Pourquoi Aston Martin F1 est un sentiment de ’déjà-vu’ pour Newey

Une équipe qui doit apprendre à gagner avec un nouveau règlement

30 octobre 2025 - 18:01
Pourquoi Aston Martin F1 est un sentiment de ’déjà-vu’ pour Newey

Adrian Newey continue de faire sa place chez Aston Martin F1, en tant que directeur technique en chef de l’équipe. L’ingénieur le plus capé de l’histoire de la Formule 1 a un grand travail à faire en cette période de préparation du nouveau règlement 2026.

Aston Martin est une écurie qui a investi massivement dans des domaines tels qu’une nouvelle usine et une soufflerie, tout cela dans le but de goûter à la gloire d’un titre. Dans le podcast James Allen on F1, Newey s’est tourné vers l’avenir de la F1 en 2026 et a évoqué ses expériences jusqu’ici chez Aston Martin.

Invité à comparer cette période à son arrivée chez Red Bull en 2006, Newey a laissé entendre une certaine familiarité avec le parcours de son ancienne équipe à son arrivée. À part une solide campagne 2023 qui a rapporté huit podiums, Aston Martin a principalement évolué dans le milieu de grille de la Formule 1.

"J’ai commencé en mars. Difficile à juger" a déclaré Newey sur la situation du team. "Avec ce grand changement de réglementation, tout le monde subit une sorte de remise à zéro. Il est probable que les meilleures équipes de cette année seront encore les meilleures l’année prochaine. Mais parfois, il y a un peu de bouleversement, disons."

"La dernière fois qu’un grand changement réglementaire est arrivé, en 2009, Ferrari et McLaren, qui dominaient en 2008, se sont retrouvées à la peine, tandis que Brawn et Red Bull ont émergé. Cela peut donc arriver, mais en général, ce sont les mêmes équipes qui restent au sommet."

"Mais je pense que le point principal, c’est que vous demandez :’comment ça se passe ?’ La vérité honnête, c’est que je n’en ai aucune idée. Parce qu’avec cette remise à zéro, on ne sait pas si on fait bien, mal ou moyennement par rapport aux autres, puisqu’on ignore complètement ce qu’ils font."

"Mais je pense aussi que, concernant la question ’comment ça se passe’, cela touche aussi à la culture. Quand j’ai commencé chez Red Bull, l’équipe n’était que les cendres de Jaguar, qui avait été sous la direction de Ford pendant de nombreuses années sans jamais connaître un succès significatif."

"Les gens avaient fini par perdre la croyance qu’ils pouvaient un jour gagner une course. Une fois que vous cessez de croire que vous pouvez y arriver, tout s’effondre : la complaisance s’installe, la paresse aussi, et le manque de confiance en soi s’infiltre."

"Si vous n’y prenez pas garde, une culture du blâme peut aussi s’installer. Et cela a été assez difficile à renverser chez Red Bull. Je ne vais pas en dire trop, mais il y a un petit sentiment de déjà-vu en ce moment."

Alors qu’il conçoit les monoplaces à la main, Newey a révélé ce qu’il considère comme un piège majeur lié à la dépendance envers la technologie moderne en F1, pour les trois grands axes de conception des monoplaces : "À mesure que les équipes grandissent, la communication devient de plus en plus un défi."

"Toute équipe de Formule 1 se compose en gros de trois départements : l’aérodynamique, la conception mécanique, et ce qu’on appelle vaguement la dynamique du véhicule, qui inclut souvent tout le travail de simulation. L’équipe de course et les ingénieurs de piste relèvent généralement de la dynamique du véhicule."

"Par conséquent, la manière dont on fait travailler ces trois départements ensemble est absolument essentielle, car la voiture doit être un produit holistique. Cela ne sert à rien d’avoir une voiture très performante aérodynamiquement si, par exemple, la structure n’est pas assez rigide pour supporter cette charge aérodynamique."

"Et cela ne sert à rien non plus si le côté dynamique du véhicule... dans la recherche, une grande partie de notre travail repose désormais sur des simulations mathématiques, puisque nous avons très peu de temps d’essai. Le temps disponible pour développer les voitures en conditions réelles est très limité, donc il faut tout faire par la simulation."

"Obtenir des modèles précis est crucial, mais il faut aussi garder une vue d’ensemble et une forme de scepticisme vis-à-vis de ces modèles, car par définition, une modélisation n’est jamais 100 % correcte."

"Elle contient forcément des erreurs, et il faut avoir la lucidité, acquise en partie par l’expérience, d’identifier quelles erreurs peuvent survenir et comment éviter de se faire piéger en croyant aveuglément aux chiffres."

"Car je pense que, de plus en plus, à mesure que les équipes grandissent, les gens ne remettent plus assez en question. Ils croient ce que l’ordinateur leur fournit, un ensemble de résultats, et y adhèrent automatiquement sans se demander."

"On ne peut pas blâmer l’ordinateur : il ne fait que traiter ce qu’on lui a donné. Si les données d’entrée ne sont pas correctes, on ne peut pas espérer que les résultats le soient. Et je pense que c’est quelque chose auquel nous devenons de plus en plus complaisants, et nous commettons des erreurs à cause de cela."


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