Pour la FIA, la question n’est pas de savoir si Racing Point a copié Mercedes F1, mais quand

Une chronologie au centre de l’affaire

Par Alexandre C.

18 juillet 2020 - 12:42
Pour la FIA, la question n'est pas

Renault F1 a décidé de cibler les conduits de freins de la RP20 pour contester la légalité de la monoplace rose de cette année. Les conduits de freins, rappelons-le, font partie des pièces listées en 2020… mais ce n’était pas le cas l’an dernier.

De ce fait, il n’était pas illégal, du côté de Mercedes, de faire part à Racing Point des données et des designs de ces conduits l’an dernier. Mais Renault compte bien contester cette interprétation juridique autant que possible.

Nikolas Tombazis, directeur du département monoplace de la FIA, a donc quelques points juridiques à potasser pour bien trancher une controverse peut-être décisive pour le futur de la F1.

La première étape a été la récolte de preuves : après la plainte de Renault, la FIA a mis sous scellé un conduit de frein avant, et un autre arrière, de la RP20, confirme Tombazis. Une même démarche a été menée auprès de Mercedes.

« Dans ce processus, nous avons confisqué huit éléments de ce type à Racing Point lors du dernier Grand Prix. Nous les avons inspectés et avons confirmé qu’ils étaient tous identiques, que toutes les pièces avant étaient identiques les unes aux autres, et il en va de même pour les conduits arrière. »

« C’est pourquoi, avec l’accord des commissaires et de Renault, nous en avons rendu six à Racing Point et nous en avons gardé un avant et un arrière. »

« Nous avons demandé à Mercedes de nous donner les mêmes composants. Quand je dis "les mêmes", je veux dire les composants qu’ils ont utilisés l’année dernière et qui, selon Renault, sont similaires à ceux qu’utilise Racing Point. »

« Et nous avons également demandé à Racing Point et à Mercedes de nous fournir les données de ces composants, afin que nous puissions faire une comparaison détaillée et voir en quoi ils sont similaires et en quoi ils ne le sont pas. Et c’est un processus que nous sommes en train de faire, c’est un travail en cours. »

Mais ce n’est pas le fond de l’affaire selon Tombazis. Ce qui importe, c’est moins la copie (avec transfert ou non de données) que la date de la copie : c’est de voir la date du transfert de cette propriété intellectuelle s’agissant des conduits de freins. Selon Tombazis, si Mercedes avait transmis les designs des conduits une fois que ces pièces étaient listées (en 2020), la faille serait évidente et lourdement sanctionnée. Pour des pièces listées en 2019 comme en 2020 (comme l’aileron avant), l’équation est encore plus simple : si des données ont été transmises, la sanction sera encore plus évidente à infliger.

« Je pense qu’il faut faire une différence, car si le transfert de la propriété intellectuelle a eu lieu sur un composant listé qui était également listé l’année dernière, alors si par exemple, Mercedes avait donné à Racing Point le design de l’aileron avant, qui était listé, il n’y a aucune chance que l’on puisse dire que c’est acceptable selon les règlements. »

« Je pense que Mercedes serait alors très fortement impliquée en tant que co-coupable dans cet exemple particulier. Pour être clair, nous n’avons aucune indication de ce genre. Je pense que les informations qui ont été transmises l’ont été, si tant est qu’elles l’aient été, en tant que composants non listés en 2019. »

Pour le moment, Tombazis semble donc disculper Mercedes...

« Je pense que Mercedes n’est pas impliquée dans cette affaire. Le débat actuel n’est pas de savoir si Racing Point disposait réellement de tels composants en 2019, mais plutôt ce qui s’est passé après cette date, en prenant comme référence la date à partir de laquelle ces pièces ont rejoint la catégorie des pièces listées. »

« Je pense que c’est le nœud du problème. Dans ce cas particulier, je ne pense pas qu’il y aura un grand débat sur ce qui s’est passé. Je pense que le débat portera sur la question de savoir si ce qui s’est passé est en violation des règlements ou non. Je ne pense pas que nous ayons besoin d’être des détectives. Nous devrons être plus philosophes ou avocats, mais pas détectives. »

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