’Chaque dimanche est une torture’ : Briatore accepte les difficultés d’Alpine F1 pour une seule raison
"Nous prendrons notre revanche" en 2026, espère l’Italien
Alpine F1 vit sa pire saison en catégorie reine, avec la dernière place au championnat du monde des constructeurs et aucun top 5 en course. Et alors que l’équipe avait sauvé sa situation au Brésil avec un double podium d’Esteban Ocon et Pierre Gasly l’an dernier, une telle éclaircie n’est pas à l’ordre du jour ce week-end à Interlagos.
Flavio Briatore reconnait que l’équipe vit un enfer et que garder la motivation des troupes est difficile. Celui qui est le responsable de l’équipe depuis le départ d’Oliver Oakes et malgré l’arrivée de Steve Nielsen au rang de team manager explique que tout cela est accepté avec l’idée de faire mieux en 2026.
"Nous sommes ici pour gagner" a déclaré Briatore à The Race. "Nous ne sommes pas ici pour faire du tourisme autour du monde. Cette situation est très difficile pour nous. Je n’y suis pas habitué. Je m’y étais habitué il y a 20 ans, mais aujourd’hui, chaque dimanche est une torture. Vous n’avez aucune chance."
"Vous arrivez sur place et vous voyez les mécaniciens monter le garage, travailler très dur. Puis vous regardez tous ces gens faire de leur mieux, et vous n’avez pas la possibilité de profiter de la course, de rentrer chez vous avec des points. C’est très frustrant. J’espère que l’année prochaine, nous prendrons notre revanche !"
Il explique pourquoi Alpine a décidé d’abandonner dès le début de la saison sa voiture 2025 pour tout miser sur 2026. Le fait d’être la dernière force du plateau est assumé par la volonté de tout tenter sur la future A526.
"Nous n’avons pas la capacité de développer la voiture 2025 et la voiture 2026. C’était notre conviction lorsque nous avons pris cette décision, mais c’était un peu sous-estimé, car tout le monde a fait un meilleur travail que nous."
"Au début, notre voiture était sixième ou cinquième. Après cela, tout le monde a beaucoup amélioré sa voiture, et nous ne sommes pas là où nous espérions être. C’est pourquoi nous avons pris le risque de mettre tous nos efforts dans la voiture de 2026."
Détaillant les conditions de son retour, il révèle qu’une discussion avec Luca de Meo l’avait convaincu de revenir, car il sentait que la gestion n’était pas bonne et qu’il pouvait insuffler quelque chose de positif dans son ancienne équipe.
"Je connaissais Luca bien avant la F1, et à un moment donné, voir l’équipe Renault dans cet état était vraiment difficile, car c’était mon équipe. Vous savez, je suis de retour à Enstone, dans le même bureau qu’il y a 20 ans. J’ai fait partie de cette équipe à trois reprises !"
"Nous avons discuté, et j’ai dit à Luca que s’il avait besoin d’aide, je l’aiderais, car je suis déçu. L’équipe était dirigée par des Français, depuis Paris. La F1 est déjà difficile à gérer au quotidien depuis le bureau, à Enstone. Alors la gérer depuis Paris, c’est impossible."
L’Italien aborde le problème de Renault et le retard en performance, justifiant celui-ci par l’accumulation d’un manque de moyens qui a coûté cher au Losange. Selon lui, le développement du V6 hybride de 2014 n’a pas reçu assez d’investissement.
Il déplore aussi que le retour officiel en 2016 ait manqué de moyens pour revenir au niveau des top teams, et ce n’est pas faux, même si Cyril Abiteboul avait fait d’Alpine la quatrième force du plateau. Mais après ces reproches, on s’étonne que Briatore suive la même philosophie en réduisant les coûts au maximum.
"Avec les nouvelles règles concernant les moteurs, Renault ne prenait peut-être pas au sérieux, à l’époque, l’idée d’aligner ses coûts de fabrication sur ceux souhaités par la FIA. Tout le monde investissait beaucoup d’argent. Je parle ici de Mercedes, Honda et Ferrari."
"Renault semblait se contenter de maintenir son niveau d’investissement, comme si tout allait bien. Je ne cherche pas à blâmer qui que ce soit, je pense simplement que c’est ainsi que les choses se sont passées. À l’époque, le président était Carlos Ghosn, et peut-être que la direction n’avait pas le courage de dire à Carlos qu’il fallait prendre la F1 au sérieux."
"Nous en voyons aujourd’hui le résultat. En attendant, je pense que Renault a fait de son mieux. Mais si vous n’avez pas les ressources nécessaires, il est très difficile d’être compétitif. Viry a fait de son mieux. Famin était là, il a fait de son mieux."
Briatore a commencé son histoire avec Renault après le titre de Michael Schumacher en 1994, obtenu avec le V8 Ford, qu’il voulait remplacer avec le puissant V10 de Viry-Châtillon : "Je me souviens avoir lutté comme un fou pour obtenir le moteur Renault en 1995, car Williams m’en empêchait."
"À l’époque, Renault avait le meilleur moteur de F1. Pour obtenir un moteur Renault, j’ai acheté Ligier moi-même. J’ai retiré le moteur de Ligier, je l’ai donné à Benetton, puis j’ai donné à Ligier le moteur Honda."
"Pour moi, Renault représentait le meilleur moteur au monde. En 1995, nous avons remporté 80 % des courses avec le moteur Renault. Je sais donc que pour Renault, ce fut un choix difficile. Mais si vous voulez être compétitif, vous devez disposer des mêmes armes que tout le monde."
Plus précisément, Benetton avait remporté 64 % de victoires, et c’est le moteur Renault avec Williams qui avait atteint 94 % de victoires, Briatore enjolivant comme souvent les statistiques brutes en sa faveur.
Avec le moteur Mercedes l’année prochaine, Briatore estime que la situation d’Alpine peut changer radicalement. Il ne suggère pas un revirement spectaculaire qui permettrait à l’écurie de se battre pour le titre, mais il pense qu’elle peut créer quelques surprises.
"Je veux que nous soyons dans les six premiers. Quand vous êtes sixième ou septième, vous prenez le départ de la course et vous sentez déjà le podium. Quand vous êtes 14e ou 15e, vous pouvez oublier. Mon rêve, si vous voulez, c’est d’être compétitif, d’être à ce niveau-là."
Certains pourraient se demander si ces aspirations pour l’année prochaine sont réalistes, compte tenu du retard actuel d’Alpine. Mais s’il y a une chose que Briatore aime par-dessus tout, c’est de prouver que les sceptiques ont tort.
"C’est un très, très, très grand défi. Mais je n’ai jamais relevé de petits défis. Avec Benetton, les gens se moquaient de nous parce que nous étions des fabricants de t-shirts. Je me souviens que Ron Dennis m’avait dit que je n’avais pas le sport automobile dans le sang. Et nous avons remporté des courses sans avoir le sport automobile dans le sang."
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