Au milieu des hommages à Dilano van ’T Hoff, la F1 s’en prend à Spa
Le jeune pilote de FRECA s’est tué en Belgique
Le week-end des 24 Heures de Spa-Francorchamps a été endeuillé par le décès durant la course de FRECA de Dilano van ’T Hoff, pilote néerlandais de 18 ans. Dans la ligne droite de Kemmel, quelques dizaines de mètres après le Raidillon, le pilote a tapé le rail, est revenu sur la piste et a été percuté par un de ses concurrents.
Grièvement blessé, il a succombé à ses blessures quelques minutes plus tard. Bien que l’heure ne soit pas encore à la polémique, les circonstances de l’accident ont de quoi interroger. En effet, la course était dans son dernier tour, sous une pluie battante.
Alors que l’on semblait se diriger vers une fin de course sous Safety Car, la direction de course a relancé l’imposant peloton pour un seul tour de sprint sous des trombes d’eau. Une décision qui n’est pas sans rappeler celles de la F1 récemment, où le "tout spectacle" prime sur la conscience du sport.
Mais pour les pilotes de F1, c’est surtout le circuit de Spa-Francorchamps qui est aujourd’hui dans le viseur, après cet accident qui n’est pas sans rappeler celui qui a coûté la vie à Anthoine Hubert, le funeste 31 août 2019, en haut du Raidillon.
"On risque notre vie à chaque fois"
Lance Stroll a été un des plus vocaux après la journée de compétition en Autriche, réclamant des changements plus importants à Spa-Francorchamps. Malgré les énormes travaux effectués à la sortie du Raidillon pour éviter que les voitures ne rebondissent sur la piste, le tracé belge a encore tué, et le pilote Aston Martin F1 s’en est ému.
"Ma tête est ailleurs que sur la course. On a perdu un pilote à Spa aujourd’hui, un jeune garçon, Dilano. C’est une journée tragique, on a perdu un membre de la communauté de la course automobile, et ce qui s’est passé est injuste, ça me brise le cœur" a déclaré Stroll, avant de s’attaquer à Spa-Francorchamps.
"Ce virage doit changer, on le dit depuis de nombreuses années. On a perdu deux garçons en quatre ans maintenant, ce virage doit être changé. Chaque année, on attend qu’un accident arrive. Chaque fois qu’on y va, on met notre vie en jeu, c’est trop dangereux. On y sera dans quelques semaines, et il est temps de penser sérieusement à cela."
Stroll révèle que le GPDA, l’association des pilotes, a déjà discuté de ce sujet, mais que cela n’a jamais débouché sur des discussions avec les autorités : "Nous en avons discuté, mais ça ne va jamais au bout. Il faut changer les choses. Ils doivent faire quelque chose. Nous allons jouer avec le feu encore une fois."
"Et pas seulement nous, les gamins en F2, ceux en F3, tous ceux qui passent dans ce virage chaque week-end de course. Même si c’est sec et que quelqu’un perd sa voiture, c’est un virage aveugle, vous percutez le mur et vous revenez au milieu de la piste. Une voiture vous fonce dessus à plus de 300 km/h, vous êtes foutu."
Verstappen s’interroge sur les circonstances globales
Max Verstappen a déploré le décès de son jeune compatriote et a tenu à avoir une pensée pour lui, ses proches et son équipe, ainsi que les autres pilotes de l’accident. Le pilote Red Bull questionne le fait de courir dans ces conditions et s’agace de drames évitables.
"Je ne le connaissais pas personnellement. Bien sûr, c’était un pilote de course hollandais en devenir, qui avait les mêmes rêves que nous à cet âge, celui d’arriver en F1. C’est incroyablement triste pour toute la famille et toutes les personnes impliquées, et l’équipe MP Motorsport que je connais bien" a déclaré Verstappen.
"Nous devons nous pencher sur ce genre de situation. C’est facile de blâmer la piste, mais je pense qu’en regardant la pluie en piste, il y a des choses que nous devons étudier pour l’avenir, ce que nous pouvons faire de mieux pour protéger les pilotes, parce que je pense qu’aujourd’hui, c’était évitable."
Ocon n’est pas surpris
Passé lui aussi par la Formule Renault, Esteban Ocon a expliqué avoir déjà subi un accident du même type, sans être heureusement percuté par la suite. Selon lui, la FIA et les promoteurs devraient se pencher sur ces dangers évitables.
"Évidemment, ce n’est pas quelque chose que nous voulons entendre après la journée d’aujourd’hui" s’est désolé le Français. "Toutes mes pensées vont à la famille. J’ai connu cette situation dans le passé en Formule Renault et je dois dire que ces incidents ne devraient pas se produire."
"Il y a donc beaucoup à apprendre de ce côté-là. Souvent, ces incidents sont dus au mauvais temps, à la mauvaise visibilité et je me suis déjà retrouvé dans la même situation où je cherchais à voir où j’allais."
Il note aussi que le peloton de la Formula Regional European Championship by Alpine, avec 36 pilotes, est trop chargé : "Je ne voyais rien et il y avait une voiture sur la gauche, quand ça m’était arrivé en Formule Renault. Il y a donc quelque chose à apprendre avec autant de voitures en course et c’est évidemment un jour très triste pour le sport automobile."
"On a perdu assez de jeunes talents"
Très touché par le décès de son ami Anthoine Hubert en 2019, Pierre Gasly a lui aussi critiqué le fait que de tels incidents se produisent encore. Le pilote Alpine F1 appelle à des changements drastiques pour qu’il n’y ait plus de morts sur le circuit de Spa.
"Je pense que nous sommes tous choqués et extrêmement tristes de ce qui s’est passé. Et cela nous rappelle des moments évidemment très tristes, avec ce qui est arrivé à Anthoine il y a quelques années. Cela semble tout simplement injuste" a répondu un Gasly attristé.
"Nous ne devrions jamais nous retrouver dans une telle situation, à perdre de jeunes talents. Il est donc évident qu’il faut revoir ce qui s’est passé exactement et s’assurer que de tels scénarios ne se reproduisent plus à l’avenir. Parce que je pense qu’on a perdu assez de jeunes talents de cette manière, et c’est évidemment extrêmement triste."
Selon lui, les décès d’Anthoine Hubert et Dilano van ’t Hoff étaient évitables : "J’espère vraiment que toutes les personnes impliquées dans la sécurité et qui veillent à la sécurité de tous les pilotes vont prendre des mesures."
"Parce que ce n’est pas la première fois, et cela n’aurait jamais dû se produire. Nous n’aurions jamais dû nous retrouver dans une telle situation il y a quelques années déjà, et il faut absolument revoir la situation."
Alonso y voit aussi d’autres causes...
Fernando Alonso craint que la manière dont est fait le tracé de Spa-Francorchamps soit en grande partie responsable de ce problème. C’est dû selon lui aux monoplaces, spécialement en F1, même si le problème tend à se généraliser.
"Je ne sais pas vraiment si c’est la piste ou si c’est juste la vitesse et la visibilité" a déclaré l’Espagnol. "Je pense que la chose la plus importante est la . Ce n’est pas que nous ne soyons pas capables de conduire sur le mouillé, mais quand nous voyons tous ces drapeaux rouges, des retards, et les fans sont frustrés à la maison."
Alonso pense que la pluie est aujourd’hui un gros problème en sport automobile, compte tenu des vitesses et des projections : "C’est la façon dont les monoplaces fonctionnent aujourd’hui, et la visibilité est si mauvaise que nous ne pouvons pas conduire sur certains circuits à certaines vitesses. Je ne sais donc pas si c’est un problème propre à Spa."
"Je pense qu’à Monza, si vous trouvez une voiture au milieu de la ligne droite, vous ne la verrez pas. Il s’agit donc simplement d’une mauvaise visibilité. Nous ne pouvons pas nous permettre de revivre ce qui s’est passé aujourd’hui. Il faut que ce soit la dernière fois que cela arrive."
... mais est prêt à supprimer le Raidillon de l’Eau Rouge
Interrogé sur la possibilité de devoir sacrifier le Raidillon de l’Eau Rouge, virage adoré des pilotes et des fans, Alonso estime que ce serait un moindre mal si ça peut éviter de nouveaux drames : "Oui, bien sûr. Personne ne veut voir d’accident problématique ou dangereux."
Enfin, le double champion du monde soulève évidemment un autre point important : de tels risques sont aussi pris sur d’autres circuits. Outre Monza qu’il a déjà cité, on pense notamment à Mexico, et ses vitesses de pointe à 360 km/h entre les murs.
Il y a aussi Bakou, qui est selon lui aussi accidentogène. Il y voit toutefois moins de danger, malgré une ligne droite qui se passe à 360 km/h entre les murs également. Il tempère cela avec une meilleure visibilité due aussi à la largeur de la piste.
"Comme je l’ai dit, je pense qu’il y a des circuits urbains... si vous avez un accident à Bakou, vous serez toujours sur la piste. Vous serez toujours renvoyé sur la piste, mais vous êtes à 120 km/h et la visibilité est bonne. Quand vous êtes à 300 km/h, vous ne voyez plus rien."
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