Tost a eu peur en découvrant ‘les vieux bâtiments Minardi’ chez Toro Rosso
Les ingénieurs de BMW n’avaient pas compris son choix
Ancien pilote de Formule Ford, directeur d’écurie en F3000 et ingénieur de piste chez BMW, Franz Tost avait été sélectionné, en 2005, par Dietrich Mateschitz, le grand patron de Red Bull, pour devenir le directeur d’écurie de Toro Rosso, l’équipe junior.
Pour le podcast "Beyond the Grid" et alors qu’il vient de clore sa longue et riche carrière en F1, Franz Tost s’est souvenu du fameux appel téléphonique de Dietrich Mateschitz lui proposant le job : était-ce d’ailleurs une immense surprise pour lui ?
« Ce n’était pas vraiment une surprise pour moi parce que Dietrich voulait que j’aille en Angleterre un an plus tôt déjà, mais j’avais un contrat avec BMW et je lui ai dit : "Ecoute, Dietrich, je vais à Milton Keynes sans problème, mais je ne romprai pas un contrat. Si Mario Theissen [le patron de BMW] me laisse partir, pas de problème". Il a alors appelé Theissen qui lui a dit : "Pas question, Franz reste avec nous". »
« J’ai alors dit à Dietrich : "Désolé Dietrich, je ne peux pas partir parce que je ne romps pas un contrat". C’est l’une de mes philosophies de vie. Je suis resté chez BMW et mon contrat de l’époque stipulait que je pouvais quitter l’équipe si je restais jusqu’à la fin du mois d’octobre. C’était l’option de BMW. »
« L’année suivante, il m’a appelé et m’a dit : "Tu vas maintenant en Italie". Et c’est ce qui s’est passé. »
Devenir directeur d’écurie, était-ce un rêve dans la carrière de Franz Tost ?
« J’étais vraiment impatient de devenir le directeur d’écurie de la Scuderia Toro Rosso. »
« Mais je me souviens que chez BMW, les ingénieurs ne comprenaient pas que j’aille dans ce qui était alors l’équipe Minardi. »
« Je crois que c’était à Suzuka 2005… il y a eu un arrêt aux stands, la Minardi a pris feu et ils (les ingénieurs BMW) se sont tournés vers moi et m’ont dit "bonne chance". J’ai souri tout seul. »
Franz Tost avait beau avoir été averti par ses collègues, il espérait que les infrastructures de Toro Rosso, l’ancienne Minardi, fussent d’un meilleur niveau...
« Au début, j’ai été un peu choqué parce que je m’attendais à mieux. Il n’y avait que deux vieux bâtiments et c’est tout. Il n’y avait pratiquement pas d’atelier d’usinage ou quoi que ce soit d’autre dont on a besoin pour réussir en Formule 1. »
« Mais Mateschitz m’a dit très clairement que la philosophie de l’équipe était, tout d’abord, d’utiliser les synergies avec la technologie Red Bull, puis d’éduquer les jeunes pilotes à partir du pool de jeunes pilotes Red Bull. »
« La raison pour laquelle Mateschitz a acheté cette équipe venait de Bernie Ecclestone et de Max Mosley, qui lui ont dit : "Achète l’équipe, car nous avons besoin de voitures sur la grille de départ". Mateschitz a répondu : "Bien sûr, j’achète l’équipe, mais je ne veux pas construire des infrastructures à Milton Keynes et à Faenza pour qu’elles se fassent concurrence. Ils doivent utiliser les voitures de Red Bull Racing". »
« C’est ainsi que nous avons commencé en 2006. Nous avons utilisé les voitures que Red Bull Racing utilisait en 2005. Je me souviens que ce n’était pas si facile au début, parce qu’il s’agissait d’un moteur à dix cylindres, alors que les autres équipes avaient toutes un V8. Ensuite, nous avons dû installer le restricteur d’air et les commentaires de toutes les autres équipes disaient que les Toro Rosso allaient gagner des courses parce qu’avec le V10, c’est beaucoup plus facile. Ils ont un bien meilleur couple, bla bla bla - la politique comme d’habitude en Formule 1. Mais la restriction était assez sévère, et nous avons concouru au niveau où nous étions censés être. »
Le passage d’ingénieur à directeur d’écurie n’était-il pas trop intimidant pour Franz Tost ? La marche n’a-t-elle pas été trop haute à gravir ?
« Non, c’était fantastique. C’était mon rêve de diriger une équipe de Formule 1. C’était un grand pas en avant. Lorsque j’étais chez BMW, j’étais responsable de toute la partie opérationnelle entre BMW et Williams à l’époque. Mais prendre en charge une équipe, devenir directeur d’écurie, c’est bien sûr une grande liste de choses à faire, qu’il faut accepter. »
« J’aime travailler. Je n’ai pas eu peur d’aller là-bas et de faire cela. J’avais hâte, j’étais optimiste, et c’était un vrai plaisir. »
Dietrich Mateschitz, le meilleur patron du monde ?
Franz Tost se souvient encore avec émotion de ses réunions de travail avec Dietrich Mateschitz, un grand patron qui était apprécié de tous - et un après la disparition du PDG de Red Bull, les souvenirs se sont encore embellis.
« Il était l’une des personnes les plus passionnantes que j’aie jamais rencontrées parce que, si vous parlez avec lui, il était très en avance sur sa façon de penser et ses visions, et il expliquait tout de façon si logique. Il m’a dit : "Franz, tu vas maintenant à Faenza, tu construis l’équipe et tu dois éduquer les pilotes, puis ces pilotes iront chez Red Bull Racing, ils gagneront des courses et des championnats’. »
« Je me disais : "Je sais ce que je dois faire ici". Mais en fin de compte, ça a marché. »
« Je n’ai jamais eu de réunion avec Mateschitz au cours de laquelle j’ai quitté la pièce sans savoir exactement ce qu’il fallait faire. Il n’y a pas eu de discussion, rien. Il faut faire ça, et plus vite". C’est tout. C’était une personne fantastique. Vous ne rencontrerez jamais personne d’autre dans le monde ; Dietrich était une personne unique. »
« La façon dont nous nous sommes rencontrés n’était pas prévue. C’était en 1993. On me l’a présenté au Nürburgring parce que je voulais travailler en Formule 1 chez Sauber. Il était sponsor chez Sauber. C’est là que je l’ai rencontré pour la première fois et nous avons toujours eu des contacts ensemble. »
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