Pourquoi c’était ’difficile’ d’invoquer la force majeure à Las Vegas selon Wolff

"J’agis dans l’intérêt de Mercedes F1 et des 2500 employés"

Par Emmanuel Touzot

6 décembre 2023 - 09:55

Toto Wolff, le directeur de Mercedes F1, assure qu’il était désolé de voir Carlos Sainz injustement pénalisé de dix places sur la grille à Las Vegas. Le pilote Ferrari avait percuté un couvercle de vanne d’eau potable et le changement de pièces l’avait contraint à s’élancer avec une pénalité, mais Wolff juge que le cas de force majeure était difficile à invoquer.

"Ce qui est arrivé à Carlos est absolument injuste et je suis le premier à dire qu’il ne méritait pas ce résultat. Je pense que nous devrions examiner les règles" déclare l’Autrichien. "La force majeure est un cas difficile, mais que se passe-t-il avec les vibreurs ? Si vous détruisez votre voiture en roulant sur un vibreur, nous ne pouvons rien faire."

"Que se passe-t-il si vous roulez sur des bosses avec des pneus froids, comme ce qui est arrivé à Lando [Norris], et que vous percutez le mur ? Les gens vont-ils dire qu’il s’agit d’un cas de force majeure ? Et si une autre voiture vous percute alors que vous n’avez rien fait, est-ce un cas de force majeure ?"

"Personne n’a aimé la situation dans laquelle nous nous trouvions en tant que sportifs, et ce n’est pas seulement ce qui lui est arrivé. Cela a gâché son week-end de course, qu’il aurait peut-être pu gagner. Nous devons donc réfléchir sérieusement à la manière dont nous voulons changer cela."

"J’ai 2500 personnes dont je suis responsable"

Wolff explique que même s’il a ressenti de l’injustice et de la compassion pour Sainz, son rôle en tant que directeur d’une équipe rivale était de ne pas chercher d’arrangement pour l’Espagnol, et même de le bloquer si cela venait à se produire, afin de préserver son équipe.

"En tant que directeur d’une équipe rivale qui se bat pour la deuxième place, je dois tenir compte du règlement et de l’ensemble des actions possibles afin de terminer le championnat à la deuxième place."

"Si le règlement le prévoit, je dois agir dans l’intérêt de l’équipe et de 2500 personnes. Cela aura une très grande différence dans les primes, les gens seraient libres d’agir à la limite du règlement."

"Si nous perdons le championnat de cinq points parce que j’ai agi avec équité sportive alors que le règlement m’aurait permis de pénaliser la voiture, je dois le faire. Et tous les autres directeurs d’équipe le feront, même si c’est injuste. Je dois décider si c’est injuste pour un pilote rival. C’est le cas."

"Mais j’ai 2500 personnes dont je suis littéralement responsable, qui paient des hypothèques et des frais de scolarité. C’est donc une évidence. Je pense qu’il est important que nous nous mettions parfois à la place de l’autre. Je l’ai fait pour Carlos et c’est terrible. Dans l’autre sens, je ne suis pas sûr que l’exercice ait été fait."

Wolff rappelle également que Mercedes a subi une disqualification à cause des bosses d’Austin, et qu’il n’a rien pu faire pour l’empêcher : "Avec la disqualification à cause de notre planche à Austin, nous pouvons dire que les bosses étaient beaucoup plus importantes que prévu et que nous ne pouvions pas les changer."

"C’était un week-end de Sprint et il s’agissait d’un cas de force majeure, où nous avons pris toutes sortes de mesures montrant que les bosses étaient plus importantes que prévu. Pour moi, rouler sur les vibreurs et détruire les patins, c’est enfreindre le règlement. C’est injuste, mais nous n’avons pas trouvé de règlement qui couvre ce genre de choses."

Derek Warwick, qui est commissaire de piste, reconnait que les commissaires sont parfois pieds et mains liés pour ce genre de situations : "C’est un travail difficile pour un commissaire, tout comme pour un arbitre, et nous devons être impartiaux", a déclaré Warwick à Reuters.

"Nous devons être stricts et nous devons être durs parfois, même quand cela nous fait mal. La pénalité que nous avons dû infliger à Sainz à Vegas, c’était mal, c’était mal, nous avons travaillé très dur pour que cela n’arrive pas, mais ce sont les règles."