La F1 peut-elle devenir plus populaire que la NASCAR aux USA ?

Austin a failli être une course 100 % urbaine

Par Alexandre C.

12 novembre 2022 - 15:21
La F1 peut-elle devenir plus populaire

Promoteur du Grand Prix d’Austin au Texas, et un temps même intéressé pour racheter l’équipe Manor en F1, Tavo Hellmund est un homme discret, mais à succès : c’est bien à lui que l’on doit le retour de la F1 aux États-Unis, et plus particulièrement au Texas.

C’est encore lui qui a poussé à la construction de ce qui est aujourd’hui le COTA, dans le sud d’Austin. Lui qui a aidé le Mexique à revenir en F1 2015. C’est enfin lui qui a conseillé Miami pour organiser son premier Grand Prix.

En bref, à l’heure où la F1 compte accroître sa présence aux États-Unis, Hellmund est un homme qui compte de plus en plus aussi. Mais qui est-il vraiment ?

« La F1, la course auto, ont été ma vie » commence-t-il par confier à l’Austin Business Journal.

Ce qui n’est d’ailleurs pas tout à fait vrai : Hellmund est ainsi le PDG de SportsTek, une entreprise qui possède des clubs de ‘soccer’ (Cancun FC au Mexique, CD Leganes en Espagne).

Pourquoi tout d’abord, Hellmund avait choisi Austin, la capitale du Texas, pour y faire revenir la F1 ? Pourquoi Austin et pas Dallas, San Antonio, etc. ?

« Je savais qu’Austin présentait toutes les caractéristiques nécessaires pour accueillir des événements mondiaux de grande envergure. Vous avez un bon secteur de l’hôtellerie, des divertissements dynamiques pour que les gens puissent venir et faire un voyage de trois, quatre, cinq ou six jours. »

« Du point de vue de la connectivité, c’était logique. L’aéroport, si vous vous souvenez à l’époque, commençait lentement à s’étendre. Et je savais, j’avais parlé aux gens de British Airways, quand nous avons fait l’annonce, je savais qu’une course en F1 allait déclencher la possibilité d’un vol direct vers Londres. »

« Il fallait une certaine vision de la part de la F1, parce qu’à l’époque, Austin n’était pas aussi célèbre que Montréal ou Monaco, par exemple. Mais je pense qu’aujourd’hui... chaque fois que je côtoie les gens de la F1, que ce soit ici au Grand Prix des États-Unis ou ailleurs, ils me disent tous qu’ils adorent Austin. »

Hellmund a-t-il aussi toujours pensé à construire un circuit en banlieue d’Austin ? N’a-t-il pas envisagé ce qui est à la mode, comme d’ailleurs à Las Vegas et Miami, c’est-à-dire un circuit urbain ?

« A un moment donné, j’ai presque pensé à ne faire qu’un circuit urbain, et j’ai presque décidé de le faire juste après que nous l’ayons annoncé. Oui, j’avais ce circuit, mon circuit de rêve tracé sur une serviette de table. ... La question s’est alors posée de savoir s’il n’était pas plus judicieux d’opter pour un circuit en ville, où les dépenses d’investissement seraient plus élevées sur une base annuelle et permanente, mais où il ne serait pas nécessaire de dépenser 150 à 300 millions de dollars pour construire un circuit de F1. »

« Je pense que la preuve en est que, dix ans plus tard, nous avons fait ce qu’il fallait. Nous avons pu réunir le bon groupe d’investissement à l’époque. ... Il y a bien sûr eu quelques problèmes au démarrage, mais tout s’est déroulé de manière très positive et je pense que la ville et l’État en sont très fiers. »

A l’époque, pour faire revenir la F1 aux USA, Hellmund avait dû traiter avec Bernie Ecclestone... s’était-il montré aussi accueillant que peuvent l’être aujourd’hui les dirigeants de Liberty Media ?

« J’ai toujours essayé d’être une éponge quand j’étais près de Bernie en grandissant. J’essayais de voir les choses que je pensais qu’il faisait mieux que n’importe qui d’autre dans le monde, puis je faisais attention à certaines des choses qu’il pouvait améliorer. »

La F1 dominatrice aux USA ?

Si la F1 est en pleine croissance aux USA, c’est donc certes grâce à Netflix et Drive to Survive, mais aussi grâce à ce qu’a pu accomplir Hellmund.

La F1 peut-elle un jour détrôner l’IndyCar ou la NASCAR dans le cœur des Américains ? Voire devenir le sport le plus populaire dans le pays ?

Et pour ce faire, combien de Grands Prix la F1 devrait organiser aux USA ? Quatre, cinq, plus ?

« Vous savez, je pense que trois Grands Prix est probablement le niveau auquel ils devraient s’en tenir aux États-Unis. Les trois lieux sont si différents, les événements sont si différents. »

« La NASCAR sera toujours - et je le dis avec beaucoup d’affection et d’amour, j’ai couru en stock-car à une époque et j’ai beaucoup de bons amis là-bas… je pense que leur produit sera toujours attrayant et qu’il sera toujours fort. Mais il est clair que la Formule 1 est la forme la plus importante et la plus populaire de sport automobile dans le monde. »

En dernier ressort, Hellmund se dit certes aujourd’hui fier du travail accompli, mais aussi fatigué. Il ne se verrait plus trop se dépenser pour la F1 comme Stefano Domenicali par exemple !

« Mes ex-partenaires, eux aussi devraient être fiers... Ils font un excellent travail. Ce n’est pas facile. On m’a proposé plusieurs rôles, des rôles officiels dans l’écosystème de la Formule 1. Et c’est juste, c’est un travail brutal. Et je ne peux pas le faire, je ne peux pas aller à 23 Grands Prix. Je ne veux pas être dans un avion 250 jours par an, que ce soit du côté de l’équipe ou du côté de la direction. Mettre Austin et le Mexique ensemble m’a vraiment demandé beaucoup d’efforts, et j’ai manqué beaucoup de ma fille aînée, qui est maintenant bien sûr adulte. C’est dur - tout le monde pense de l’extérieur que ça a l’air chic et glamour, mais c’est un chemin difficile. »

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