Toxicité et théories du complot : Zak Brown a halluciné à son arrivée chez McLaren F1

L’héritage de l’ère Ron Dennis

8 février 2025 - 08:59
Toxicité et théories du complot : (…)

Mais dans quel état Zak Brown avait donc trouvé McLaren F1 à son arrivée ?

L’Américain a livré un sombre tableau de la fin des années Ron Dennis à Woking.

En 2016, Zak Brown dit ainsi que des des « théories du complot » avaient proliféré au sein de l’équipe… jusqu’à l’atteindre.

Une ambiance jugée évidemment « toxique » par le patron américain.

« C’était bien pire que ce que je pensais » confie ainsi Zak Brown au James Allen podcast, au moment de décrire son sentiment en débarquant chez McLaren F1 en 2016.

« Je suis arrivé en sachant que les choses n’allaient pas bien. On pouvait le voir au manque de marques sur la voiture, on pouvait le voir aux résultats. »

« Mais une fois sur place, j’ai compris que c’était vraiment mauvais et je n’avais jamais dirigé une équipe de Formule 1 auparavant. J’avais baigné dans la Formule 1 toute ma vie. »

« J’étais habitué à une organisation de cette taille – nous avions environ 1 200 à 1 300 personnes dans l’agence [de relations publiques] d’où je venais – donc la taille n’était pas un problème, mais les départements et les compétences étaient pour la plupart hors de mon champ d’expertise. »

« J’ai d’abord attaqué le volet commercial, car c’est là que je me sentais le plus à l’aise, et nous avions besoin de beaucoup de ressources, donc je savais que ce serait ma plus grande contribution à court terme. »

« J’ai changé la majorité de l’équipe dirigeante, mais un par un, au fur et à mesure que je faisais connaissance avec tout le monde, et cela a pris du temps pour redresser la situation. »

« L’ambiance était assez toxique sur le terrain, en ce qui concerne la politique interne et, comme Andrea [Stella, directeur de l’équipe] l’appelle, les biscuits empoisonnés. Il y avait beaucoup de biscuits empoisonnés qui circulaient. »

Zak Brown confirme que l’unité de puissance Honda (et ses déboires) ont servi de cache-misère à McLaren F1, qui a refusé de voir que les problèmes structurels de l’équipe se situaient à Woking et non au Japon.

« À l’époque, nous étions tous convaincus que le problème venait de l’unité de puissance Honda. »

« Et bien que cela ait été un facteur majeur, ce n’était pas exclusivement le problème, et cela est devenu très clair une fois que nous avons changé pour un moteur client Renault en 2018 et que les résultats se sont légèrement améliorés. »

« Mais nous savions que nous avions des problèmes fondamentaux, donc c’était une tâche assez intimidante à affronter, mais nous y sommes finalement arrivés. »

Même après le départ de Ron Dennis, l’ambiance toxique ne s’est pas évaporée du jour au lendemain. Zak Brown en a même été victime !

« Nous avons environ 1 300 personnes au total chez McLaren Racing, dont environ 1 000 en Formule 1, donc ceux qui ont la plus grande influence sur le plus grand nombre sont ce niveau de management intermédiaire qui touche probablement 600 personnes dans l’organisation. »

« C’est facile de faire une présentation PowerPoint et de dire : ‘Voilà ce que nous voulons être’, mais il faut mettre ces principes en action, puis s’assurer qu’ils se propagent à toute l’organisation. »

Zak Brown a donc décidé de prendre en main la situation et de changer les choses. Mais là encore, la résistance interne était forte…

« Nous avons été extrêmement transparents avec notre équipe, éliminant toute la politique interne. »

« Je me souviens que trois gars du département des boîtes de vitesses sont venus me voir et m’ont dit : ‘On est vraiment inquiets pour vous.’ »

« J’ai répondu : ‘Pourquoi ça ?’ »

« Je ne citerai pas de noms, mais ils avaient vu trois personnes parler et [m’ont dit] : ‘Ce n’est pas bon, on pense que ça parle de vous.’ »

« J’ai demandé : ‘Qu’est-ce que vous avez entendu ?’ »

« ‘Rien, mais on pense que c’était mauvais.’ »

« Voilà le genre de théories du complot qui circulaient sur le terrain. C’étaient les fantômes que les gens voyaient et les théories du complot qui se propageaient sur le terrain. »

« Donc nous avons éradiqué cela et instauré une transparence totale, avec une culture du non-blâme. »

La culture du non-blâme, une clef de la réussite ?

C’est cette culture refusant de désigner des coupables qui explique la bien meilleure ambiance qui règne désormais à McLaren F1… Et les résultats ont bien sûr suivi, puisque McLaren vient de retourner au firmament de la F1.

« C’est tellement facile dans ce sport – et c’est très frustrant – que si quelqu’un fait une erreur, qu’il s’agisse du pilote, de la stratégie, des pneus, de la mécanique, on s’énerve contre lui, et c’est très néfaste » poursuit Zak Brown.

« On gagne et on perd ensemble, c’est un effort collectif, donc je pense que cela a été très bénéfique pour l’équipe que les dernières courses aient été vraiment difficiles pour nous. »

« Le Qatar a été difficile pour nous ; le Brésil ne nous a pas souri ; et à Vegas, nous n’étions pas compétitifs. »

« Donc, au moment où tout le monde pensait que c’était plié – nous avions enchaîné 14 podiums consécutifs – nous avons eu trois mauvaises courses juste avant la dernière manche. »

« Voir l’équipe réagir avec un arrêt au stand de deux secondes, au moment crucial à Abou Dhabi, a montré la formidable résilience de l’équipe. »

Zak Brown conclut donc avec optimisme…

« Je pense que nous serons forts cette année. »

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