cadre d’une ville luxueuse et une popularité véhiculée par les stars, plus que par l’afflux de public dans les tribunes du circuit.
La dernière preuve de cela est l’achat par MGM Resorts, propriétaire du casino du même nom, de l’équivalent de 25 millions de dollars de places dans les tribunes. L’objectif pour ce spécialiste du divertissement et de l’hospitalité.
Avec la forte demande déjà enregistrée pour l’événement, MGM Resorts a révélé pouvoir vendre les chambres d’hôtel trois fois plus cher qu’en temps normal, et va donc faire des packages all inclusive... pouvant atteindre 100 000 dollars.
L’argent généré profite aussi aux équipes
Cette somme parait évidemment absurde pour se déplacer sur un Grand Prix de F1 et pour y assister, et cette idée a d’ailleurs globalement été très mal reçue sur les réseaux sociaux par les fans. Ceux-ci, qui critiquent le risque de disparition de Spa ou du Grand Prix de France, y voient une nouvelle pierre à cet édifice américanisé qu’ils déploraient déjà.
Mais pour Liberty et ses partenaires, c’est une valorisation du sport qui ne fait que justifier leur politique. Oui, elle se fait aux dépens de certaines traditions et certains codes, et oui, cela amène des situations quelques peu grotesques.
Mais tout cet argent généré contribue à la bonne santé financière de la F1, et en conséquence, à celle des dix équipes qui la font vivre. Rappelons qu’il y a tout juste deux ans, quatre d’entre elles étaient menacées de disparition ou venaient d’éviter la faillite, dans la difficile période du Covid-19.
Aujourd’hui, la valorisation de la F1 est en hausse, toutes les équipes génèrent de l’argent et les changements culturels en cours n’ont pas fait baisser les audiences, au contraire.
Liberty a d’ailleurs boosté ses manches dites populaires, avec des audiences record au Canada, en Grande-Bretagne ou encore en Australie cette saison. A Melbourne, 420 000 personnes ont fréquenté le circuit sur l’ensemble du week-end, un record absolu pour la Formule 1.
Ne pas retomber dans l’élitisme de l’ère Ecclestone
Désormais, Liberty Media et la F1 vont faire face à une vieux proverbe : le mieux est l’ennemi du bien. La discipline est sur de très bons rails, et l’expansion du calendrier ainsi que l’arrivée de Las Vegas vont certainement renforcer cette position.
Mais depuis le rachat de la F1 à Bernie Ecclestone, les propriétaires américains ont tout fait pour rendre le sport à ses fans. L’engagement sur les réseaux sociaux est bien meilleur, l’image de la discipline est bien plus dynamique, et l’apparence d’écosystème hermétique qu’avait créé Ecclestone a disparu.
Mais en créant des événements du type de Las Vegas, la Formule 1 doit se méfier de ne pas verser de nouveau dans un élitisme qu’elle a passé cinq ans à chasser, en redevenant ce sport inaccessible qu’elle était autrefois.
Les deux aspects sont toutefois conciliables, il n’y a pas de doute à ce sujet. Avec 24 ou 25 manches au calendrier, il y aura de la place pour avoir deux Superbowls, des courses dans des pays peu intéressés mais bons payeurs, et des Grands Prix qui attirent un large public dans des pays que l’on peut considérer comme les berceaux de la F1.
C’est même probablement la formule qui fonctionnerait le mieux, pour continuer à gagner de l’argent tout en restant proche du peuple. A condition, bien sûr, que le prix des billets des autres Grands Prix n’augmentent pas, eux aussi.
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