Norris a-t-il changé de dimension après un GP ‘stressant mais énorme’ ?
Un Norris 2.0. a énormément travaillé sa gestion mentale

Lando Norris a géré sa course de main de maître sous la pluie à Melbourne, pour remporter un premier succès de l’année, qui le place d’emblée comme le grand favori pour le titre.
Victoire, 25 points, voiture la plus rapide du paddock : le Britannique coche toutes les cases d’un futur champion. Surtout il donne l’impression d’avoir bien progressé mentalement, sous la pluie et sous la pression, par rapport à l’an dernier (cf. le Grand Prix du Brésil 2024).
« Commencer la saison par une victoire, c’est déjà énorme. Mais la remporter dans une course aussi stressante… C’était si facile de faire une erreur, de tout ruiner en un instant. Une seule sortie de piste, un mauvais placement sur une ligne blanche, une perte d’adhérence soudaine… Il y avait tellement de moments où j’aurais pu finir dans un mur ou un bac à gravier. »
« C’était déjà un énorme défi en soi, mais avec les changements de météo et les évolutions des conditions de piste, prendre la bonne décision au bon moment – passer sur des slicks ou rester en intermédiaires – c’était encore plus difficile. Et quand en plus j’ai Max derrière moi, Oscar derrière moi… C’est stressant, mais c’est aussi ce qui rend la victoire si belle. »
« Oui, difficile. Beaucoup de moments compliqués. Mais c’est ce qui rend la victoire encore plus douce. On a beaucoup travaillé cet hiver pour nous préparer à une course comme celle-là, car on a perdu trop d’opportunités l’année dernière – Canada, Silverstone – où on n’était pas assez décisifs dans nos décisions. Aujourd’hui, on l’a été. J’ai fait le choix de rentrer cinq secondes avant de réellement rentrer, mais c’était le bon choix au final, et ça nous a offert la victoire. Stressant, mais gratifiant. »
Une course qui aurait pu finir aussi dans les graviers !
Lando Norris a eu un moment très chaud puisque comme Oscar Piastri, et au même moment, sa course aurait pu finir dans les graviers lui aussi !
« C’était un moment très chaud. Max était en médiums, Oscar et moi en durs. On savait que si la pluie arrivait, on aurait plus de mal que Max. À ce moment-là, nos pneus n’étaient pas encore à la bonne température. Et en plus, quand on est en tête, on doit prendre des risques : combien faut-il ralentir ? Vous voyez quelques gouttes de pluie sur la visière, et j’ai reçu un message de Will (mon ingénieur de course) disant qu’il pleuvait légèrement dans le dernier secteur. Mais comment savoir si je dois ralentir de 5 km/h ? De 10 ? De 11 ? Si vous ralentissez de 11 km/h, c’est parfait ; si vous ralentissez de 10, vous partez à la faute. »
« J’ai pris un peu trop de vitesse et je suis complètement parti au large. J’ai réussi à stopper la voiture juste à temps, mais en regardant dans mes rétros, j’ai vu Oscar passer dans les graviers et Max se rapprocher dangereusement. »
« Tout aurait pu basculer là. Si j’étais resté sur la piste, Max m’aurait probablement dépassé. Ensuite, nous avons changé de pneus, mais la moitié de la piste était sèche et l’autre moitié humide – un vrai scénario à la Spa-Francorchamps. Sur la partie sèche, il fallait éviter de détruire les pneus intermédiaires trop vite. C’est ce qui m’a posé problème en fin de course. »
McLaren a gagné en maturité stratégique
Sur le plan de la stratégie, Lando Norris et McLaren F1 semblent avoir franchement gagné en maturité par rapport à l’an dernier, après les désastres de Silverstone par exemple ou de Montréal.
Lando Norris confirme que les leçons des fiascos précédents ont bien été tirées tout l’hiver à Woking.
« Comme je l’ai dit, on a perdu quelques courses l’an dernier. Pas forcément des victoires garanties, mais Silverstone en était probablement une. Je ne sais pas quelle décision on a prise, mais elle était catastrophique, et on l’a acceptée. Canada, ce n’était pas une victoire assurée. George (Russell), Mercedes, Max, tous étaient rapides, et on a raté la stratégie. On savait qu’on devait progresser. »
La communication radio avec Will Power, son ingénieur de course, fut également décisive.
« Avec Will, mon ingénieur de course, on parlait quasiment à chaque tour. J’aurais pu laisser la radio ouverte en continu ! Quand on est en tête, c’est difficile de savoir quoi faire avec les pneus. On sait que derrière, quelqu’un prendra un pari et que ça peut fonctionner. Je ne voulais pas qu’un pilote du milieu de peloton tente un coup de poker et gagne. »
« La bonne décision a été prise une demi-seconde avant mon entrée aux stands, alors que j’essayais encore de contrôler la voiture. Ça s’est révélé être le bon choix. Mais ce n’est pas juste une question de pilotage, la stratégie joue un rôle énorme. Je dois beaucoup à Will et à l’équipe stratégie aujourd’hui. »
Un dernier tour sous pression face à Verstappen
Autre moment qui prouve que Norris a su travailler sa gestion mentale : même avec un Max Verstappen en embuscade, Norris a donc tenu bon, malgré des pneus en fin de vie et une Red Bull qui klaxonnait avec le DRS dans les derniers tours !
Le Britannique confirme cependant aussi avoir commis une erreur en fin d’épreuve, donnant l’opportunité à Max Verstappen de recoller.
« Je savais que j’allais être en difficulté car j’avais chaussé les intermédiaires deux tours avant Max. Sur la piste encore sèche, j’avais poussé, et mes pneus en ont souffert. Mes pneus avant étaient usés, le caoutchouc se déchirait sur les bords. »
« Je savais que Max serait plus rapide en fin de course et qu’il prendrait plus de risques car il ne restait que quelques tours. J’ai fait une erreur au virage 6, j’ai mis une roue dans le gravier et perdu toute ma vitesse. Max est rentré dans la zone DRS, ce qui l’a aidé à rester proche. »
« Ce n’est pas juste la pression de l’avoir derrière, c’est la pression de savoir que la moindre erreur me met hors course. Si je touche une ligne blanche, je sors. Si je bloque une roue, je sors. Il faut gérer ça tout en essayant d’aller plus vite que lui. C’était stressant, je ne vais pas mentir. Je regardais mes rétros sans arrêt. »
« Même Will est intervenu à la radio pour me dire de me calmer un peu. Lui et Jarv, mon ingénieur performance, savent quand je force trop. Ils ont été rapides à intervenir et à me dire : "Attention à ça", "Gère mieux ceci". »
« Cette situation était nouvelle pour moi. Je n’avais jamais mené une course avec cinq tours à faire et Max derrière moi, me mettant sous pression, dans ces conditions. Max, lui, a déjà vécu ça plusieurs fois contre Lewis. Pour moi, c’était un test grandeur nature. »
« Je suis content d’avoir tenu bon et d’être resté calme. C’est un vrai progrès par rapport à l’année dernière. »

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