Le ’coup de maître’ d’Andretti pour tenter d’entrer en F1
Peut-on vraiment dire non à General Motors ?
Un ancien dirigeant d’équipe de Formule 1 a salué l’approche de Mario (photo) et Michael Andretti pour entrer dans le sport, estimant que les autres écuries et la F1 étaient désormais sous pression.
Début Janvier, Andretti annonçait qu’il bénéficiait de l’appui d’un grand constructeur pour devenir la 11e équipe sur la grille de départ, et pas des moindres puisqu’il s’agit du géant américain General Motors, désireux de faire son entrée par l’intermédiaire de la marque Cadillac.
Si Mohammed Ben Sulayem, le président de la FIA, saluait cette association, la F1 et les autres équipes ont en revanche accueilli la nouvelle de façon plus que mitigée, car peu désireuses de partager davantage les revenus financiers.
Mais selon Peter Windsor, qui était autrefois team manager de Ferrari et Williams F1, Andretti a réalisé un "coup de maître" car il sera bien difficile pour les opposants au projet de le rester bien longtemps.
"L’approche de Michael est la suivante : ’OK, je vais essayer d’entrer en Formule 1 en tant que Michael Andretti et je verrai ce qui se passe’."
"Toutes les équipes existantes vont lui dire : ’Bienvenue Michael, mais non, tu n’as pas le droit à une part du gâteau. Si tu veux entrer, tu dois racheter l’une d’entre nous’."
"Et Michael leur répondra : ’Je ne vais pas gaspiller mon argent en rachetant l’une d’entre vous, je veux ma propre nouvelle équipe et la gérer à ma façon, et elle sera Andretti Global’. Et les autres diront : ’Eh bien, ça n’arrivera pas’."
"Mais maintenant, avec l’association potentielle avec General Motors et Cadillac en tant que fournisseur de l’unité de puissance, ce n’est plus un problème d’avoir à convaincre les équipes de le laisser créer une nouvelle structure, parce que je pense que Liberty Media sera vraiment désireux de le faire."
"Je pense que c’est un coup de maître de Michael Andretti, car il utilise le lien General Motors et Cadillac pour dire à la Formule 1 : ’Vous ne voulez pas d’un motoriste américain de la taille de General Motors en F1 ? Vous en êtes sûrs ?’"
"C’est quelque chose d’assez important. Et c’est bien sûr à Liberty de dire aux équipes existantes : ’Désolé les gars, ça va arriver et ça vous sera bénéfique à tous’."
"Maintenant, s’ils doivent commencer à payer un montant supplémentaire pour compenser l’argent que les équipes perdent au profit d’Andretti, c’est un autre problème. Probablement qu’ils ne le feront pas et je suis sûr qu’ils ne voudraient pas le faire."
"Mais Liberty essaiera de leur dire que grâce à ça, General Motors ouvrant la porte à l’argent des grandes entreprises américaines, la Formule 1 deviendra encore plus grande aux Etats-Unis et en tant que groupe, en tant qu’entreprise, en tant qu’industrie, que tout le monde aura plus d’argent en conséquence et nous avons maintenant trois courses aux États-Unis pour le confirmer."
"C’est probablement ce qu’ils vont dire et je soupçonne que c’est ce qui va se passer."
"Certaines équipes diront : ’Oui, OK, c’est logique’, et d’autres diront ’ : ’Pas question de laisser Andretti avoir une part de mon gâteau’. C’est l’éternel problème."
Il sera "difficile pour la F1 de dire non" à General Motors
Avec la mise en place d’un nouveau règlement moteur qui entrera en vigueur en 2026, Audi a déjà annoncé qu’il rejoindrait le sport à cette échéance. Mais à la différence d’Andretti, qui veut construire une structure à part entière, le constructeur allemand s’est lui associé à une équipe déjà existante, à savoir Sauber.
Et si certaines écuries disent craindre que l’arrivée potentielle de General Motors ne soit en réalité qu’une manière pour le constructeur d’afficher le nom de sa marque en F1, Windsor estime que voir la discipline le rejeter n’aurait pas beaucoup de sens.
"En raison du changement de règlementation moteur en 2026, et parce que la FIA et Liberty disent : ’Nous avons rédigé ces règles pour encourager les nouveaux constructeurs à venir dans le sport, tels qu’Audi ou General Motors’, il devient difficile pour la F1 de dire non".
"De toute évidence, Audi arrive avec une équipe existante et c’est ce que les autres équipes aimeraient. Elles aimeraient que General Motors les appelle et leur dise : ’Écoutez, nous aimerions financer votre unité de puissance pour les dix prochaines années et, en gage de bonne foi, nous aimerions transférer un demi-milliard de dollars sur votre compte demain et nous avons trois autres milliards à venir dans les cinq prochaines années’."
"C’est ce que chaque équipe de Formule 1 actuelle aimerait voir se produire. Mais ça n’arrivera pas."
"Bonne chance à Michael pour se battre contre le courant, car il a trouvé un bon angle d’argumentation, à savoir : ’Vous voulez vraiment dire non à General Motors ? Parce que je peux vous dire que la seule façon de les faire venir, c’est avec moi, et si vous dites non, alors il n’y aura pas de General Motors en Formule 1’. C’est un gros coup de pression."
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