’Je peux le faire’ : Jordan a cru jusqu’au bout qu’il battrait la maladie
Ses amis proches racontent ses derniers jours

Eddie Jordan s’est accroché à la vie jusqu’aux derniers instants, ont révélé certains de ses meilleurs amis en Formule 1. L’ancien propriétaire et patron d’écurie emblématique a laissé le paddock de la F1 sous le choc lorsque sa famille a confirmé qu’il était décédé à l’âge de 76 ans à son domicile du Cap.
L’un de ses plus proches amis, l’ancien pilote Ralf Schumacher, a déclaré que l’Irlandais était resté optimiste et engagé dans la F1 "jusqu’à la fin" : "Nous avons parlé des tests et nous nous sommes parlés au téléphone il y a quelques jours."
"Il était toujours présent et espérait qu’il parviendrait à s’en sortir d’une manière ou d’une autre. Mais vers la fin, il a perdu beaucoup de poids et c’était très épuisant pour lui."
Bernie Ecclestone a aussi rendu un vibrant hommage à l’Irlandais.
"Je suis très, très triste, car Eddie était quelqu’un d’exceptionnel. Dites-moi quel directeur d’équipe lui ressemble aujourd’hui. Impossible de m’en donner un, car il n’y en a pas. On n’en fait plus comme ça maintenant. Nous ne le remplacerons jamais en Formule 1."
"Il était malade depuis quelques mois. Aux dernières nouvelles, deux médecins différents lui avaient posé deux diagnostics. L’un lui disait qu’il avait des problèmes et l’autre que tous ses problèmes avaient disparu. Maintenant, nous connaissons la réponse, malheureusement."
"Avec Eddie, on savait toujours à quoi s’en tenir. On pouvait plaisanter et rire l’un de l’autre. On était très proches, d’une étrange manière. On se faisait confiance."
Même lorsque Benetton a « volé » Schumacher à Jordan pour la saison 1992, Ecclestone a affirmé que la confiance était restée dans leur relation.
"Nous lui avons volé Schumacher en lui disant que Michael irait chez Benetton en 1992, et nous en avons discuté pendant toute une nuit. On en apprend beaucoup sur les gens dans des circonstances comme celles-là. Il se battait pour garder son pilote, mais il était content de quelques dollars en échange du départ de Michael. Eddie cherchait toujours à obtenir quelques dollars de manière très polie. Je lui aurais donné un chèque en blanc, car je lui faisais entièrement confiance."
Cependant, Ecclestone n’assistera pas aux funérailles de Jordan.
"Je n’irai pas à ses funérailles. Je ne vais pas aux funérailles. Je n’irai peut-être pas aux miennes. Il n’ira certainement pas aux miennes. Donc, tout est juste. Ça l’a toujours été avec Eddie."
Il y a quelques mois, Jordan avait révélé qu’il luttait contre une forme agressive de cancer de la prostate qui s’était métastasé dans tout son corps. Le journaliste allemand Helmut Uhl, du journal Bild, a déclaré qu’il parlait régulièrement avec l’Irlandais.
Se souvenant de sa dernière conversation, il cite Jordan : "Ils ont découvert une autre tumeur sur ma colonne vertébrale supérieure. J’espère qu’ils pourront s’en débarrasser grâce à la chimiothérapie. J’ai bon espoir que la médecine, avec l’aide de l’intelligence artificielle, pourra s’attaquer au cancer."
Cependant, Jordan a également révélé à Uhl que son état était désespéré : "Les médecins plus âgés n’ont plus beaucoup d’espoir, mais un jeune médecin m’a dit qu’avec mon énergie positive, mes pensées positives et ma forme physique, je peux y arriver. Il croit qu’ils peuvent arrêter le cancer."
Un autre ami journaliste de Jordan, Ralf Bach, a déclaré qu’il prenait lui aussi régulièrement des nouvelles : "Il m’envoyait souvent des vidéos de son groupe et nous nous parlions au téléphone deux fois par semaine."
"La dernière fois, c’était il y a trois semaines. C’est la première et unique fois qu’il m’a menti. Sa voix était cassante et faible, ce qu’il attribuait à la chimiothérapie, mais il disait ’je peux le faire, tout ira bien’."
"Aujourd’hui, je sais qu’il a menti parce qu’il voulait me protéger. Il sentait sa fin. C’était sa façon de dire au revoir. Maintenant, il peut apprendre aux anges comment faire du rock and roll."
Selon Schumacher, les amis de Jordan savaient qu’il était malade "depuis un certain temps. Mais quand le moment est venu, et c’est arrivé la nuit dernière - Dieu merci, sa femme et ses amis étaient là - c’est bien sûr terrible. Nous avons tous espéré jusqu’à la fin que tout s’arrangerait, parce que c’était un bon vivant."
"Toujours plein d’énergie, toujours en train de faire du sport, aimant faire de la musique, et jusqu’à la fin, on n’a jamais vraiment cru qu’il n’y arriverait pas, comme il l’a toujours fait."
