H.Pescarolo : impressions et réflexions après Sebring

De bons débuts dans le Championnat du Monde

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27 mars 2012 - 18:10
H.Pescarolo : impressions et réflexions

Après un début de saison réussi aux 12 Heures de Sebring, avec pour la toute dernière sortie de la Pescarolo 01 Judd la troisième place en LMP1 derrière deux Audi R18 TDI -la sixième place au classement général-, Pescarolo Team repartant en plus de Floride en première position du classement réservés aux équipes privées LMP1, Henri Pescarolo nous a livré quelques impressions et quelques réflexions.

Henri, j’imagine que tu dois être très satisfait du résultat de Sebring ?

« Evidemment ! A titre personnel et pour toute l’équipe, c’est un grand bonheur d’avoir couru à Sebring, une épreuve tellement historique. De plus, nous avons fait un résultat magnifique, battus seulement par deux Audi en LMP1, c’est très bien. »

De bons débuts dans le Championnat du Monde, donc ?

« Oui, je voudrais juste faire une petite remarque. C’est un petit peu dommage que, alors qu’on court un Championnat qui s’appelle le WEC, on applique les règles sportives de l’American Le Mans Series. Il y a beaucoup de points sur lesquels on peut s’adapter facilement, comme le changement de règlementation sur les arrêts au stand, sur le nombre de mécaniciens autorisés pour le changement de pneus, l’adaptation est facile, mais ce qui est un peu gênant, c’est la règlementation qui concerne les safety cars, ça fausse un petit peu la donne. Pour deux raisons : la première, c’est qu’il y en a énormément... »

Onze en tout, je crois.

« Oui, il n’y a peut-être aucune course au monde où on sort aussi souvent les safety cars. On connaît les habitudes et la philosophie américaines qui consiste à regrouper tous les concurrents. Quand tu construis une avance grâce au pilotage des pilotes, par le fait qu’ils n’aient pas fait d’erreurs, qu’on a fait de bons arrêts au stand, et que tout est anéanti pratiquement toutes les heures par un safety car qui regroupe tout le monde, c’est un peu gênant. En plus, tu as un coup de poker à chaque safety car, tu ne sais pas à quel endroit il va se positionner. Tu peux très bien être mal placé par rapport au safety car et tu peux perdre un tour, c’est tout à fait aléatoire, mais c’est la règle des safety cars, comme on l’a aussi en Europe. Il y a quand même une différence, quand dans une course, tu as un ou deux safety, ça peut aller, mais quand tu en as dix, ça fait dix coups de poker, et là ça fait beaucoup. Pour prendre un exemple, par rapport à la HPD de Sarrazin qui finit troisième au général, il y a eu deux fois où le safety car est sorti entre lui et nous, si bien qu’il nous prend un tour.

Le dernier point sur lequel je voudrais faire une remarque, et c’est là qu’au niveau du WEC il faut peut-être réfléchir, c’est qu’il y a une règle tout à fait spéciale aux Etats-Unis, c’est que de temps en temps, la direction de course autorise une certaine catégorie de voitures à doubler le safety car. Deux fois pendant la course, le safety car a retrouvé instantanément la voiture de tête, l’Audi. Nous on était derrière, comme toutes les LMP1 et là, la règle américaine qui autorise le directeur de course à faire doubler le safety car par les voitures des autres catégories a été appliquée. Manu Collard était au volant et il ne comprenait pas pourquoi les LMP2 et les GT le doublaient... »

Pourquoi cette règle particulière ?

« C’est fait dans le but de regrouper les voitures par catégorie. Quand il n’y a qu’un classement par catégorie, ce n’est pas très grave. Nous, on termine troisième en LMP1, et ça ne change rien, mais quand il y a un classement général comme c’était le cas ici et que toutes les LMP1 ont obligation de rester derrière le safety car, alors que les LMP2 ont droit de doubler, ça peut fausser le résultat. Ce n’est pas la règle appliquée au WEC. Pour le résultat des LMP1, ça ne change rien, mais dans notre exemple, il y a une perte de temps. On a eu un stop and go quand Julien Jousse a redémarré le moteur alors que le ravitaillement n’était pas terminé, et on peut considérer qu’on a perdu deux tours à cause des safety cars. Ceci dit, je ne veux pas du tout remettre en cause le classement, car on ne sait pas comment les choses auraient pu se passer autrement, mais c’est une remarque sur un plan général, c’est très difficile de disputer une manche du Championnat du Monde d’Endurance avec des règlements sportifs de l’American Le Mans Series. Ce n’est pas grave pour nous, puisque notre classement équipes ne change pas, mais ça peut fausser le classement pilotes, les notres par exemple auraient peut-être pu être classés troisièmes au lieu d’être cinquièmes.

La cohabitation entre le WEC et l’ALMS n’est pas évidente. C’est vrai qu’il serait très dommage que le Championnat du Monde ne revienne pas à Sebring, parce que c’est une course tellement fantastique, mais c’est vrai aussi qu’il y a une réflexion à mener sur les règlements sportifs. Par exemple, quand le safety car sort, on ferme les stands, si bien que si tu avais prévu de rentrer ravitailler, tu ne peux pas le faire. Tu es juste autorisé à faire un splash and dash qui te permet seulement de prendre un peu de carburant, ce qui te forcera à faire un deuxième arrêt."

Satisfait quand même globalement ?

« Oui, et même plus que cela. Je ne veux surtout pas remettre en question les résultats, il faut seulement réfléchir sur ces questions. Pour Pescarolo Team, l’objectif a été largement atteint à Sebring. »

Au-delà des espérances ?

« C’est sûr qu’au niveau des performances, les Lola Toyota Rebellion, la Morgan OAK et les HPD étaient meilleures que nous, avec une voiture, la « grand-mère » qui faisait sa dernière course avec en plus un handicap de poids. Les autres ont été malchanceux avec pas mal de problèmes mécaniques. J’avais demandé aux pilotes de faire une course régulière, ce qu’ils ont parfaitement fait. La fiabilité de la Pescarolo 01 n’est plus à démontre, et à Sebring la fiabilité et la régularité, c’est essentiel pour faire un bon résultat. C’est sûr que revenir premiers des teams privés LMP1, ça fait plaisir... »

La Pescarolo 01 a quitté le Technoparc maintenant ?

« Pas encore, la 16 mais aussi la 17 qui n’a pas couru l’année dernière sont encore dans l’atelier, mais elles vont bientôt partir chez leurs propriétaires, Pascal Karras de Autovision pour la 16 et Christophe Carel pour Nerim. »

Où en es-tu de la Pescarolo 03 ? Est-ce que la coque est revenue au Technoparc ?

« Oui, il manque encore quelques pièces, mais l’assemblage va pouvoir bientôt commencer. Je ne te cache pas quand même que pour Spa, ça va être très tendu, il y a beaucoup de travail. On aura seulement le temps de faire un petit roulage avant Spa, pour vérifier que tous les systèmes fonctionnent. »

La Pescarolo 03 sera très différente de la Pescarolo 01 ?

« Ah oui, elle sera totalement différente. »

Et la Dome-Judd ? La nouvelle aéro est-elle arrivée ?

« Oui. Le changement est essentiellement sur l’avant, avec maintenant les grandes roues et un nouveau capot. Nous allons repartir en essais. Comme les circuits français sont tous pris, nous allons tourner en Espagne, à Navarra les 3 et 4 avril et à Motorland Aragon le 10. »

Tes premières impressions sur la Dome ?

« A priori, ça me paraît bien, il va falloir voir ce que ça donne sur la piste maintenant. »

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