Adieu les bourdes ? Ferrari va faire 1000 arrêts aux stands d’entraînement d’ici Bahreïn
Pour rechercher moins la vitesse pure que la constance
Deux des points faibles de Ferrari, l’an dernier, qui ont coûté fort cher à Carlos Sainz comme à Charles Leclerc, ont été indubitablement la stratégie et la gestion des arrêts aux stands.
C’est pour cela que sous la direction de Frédéric Vasseur, le nouveau directeur d’écurie, et de Diego Ioverno, l’ingénieur de course en chef, Maranello met le paquet, cet hiver, pour progresser. En particulier sur les arrêts aux stands.
Ferrari a ainsi prévu de faire pas moins de 1000 arrêts aux stands d’entraînements à l’abri des murs de Maranello, en un mois, avec pour échéance le premier Grand Prix à Bahreïn début mars.
Pourtant Ferrari, l’an dernier, a réalisé 73 % de ses arrêts aux stands en-dessous des 3 secondes… C’est mieux que Red Bull !
Diego Ioverno explique le sens de ce « super-entraînement » hivernal chez Ferrari. Il s’agira donc moins de rechercher à faire l’arrêt le plus rapide au monde, que de chercher la constance.
« Nous ne sommes pas satisfaits, car l’objectif était d’atteindre 80 % d’arrêts aux stands en-dessous des 3 secondes [et Ferrari a fait 73 %], et nous n’y sommes pas parvenus. »
« Les arrêts aux stands inférieurs à 3 secondes sont considérés comme très bons, ceux jusqu’à 3,5 secondes sont bons, mais pas parfaits, ceux inférieurs à 4 secondes ne conviennent pas, et au-dessus de 4,5 secondes nous les considérons comme des échecs. »
« Pour 2023, nous avons relevé la barre à 84 % [comme objectif d’arrêts aux stands en-dessous des 3 secondes] et nous nous entraînons pour cela, avec pour objectif de réduire les 9 % d’arrêts au stand faillis [au-dessus des 4,5 secondes]. »
« Mercedes, pour donner une référence, n’a que 4 % d’arrêts aux stands faillis mais l’équipe a choisi de faire des changements de pneus plus lents en moyenne. »
« Nous avons atteint des valeurs extraordinaires pour les arrêts aux stands les plus rapides, même 1"65 seconde. Mais à l’usine, la voiture arrive toujours parfaitement alignée et, surtout, s’arrête exactement au point prévu, alors que lors d’un Grand Prix, de nombreuses autres variables entrent en jeu et rendent l’exercice très compliqué. »
Quand Ioverno repense à un arrêt catastrophe, comme celui de Carlos Sainz à Zandvoort (plus de 12 secondes, avec une roue qui manquait à l’appel), qu’est-ce que cela lui inspire pour 2023 ?
« Zandvoort ? Le mécanicien n’a pas fait d’erreur. Il n’a pas fait d’erreur, mais il a été coincé parce qu’on a appelé la voiture trop tard aux stands. »
Dans un calendrier à 23 courses, il faudra instaurer une forte rotation du personnel et l’ingénieur en chef en est conscient. D’ailleurs d’ores et déjà, les mécaniciens travaillant sur les arrêts aux stands ont été divisés en deux groupes à Maranello : l’un s’entraîne le matin, l’autre l’après-midi.
« Il est essentiel d’élever le niveau moyen de l’équipe, car nous avons remarqué que les problèmes apparaissaient surtout lorsque nous étions obligés de faire des rotations de personnel, dans une longue saison de 22 Grands Prix. »
« Nous avons pensé à assouplir les tâches des mécaniciens afin qu’un mécano maniant un pistolet, puisse également s’entraîner aux changements de roues. »
Frédéric Vasseur veut aussi comprendre les erreurs
Ce qui est certain, c’est que la stratégie comme les arrêts aux stands seront parmi les deux points les plus observés au sein de la Scuderia cette année. C’est bien cet aspect opérationnel qui a coûté sa tête à Mattia Binotto...
Frédéric Vasseur, son successeur, le sait bien : ressent-il alors de la pression ? Qu’a-t-il mis en place pour régler les déboires de l’an dernier ?
« J’arrive à dormir même si mes nuits sont courtes. La gestion de la pression fait partie de la réussite et si vous ne la ressentez pas, il vaut mieux changer de travail. »
« La question est sur la table et le problème est un problème collectif, pas un problème individuel. Je dois comprendre ce qui a déclenché les erreurs en 2022, dans quelques semaines je prendrai des décisions. »
« Comprendre et analyser ce qui s’est passé et pourquoi cela a mal tourné est la partie la plus difficile de mon travail aujourd’hui. C’est ma première tâche, je ne veux pas être arrogant mais je sais que, étape par étape, je peux le faire. »
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