Volte-face de Honda en F1 : Horner regrette-t-il le projet Red Bull Powertrains ?

Il est reconnaissant à Honda d’avoir permis le projet

Par Alexandre C.

26 mai 2023 - 18:33

Quand Honda a annoncé son retrait de la F1, Red Bull a, peu de temps après, lancé le grand projet Red Bull Powertrains, pour devenir son propre motoriste ; ce n’est qu’après que Ford est entrée dans la danse pour aider Red Bull sur la partie batterie et électrique.

Or, depuis, Honda a finalement fait part de son intention de rester en F1… ce qui deviendra réalité avec Aston Martin F1 à partir de 2026.

Mais il est trop tard pour Red Bull pour faire marche arrière… Et alors que l’équipe de Milton Keynes a consenti à de gros investissements, tout cela aurait pu être évité sans la volte-face de Honda.

Christian Horner ne regrette-t-il pas finalement ? N’aurait-il pas fallu attendre un peu plus avant de mettre en œuvre le projet Red Bull Powertrains ?

« Il s’agit certainement d’une décision qui nous coûte cher ! »

« Nous avons dépassé le stade de l’équipe-cliente et pour nous, le fait de développer l’unité de puissance sur place, sur le campus, le fait d’avoir une unité de puissance entièrement intégrée au châssis, c’est un avantage significatif. De même qu’avec les synergies que nous avons quand les ingénieurs du moteur et du châssis sont assis les uns à côtés des autres, les avantages sont significatifs. »

Un accord avec Honda n’était-il pas auparavant en discussion pour 2026 ?

« Pour être honnête avec vous, il y avait probablement trop de compromis à faire de part et d’autre pour que cela puisse se faire. »

« C’est à ce moment-là que nous avons décidé de nous engager avec Ford. »

Un vrai bonus pour le long terme

La volte-face de Honda ne laisse donc pas de regrets : avec le partenariat Ford, et une usine moteur à Milton Keynes, Red Bull passera encore à une autre étape, poursuit Christian Horner (encore traumatisé par la période Red Bull-Renault).

« J’ai connu une équipe Red Bull qui avait différentes relations avec différents fabricants de moteurs. Désormais, avoir la possibilité de spécifier certains paramètres dans le moteur et de l’intégrer complètement au châssis, c’est quelque chose de complètement nouveau pour nous. »

« Je pense que nous en avons fait l’expérience dans une certaine mesure avec Honda, mais nous passons maintenant à un niveau supérieur pour la saison 2026. »

Finalement, Christian Horner remercierait presque Honda (pas le directeur financier de Red Bull bien sûr) !

« À bien des égards, nous devrions être reconnaissants à Honda de nous avoir poussés à créer notre propre usine de moteurs et les emplois nécessaires. Nous avons un partenariat aussi maintenant avec Ford, qui est particulièrement excitant pour l’avenir. »

« Aurions-nous pris la même décision en connaissant la décision de Honda aujourd’hui ? Absolument pas. »

« Mais nous l’avons prise et nous nous y sommes engagés. Et plus nous nous sommes impliqués, plus nous avons vu les bénéfices du groupe à long terme. »

La relation avec Honda restera saine

Christian Horner n’a-t-il pas peur tout de même que Honda utilise le savoir accumulé au service d’un redoutable potentiel concurrent, Aston Martin F1, à partir de 2026 ?

« Je pense que c’est positif pour Honda. C’est positif pour la Formule 1. C’est une grande marque et elle a un grand héritage dans le sport. Nous avons bénéficié et continuons de bénéficier, et ce pendant encore deux ans et demi, d’une relation et d’un travail excellents avec eux. »

« Évidemment, ils ont annoncé leur retrait en 2020 et cela nous a obligés à prendre une décision à long terme quant à la meilleure voie stratégique à suivre pour nous. Nous avons créé Red Bull Powertrains, ils ont accepté de devenir un fournisseur technique de Red Bull Powertrains et nous avons bénéficié d’une excellente relation de travail, mais bien sûr maintenant nous sommes partis sur notre propre chemin en tant que manufacturier. »

Christian Horner conclut tout de même en remettant quelque peu en question l’interprétation du règlement 2026 par Honda : initialement, le motoriste japonais considérait que la part de l’électrique était trop faible, avant de changer d’avis…

« Pour moi, cela démontre que le moteur thermique n’est pas encore mort, qu’il y a encore un avenir pour lui. »

« En effet, lorsqu’ils se sont retirés chez Honda, c’était à cause de l’électrification et je pense qu’avec les carburants durables, les émissions zéro et l’orientation de la Formule 1 pour 2026, la combustion est redevenue pertinente pour eux. Alors que c’était quelque chose qui n’était pas du tout à l’ordre du jour. »

« Qui sait, peut-être reviendrons-nous à des V8 et des V10 entièrement durables. Ne serait-ce pas fantastique ? »