Tim Mayer, le candidat qui veut renverser Ben Sulayem à la FIA
Il dévoile son programme et critique MBS

David contre Goliath ? C’est pour le moment le seul rival déclaré de Mohammed Ben Sulayem, pour la prochaine élection présidentielle à la FIA : Tim Mayer, ancien commissaire en chef de la Formule 1 et fils du co-fondateur de McLaren, Teddy Mayer, est sorti du bois à l’occasion de cette semaine stratégique de Grand Prix à Silverstone.
Mohammed Ben Sulayem aura beau jeu de dénoncer une vindicte personnelle de Mayer : puisque l’an dernier, c’est le président de la FIA qui a licencié (par SMS, dit Mayer) son concurrent de son poste de commissaire FIA, après l’envahissement de la piste au Grand Prix des États-Unis.
Devant la presse, pour présenter sa candidature, Mayer a donc tenu à mettre les points sur les i : il ne veut pas prendre une revanche personnelle sur Mohammed Ben Sulayem !
« J’ai eu une opportunité en novembre. Mohammed m’a relevé de mes fonctions de commissaire en F1, et j’ai eu l’occasion de réfléchir à l’état de la FIA, à l’état de sa direction, à l’état de l’organisation, et de penser qu’il pourrait y avoir une meilleure voie à suivre. »
Mayer s’est ensuite expliqué sur le sens de sa candidature : s’il se présente, c’est bien sûr parce qu’il ne trouve pas bon le bilan de Mohammed Ben Sulayem. Mais dans ce cas, pourquoi avoir attendu d’être viré pour partir de la FIA ?
« C’était une décision capitale. Elle n’a pas été prise à la légère, mais c’était une décision que je jugeais nécessaire. Nous avons parlé à beaucoup de gens. Nous avons eu beaucoup de soutien. La décision d’aller de l’avant a donc été prise vers janvier. »
« Mohammed Ben Sulayem s’est présenté sur de bonnes idées : valeur pour les petits clubs, transparence, réforme. Le message était bon, l’application a échoué. Au lieu de la réforme, nous avons eu du spectacle. »
« Beaucoup de gens qui ont soutenu Mohammed le regrettent avec le recul. »
« Il a dit toutes les bonnes choses : soutien aux clubs membres, en particulier les plus petits clubs des régions mal desservies, soutien à la transparence, à la bonne gouvernance, au leadership en termes d’apport de sang neuf à la direction de la FIA. Tout cela était un bon message. »
« Mais ce leadership qu’il a apporté, il l’a aussi évincé. La transparence qu’il avait promis d’instaurer, il l’a réorientée. »
L’Américain dénonce aussi la gestion très autoritaire de Mohammed Ben Sulayem, qui n’a pas hésité à réformer la FIA pour avoir des institutions davantage à sa main.
« En fait, des membres du Sénat ont été écartés lorsqu’ils ont osé exercer leurs responsabilités en matière d’éthique et de surveillance financière. »
« Voilà donc ce sur quoi il a fait campagne. Voilà ce qu’il a pourtant fait. C’est à des années-lumière. »
« Le mot "corrosif" est idéal pour cette situation. Ce n’est pas un coup unique porté à l’organisation. C’est la mort par mille coupures. Et c’est là le problème. »
« La FIA doit être une organisation respectée ; une organisation bien dirigée, bien gérée, où une vision est articulée, où les gens ont la chance de mettre en œuvre cette vision, et où les gens sont encouragés à venir travailler. C’est ce que je vois de pire. »
Le programme de Mayer : plus d’écoute, moins d’autoritarisme
Alors que les relations entre la FIA et la FOM sont glaciales, Mayer estime quilf faut quelqu’un d’autre pour retendre le fil souvent rompu. C’est le premier axe de son programme. Est-il le candidat de Stefano Domenicali ?
« Je suis quelqu’un qui sait écouter ; donc travailler avec les parties prenantes, écouter les pilotes, écouter les équipes. Et demander : ‘de quoi avons-nous besoin ?’ »
« Il nous faut un ensemble de règles claires et une trajectoire sur 10-15 ans pour qu’ils (les équipes) puissent prendre des décisions d’investissement ; que les pilotes sachent ce qu’ils vont avoir, pour qu’ils aient leur mot à dire sur ce que nous allons obtenir. »
« La FIA n’est pas un promoteur. Ce n’est pas notre travail de promouvoir le championnat. C’est le rôle de la F1. C’est Liberty. »
« Traiter les gens avec respect est une bonne chose, mais pour moi, le débat est le moyen de parvenir à une meilleure décision. »
Ne plus traiter les pilotes comme des enfants !
Mayer a également vertement critiqué Mohammed Ben Sulayem pour sa gestion enfantine des relations avec les pilotes. Il n’a pas oublié les polémiques sur les bijoux ou la longueur des sous-vêtements.
« Quand la prochaine bombe va-t-elle tomber, le prochain scandale éclater ? Quand allons-nous encore nous agiter à propos des sous-vêtements des pilotes alors que cela pourrait être géré par une simple discussion ? Ce n’est pas mal en soi, mais est-ce vraiment ce dont le président de la FIA devrait se préoccuper ? a-t-il poursuivi.
« Les pilotes sont essentiels. J’ai été dans plusieurs championnats. Il ne s’agit pas seulement de la F1. Les pilotes veulent être traités avec respect. Ils veulent être traités comme des adultes. Tout ce qu’ils font est extrêmement risqué, et les traiter comme des écoliers turbulents n’est tout simplement pas juste. »
« Ils doivent savoir que nous les soutenons. Ils doivent savoir que nous nous préoccupons de leur sécurité. Ils doivent savoir que nous respectons le fait qu’ils sont des stars, qu’ils ont une opinion, et que c’est une opinion précieuse. »
« Pour moi, cette relation peut absolument s’améliorer. »
Mayer, étant donné ses précédentes fonctions, se pose en défenseur du rôle des commissaires, régulièrement attaqués pour l’inconstance de leurs décisions.
« Je contesterais l’idée que les décisions des commissaires ne sont pas cohérentes. Nous avons en fait mené des études en arrière-plan et les décisions des commissaires sont remarquablement cohérentes. »
« Nous avons fait des sondages auprès des équipes et des pilotes, leur demandant quelle serait leur décision, et avons découvert que celles-ci s’alignent plutôt bien. »
« C’est le travail des directeurs d’équipe. C’est le travail des pilotes de dire : ’OK, cette décision n’était pas bonne, celle-là non plus’. Cela fait partie du jeu, et il faut s’y attendre quand on est commissaire. Les commissaires disposent de ressources remarquables pour prendre des décisions. »
« Mais la faiblesse ne réside pas chez les commissaires que nous avons, mais dans le fait que nous ne formons pas toute une génération de commissaires pour prendre la relève. »
Mayer n’abandonnera bien sûr pas les programmes diversités renforcés par Mohammed Ben Sulayem, même si ce ne semble pas être un point saillant de son programme.
« J’ai les cheveux gris. Je suis le stéréotype de l’homme blanc de 59 ans. Nous devons travailler avec les femmes dans le sport automobile. Nous devons travailler avec des personnes de couleur du monde entier. »
« Nous devons rechercher des voix diverses. Nous devons faire venir des gens, à la direction de course, de partout. Nous avons des gens formidables qui y travaillent, mais ils ne sont pas soutenus par cette nouvelle génération. »

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