Szafnauer taille les patrons de Renault-Alpine F1 : ils n’ont aucune vision
Ils gèrent une écurie de F1 comme une équipe de foot

Cyril Abiteboul, Marcin Budkowski, Otmar Szafnauer, Bruno Famin, Oliver Oakes… la valse des directeurs d’équipe tient du ballet effréné chez Alpine F1.
L’instabilité a même gagné le sommet de Renault, après le départ surprise du PDG, Luca de Meo, pour Kering. Désormais, Flavio Briatore, le conseiller spécial d’un PDG parti, se retrouve bien isolé.
Après un court mandat probant chez Alpine F1, Otmar Szafnauer, qui avait pourtant prouvé sa maestria chez Racing Point, avait été remercié sans ménagement par un PDG oublié ou méprisé aujourd’hui, Laurent Rossi.
Force est de constater que virer Otmar Szafnauer n’a pas amélioré les résultats d’Alpine F1 : bien au contraire l’équipe est actuellement bonne dernière au classement des constructeurs, derrière Sauber !
Renault-Alpine a donc clairement un problème au sommet de sa hiérarchie : elle jette ses managers comme les pires équipes de foot, au lieu de construire sur du temps long. C’est ce constat que dresse aussi Otmar Szafnauer, pas mécontent peut-être de voir Alpine F1 se casser la figure…
« C’est ce qui s’est passé avec moi, c’est certain. »
« Les gens au-dessus de moi n’avaient aucune idée du temps que cela prend. Ils n’avaient aucune idée qu’il faut en réalité de bonnes personnes issues du milieu. »
« On peut embaucher de bonnes personnes de l’extérieur du secteur, mais il leur faut ensuite du temps pour apprendre le métier et avoir un impact réel sur la performance. »
« Donc, quand vos patrons ne réalisent pas cela, vous obtenez exactement ce qui m’est arrivé : des attentes irréalistes quant au temps nécessaire pour améliorer fondamentalement une équipe de F1. »
« Auparavant, les patrons étaient en fait les propriétaires des équipes, et ils avaient une profonde compréhension de la Formule 1 et de la course. Eddie Jordan venait de la F3000, a couru lui-même et a lancé Jordan Grand Prix. »
« Ron Dennis, même chose, il venait des formules inférieures et fut l’un des fondateurs de McLaren ; Patrick Head et Frank Williams, pareil. Adrian Reynard, de même. »
« Ces patrons, qui possédaient les équipes, comprenaient aussi très bien la course et l’environnement dans lequel ils évoluaient. Ils n’avaient donc pas d’attentes irréalistes. »
Tel n’était donc pas le cas des Laurent Rossi et consorts : le Roumano-Américain s’offre donc, en creux, le scalp du PDG qui l’a viré, même si d’autres pourraient se sentir concernés.
« Les nouveaux patrons qui arrivent peuvent avoir des attentes irréalistes car ils n’ont pas grandi dans ce sport. Quand on le considère comme un sport au lieu d’une organisation de développement technologique, ce qu’il est réellement, on commence à prendre des décisions dignes du football. »
« Dans les équipes de football, on peut changer cinq titulaires et avoir une équipe, une culture, un tout complètement différent. On ne peut pas faire ça en Formule 1, cela prend du temps. »
« Si l’on ne comprend pas le métier, on regarde le football et on se dit : ‘Hé, comment se fait-il qu’ils y arrivent en un an ?’ Et on finit par faire des changements prématurés. Cela ne devrait pas se passer ainsi. »
Toujours pour Planet F1, Otmar Szafnauer dresse un parallèle intéressant : la F1 n’est pas vraiment un sport, c’est une sorte de start-up toujours au bord de la rupture, technologique ou morale…
« Je dis aux gens que la F1 n’est pas un sport. Sur une équipe moyenne de 1000 employés, deux d’entre eux sont des sportifs ; 998 sont des techniciens, mécaniciens, ingénieurs, aérodynamiciens, comptables, gens du marketing et du commerce. Deux sont des sportifs. Peut-être quatre si l’on a un pilote de réserve et un pilote de simulateur. »
« Ce n’est pas un sport, c’est une course au développement technologique. »
Cette interview est bien sûr l’occasion pour Otmar Szafnauer de défendre son bilan chez Alpine F1. Et l’état des lieux qu’il avait dressé à son arrivée fait peur à voir.
« Je savais que ce n’était pas moi. C’est juste le reste du monde, n’est-ce pas ? Tout dépend de la façon dont on présente les choses, mais je n’ai rien fait de mal chez Alpine, bien au contraire. »
« J’ai commencé à recruter de bonnes personnes. J’ai fait de très bonnes avancées en matière de recrutement ; non pas pour remplacer des gens, mais pour combler des domaines où il y avait un manque absolu. »
« Ils n’avaient pas de groupe de performance aérodynamique quand je suis arrivé. Dans une grande équipe, ils n’en avaient aucun. La performance du véhicule n’était pas assez bonne, et leur compréhension des pneus non plus. »
« Je travaillais à recruter de meilleurs ingénieurs pneumatiques. Ils avaient des gens intelligents travaillant sur les pneus. Mais c’étaient de jeunes diplômés de Cambridge, super intelligents, mais sans expérience pratique des pneus, et c’est ce qu’il fallait. »
« Il faut cette expérience. Je progressais donc et recrutais dans tous les bons domaines, sans avoir à remplacer des gens, mais en regardant l’organisation et en constatant qu’il y avait de vraies lacunes. »
« Puis ils ont décidé que cela n’allait pas assez vite, ou pour toute autre raison, ont fait le changement, et, moins d’un an plus tard, ils ont fait un autre changement. »
Et s’il revenait chez Alpine ?
Otmar Szafnauer est libre de tout contrat à l’heure actuelle… même s’il est embarqué dans un mystérieux projet d’une 12e équipe de F1, avec le soutien d’un grand constructeur (peut-être Hyundai avec Cyril Abiteboul selon quelques indiscrétions à prendre avec les pincettes de rigueur).
Serait-il tenté par un retour chez Alpine F1 ? Voire par un rachat ? Est-il prêt à travailler avec Flavio Briatore ?
« Je suis dans ce sport, probablement parmi les plus anciens. J’ai signé mon contrat avec Adrian Reynard en 1997, j’ai commencé en 98, donc Flavio était là à l’époque. »
« Quand j’ai rencontré Flavio pour la première fois, il vendait des moteurs à British American Racing lors de notre première année, et nous avons acheté SuperTec, donc je le connais depuis cette époque. »
« Je n’ai aucun problème avec lui. Il connaît le sport, il est là depuis longtemps, et il a gagné quelques championnats du monde. On ne peut pas contester cela. »
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