Pourquoi la FIA a enfin publié les lignes directrices pour les commissaires

Surprenant mais nécessaire ?

28 juin 2025 - 07:30
Pourquoi la FIA a enfin publié les lignes directrices pour les commissaires

Dans une opération transparence assez inattendue mais bien accueillie par les pilotes comme par tout le paddock, la FIA a rendu publiques les lignes directrices pour encadrer les décisions des commissaires – ces aides à la décision, laissées aux commissaires pour attribuer les pénalités et juger les incidents en Grand Prix.

Pourquoi la FIA a-t-elle décidé de publier les directives sur les pénalités et les standards de pilotage ? Surtout, pourquoi le faire maintenant après s’y être refusé par le passé ?

Garry Connelly, président des commissaires de la F1, explique pourquoi il était important de donner plus de clarté aux fans, aux médias et aux écuries.

« Avant tout, la publication de ces documents est conforme au souhait de transparence du Président de la FIA et à la volonté de garantir que nos processus judiciaires soient compris le plus largement possible. »

« Et quoi de plus transparent que de rendre publiques les directives que l’on utilise pour déterminer les infractions aux règles et les pénalités pour ces infractions. »

« Deuxièmement, les deux documents étaient disponibles sous une forme ou une autre pour les équipes mais seulement pour certains membres des médias, ce qui peut souvent prêter à confusion et à des inexactitudes. La diffusion large des deux documents évite toute confusion. »

Ces directives ne font pas partie du règlement sportif en tant que tel, mais guident les commissaires dans leur prise de décision. Garry Connelly en dit plus sur leur origine.

« Les directives sur les pénalités existent depuis une dizaine d’années et ont été développées car nous estimions devoir faire ce que font de nombreux panels de juges dans les tribunaux civils et pénaux, où ils disposent d’une fourchette de peines publiées entre eux qui sert de cadre aux juges. »

« Nous avons commencé avec une ou deux pages et les directives sur les pénalités couvrent environ 10 pages et près de 100 problèmes et infractions courants. »

« Les directives sont mises à jour au moins une fois par an et souvent pendant la saison, sur la base des retours des commissaires, des équipes et des pilotes. »

Les directives sur les standards de pilotage sont elles apparues plus récemment, notamment après le pilotage erratique de Max Verstappen en 2021 et en 2022.

« Les directives sur les standards de pilotage ont été introduites en 2022 à la demande des pilotes de Formule 1. Il y a eu un briefing des pilotes, je crois que c’était au Qatar en 2021, et les pilotes ont demandé au directeur de course de l’époque un ensemble de lignes directrices. »

« Celles-ci ont été développées pendant l’hiver européen et publiées avant la première course de 2022. Elles ont été modifiées deux fois depuis, la dernière fois sur la base d’une réunion très positive que nous avons eue avec les pilotes au Grand Prix du Qatar 2024, qui a notamment abouti à l’élaboration de directives révisées sur les dépassements par l’intérieur et l’extérieur des virages. »

« La réunion a abouti à une nouvelle ébauche des directives diffusée aux pilotes via le GPDA. Sur la base des commentaires reçus et des contributions des pilotes, du département Monoplace de la FIA, du Comité des Pilotes de la FIA et des équipes de F1, les directives que nous publions ont été distribuées aux équipes et aux pilotes avant la première manche du championnat 2025. »

Garry Connelly souligne néanmoins que pour sanctionner tout pilote, les commissaires ne s’appuient pas seulement sur ces directives, mais sur une foule d’autres indices.

« Il est très important de se souvenir de deux choses : premièrement, les directives ne sont pas des règlements, elles n’ont aucune valeur réglementaire. Ce sont des documents créés pour aider les commissaires de Formule 1 dans l’objectif d’atteindre l’équité et la cohérence. »

« Deuxièmement, en ce qui concerne les pénalités, elles ne sont qu’un guide que les commissaires utilisent en conjonction avec une grande quantité d’autres informations. Nous avons accès à de nombreuses images de vidéosurveillance que les équipes et le public ne voient pas. »

« Nous avons la télémétrie, les messages radio, toute une gamme de données, et par conséquent, les directives peuvent préconiser une pénalité de 10 secondes, mais en considérant toutes ces autres données, une pénalité différente peut être appliquée. »

« Les directives sur les pénalités ne sont pas des exigences strictes. Les pénalités recommandées se situent parfois dans une fourchette, où des circonstances atténuantes ou aggravantes sont prises en compte par les commissaires pour imposer une pénalité à l’extrémité inférieure ou supérieure de la fourchette, ou dans des circonstances extraordinaires, en dehors de la fourchette indiquée. »

« Il y a vingt ans, les décisions des commissaires tenaient au mieux en quelques lignes. On constate fréquemment qu’elles dépassent une page car nous essayons d’expliquer le raisonnement derrière les décisions. »

« Nous nous sentons responsables non seulement envers le sport, mais aussi envers le public. Nous devons apporter de la clarté et expliquer pourquoi nous prenons les décisions que nous prenons. »

« Il est également extrêmement important de noter que deux incidents sont rarement identiques. Ils peuvent paraître similaires à la télévision, mais lorsque les commissaires se plongent dans les données supplémentaires à leur disposition, il peut y avoir des raisons valables pour qu’un incident soit pénalisé différemment d’un autre apparemment similaire, ou même pas pénalisé du tout. »

« Les commissaires accordent également plus de tolérance aux incidents impliquant plusieurs voitures au début du premier tour d’une course. »

Ces deux documents ont été révisés plusieurs fois. Ce processus va-t-il se poursuivre selon Garry Connelly ?

« Les directives sur les pénalités et les standards de pilotage sont des ‘documents vivants’. Ils sont régulièrement révisés et sujets à des améliorations. Certainement, dans le cas des directives sur les standards de pilotage, la consultation avec les pilotes a été d’une valeur énorme. »

« La contribution des pilotes au Qatar fut fabuleuse. Ils ont vraiment adopté un grand esprit de coopération, et nous en avons tous bénéficié. »

« Les deux documents bénéficient massivement de la contribution des équipes et des pilotes et, par conséquent, ils évoluent constamment. La version que nous publions sera mise à jour régulièrement pour s’adapter à l’évolution de la réglementation, aux différentes exigences imposées aux voitures et aux pilotes, ainsi qu’à l’évolution du sport lui-même. »


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