Marketing, soirées, politique… Liuzzi se souvient des débuts de Red Bull en F1
Comment il a attiré Horner à Milton Keynes

Christian Horner dirige Red Bull depuis désormais 20 ans en F1 – il est arrivé en 2005, lorsque Jaguar est devenue Red Bull. À la clef de ces deux décennies, on trouve un bilan bien évidemment exceptionnel, que ce soit sous l’ère Sebastian Vettel ou l’ère Max Verstappen aujourd’hui.
Mais en réalité, Christian Horner, qui dirigeait alors une équipe de F3 (Arden International) n’aurait sans doute pas pu arriver à son poste sans… Vitantonio Liuzzi (un des premiers pilotes de l’ère Red Bull). L’Italien venait de remporter justement la F3000 avec Arden (l’équipe de Horner), et c’est lui qui se fit le meilleur avocat de Christian Horner pour diriger Red Bull, comme il l’a raconté récemment.
« Je me sens fier d’avoir fait partie des débuts de Red Bull, car, d’une certaine manière, je soutenais la structure de l’équipe, et, disons-le, je conseillais un peu sur la manière de tout assembler. »
Liuzzi a donc influencé la décision de Marko et Mateschitz. Mais comment influencer de tels pontes ?
« J’ai remporté mon championnat de Formule 3000 avec Christian Horner. »
« En quelque sorte, j’ai joué un rôle dans le rapprochement entre Christian Horner, Red Bull et le Dr. Marko, car nous avons beaucoup discuté pour déterminer qui serait la bonne personne pour diriger l’équipe. »
« Je poussais toujours pour Christian Horner, parce qu’il était un directeur d’équipe incroyablement intelligent, et il l’avait déjà montré chez Arden, son équipe, quand j’ai remporté le championnat. »
« Je suis heureux d’avoir contribué à ce mariage il y a de nombreuses années. C’était incroyable. »
Pour autant, les premières années de Red Bull ne furent pas faciles. L’héritage Jaguar était difficile à solder et Red Bull dut vraiment attendre 2009 pour faire un bond en performance pure.
« Les premières années n’étaient pas faciles, car il y avait beaucoup de politique interne » rajoute Liuzzi.
« Nous avions Dany Bahar, Niki Lauda, Thomas Überall – beaucoup de personnes impliquées cherchant à avoir du pouvoir. Les deux ou trois premières années étaient difficiles, mais après 2007, tout a commencé à s’éclaircir, et c’est là qu’ils ont effectué le grand tournant. »
Et comment se débrouillait Christian Horner dans ce nid de crabes ?
« Christian était incroyablement organisé. Tout était imprimé dans sa tête, et il savait où il voulait aller et comment y arriver. »
« Il peut être très politique quand il le faut. Il sait comment parler, et il est extrêmement intelligent. Ce sont ces qualités qui lui ont permis d’atteindre sa position actuelle, et il mérite pleinement sa place. »
« Il a l’approche britannique, ce qui est également très important lorsqu’il s’agit de Formule 1. »
« Je pense que ce sont les qualités d’un directeur d’équipe, et c’est pourquoi ils l’ont fait arriver là où il est maintenant, et il a pleinement mérité son poste. »
Liuzzi a quant à lui manqué de sens politique.
« Beaucoup de fois, j’ai perdu mon baquet à cause de cela. Mais c’est la nature du business. Vous devez être fort sur tous les fronts. »
En 2005, Liuzzi avait vécu une année très inconfortable, puisqu’il devait régulièrement échanger son propre baquet avec Christian Klien ! Un signe que Red Bull se concentrait alors plus sur le marketing que sur la performance.
« En 2005, l’équipe se concentrait davantage sur les fêtes et le marketing que sur la production d’une voiture ultra-rapide. »
« Mais, en coulisses, l’équipe travaillait dur, et c’était incroyable de voir la structure grandir. »
« Si je regarde derrière moi, je préférerais avoir une voiture Red Bull super rapide en 2005 plutôt que du marketing et de la fête. »
« Mais je suis toujours fier et heureux de ce qui a été accompli pendant la période où nous avons posé les bases. J’ai aidé l’équipe à grandir, à mettre en place les bases et à développer la voiture. »
Helmut Marko, la terreur au téléphone ?
Terminant sa petite rétrospective, Liuzzi a enfin évoqué les fameux appels téléphoniques très matinaux d’Helmut Marko. Cela le fait encore trembler aujourd’hui !
« Avec le Dr. Marko, les conversations étaient toujours très courtes et directes. Tout le monde sait comment il est. »
« Je dois dire qu’au début, quand je suis entré dans le monde du sport automobile et que j’ai dû traiter avec lui, voir le nom du Dr. Marko apparaître sur le téléphone suffisait à me faire trembler, car on ne savait jamais dans quel état d’esprit il répondrait. »
« Parfois, il ouvrait la conversation en criant ! Mais j’ai toujours aimé travailler avec lui, car c’est une personne très directe. Avec lui, le blanc est blanc, et le noir est noir. »

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