La F1 au bord de la rupture ? Sainz veut changer le format des GP
La FOM peut-elle écouter plus les pilotes ?
La F1 a-t-elle atteint le point de rupture ? Avec 23 Grands Prix cette année, 24 l’an prochain… Avec des triplés de courses et des décalages horaires parfois démentiels (ainsi en cette fin d’année, la F1 enchaîne Las Vegas et Abu Dhabi…) ; avec encore des obligations marketing et médias à foison, le burn-out ne va-t-il pas devenir la norme et non l’exception dans le paddock ?
Interrogé à ce sujet dans le paddock de Las Vegas, Carlos Sainz, le pilote Ferrari, n’a pas voulu fuir la question. Il se soucie bien sûr moins des pilotes que des mécaniciens en eux-mêmes, qui n’ont littéralement plus de vie en dehors de la F1 pendant des semaines. Tout cela est-il tenable ?
« Nous les pilotes, nous sommes les privilégiés. Nous voyageons en classe affaires ou en première classe. Nous pouvons aller dans les meilleurs hôtels. Nous arrivons le mardi, le mercredi plutôt que le lundi. Nous partons dimanche soir plutôt que lundi matin. Je n’aime pas parler depuis la position privilégiée dans laquelle se trouvent, à mon avis, les pilotes. »
« Oui, c’est vrai que nous sommes sous pression plus que jamais, et puis nous avons beaucoup d’engagements médiatiques. Mais j’ai l’impression qu’au sein de nos équipes, ou parmi les 100 personnes qui se rendent aux courses chez Ferrari, nous sommes un peu plus dans une position privilégiée. Et je n’aime pas me plaindre à cause de ça. »
« Mais pour l’avenir, 24 courses, c’est la limite avec ce genre de calendriers que nous avons actuellement. Je pense que beaucoup d’équipes se lancent désormais dans des programmes de rotation avec des mécaniciens, des ingénieurs, et rien qu’en parlant à beaucoup d’équipes dans le paddock, je vois que c’est de plus en plus le cas. »
A l’avenir, Carlos Sainz fait donc une proposition pour Liberty Media : changer le format des Grands Prix. Pour ne plus courir que sur deux jours ?
« Évidemment, je ne pense pas que l’on puisse alterner les pilotes. »
« Voyons où va le sport. Je suis curieux de voir quelles sont les idées pour la suite, car je crois fermement qu’à l’avenir, il faudra des changements dans le format du week-end ou dans la façon dont nous gérons les événements et les engagements médiatiques. Car 24 courses, ce sera la limite. La limite pour préserver la santé de tous, non seulement des pilotes, mais aussi des mécaniciens et des personnes qui voyagent, cela va être important. »
De son côté le Dr Helmut Marko admet que le choix de Red Bull de faire roules ses deux jeunes pilotes en EL1 à Abu Dhabi a finalement du bon.
« Il y a un décalage horaire de 12 heures avec Abu Dhabi, et il faut se débarrasser du décalage horaire et être à nouveau parfaitement alerte en 3 jours. Nous étions conscients du problème de fuseau horaire, c’est pourquoi nous ferons rouler nos deux jeunes en EL1 vendredi mais nous n’imaginions pas une telle fatigue non plus. Les pilotes réguliers perdront donc du temps d’essais, mais nous avons pensé que c’était la meilleure approche. »
On sait cependant pourquoi Liberty Media veut étendre le calendrier : plus de Grands Prix, c’est plus de revenus…
Mais Carlos Sainz aimerait-il que les propriétaires du sport écoutent plus les pilotes, les équipes, et moins leurs actionnaires ?
« Je ne pense pas que nous ayons du pouvoir, mais il est important de garder les pilotes heureux et de prendre en compte leurs opinions, car si les pilotes doivent faire face aux médias… nous n’allons pas être satisfaits de notre sport ou de la façon dont nous le pratiquons, il est fondamental que le pilote soit d’accord et ait une opinion sur l’avenir du sport. »
« Et oui, nous n’avons peut-être pas ce droit de vote, mais nous avons une voix très importante et nous voulons tous être alignés et à l’unisson avec la F1 également. J’ai ressenti beaucoup de coordination avec la F1 et la FIA récemment, un meilleur travail de ce côté-là. J’espère donc qu’à l’avenir, ce sera pareil. »
Nico Hülkenberg, chez Haas, est aussi fataliste que Carlos Sainz : peu importe ce que pensent les pilotes, Liberty Media et la FOM auront le dernier mot…
« Dans l’histoire du sport, les pilotes n’ont jamais eu leur mot à dire. Ils n’ont jamais pesé dans l’élaboration des règles et tout ça. Mais je pense qu’à l’avenir, ce serait bien parfois d’impliquer les pilotes ou d’obtenir nos opinions et commentaires. Évidemment, vous avez le point de vue des détenteurs de droits commerciaux, sur comment ils voient les choses pour nous. »
« Mais parfois, il serait très bénéfique que tout le monde nous implique, peut-être un peu plus. Evidemment, pour l’instant, nous n’avons pas de pouvoir. Mais ce serait une bonne chose d’en avoir, d’en être partie prenante, mais oui, c’est probablement un peu irréaliste. »
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