McLaren F1 ne veut pas ’manger le poison’ comme Red Bull

Une question de culture de management selon Brown

Par Emmanuel Touzot

21 septembre 2024 - 13:52

Zak Brown a été impressionné par l’ascension de son équipe au fil des deux années qui viennent de s’écouler. En effet, McLaren F1 est aujourd’hui la meilleure équipe sur la grille en termes de performance, et son PDG n’imaginait pas qu’elle occupe cette place si rapidement, alors qu’il espérait des progrès généraux qui l’auraient simplement placée en tête.

"Nous avons dépassé notre objectif" précise Brown. "Je pensais que nous arriverions là où nous sommes aujourd’hui, ou à peu près, mais je n’aurais jamais pu dire ’nous serons numéro un d’ici l’année prochaine’."

"Pourquoi ? Parce que l’équipe a fait un travail fantastique, mais la soufflerie n’a pas été mise en service et lorsqu’elle l’a été, la voiture était déjà prête. Des gens comme Rob Marshall n’avaient pas encore rejoint l’équipe. Aujourd’hui, nous sommes à 100 %. En pleine possession de nos moyens."

"Mais nous savons qu’à la minute où nous relâchons l’accélérateur, nous retombons à 95 %, alors nous devons maintenir l’élan que nous avons. Nous avons une équipe formidable, il s’agit donc de ne perdre personne et de continuer à construire là où nous le pouvons, il s’agit donc de s’assurer que nous ne ralentissons pas."

Brown reconnait que le début de saison 2023, que l’équipe a terminé comme deuxième force en piste, l’a marqué. Et pour cause, à Bahreïn, l’équipe était la neuvième en termes de performance, et elle n’a pas inscrit de points pendant deux courses.

"Je suis encore marqué, et je pense à jamais, par le début de l’année 2023. Il y a deux types de personnes dans ce monde, celles qui sont motivées par le frisson de la victoire et celles qui sont motivées par la peur de la défaite. Je suis motivé par la peur de la défaite, qui me fait sortir du lit tous les jours."

"C’est probablement le plus malsain, oui, le plus stressant et cela explique sans doute pourquoi j’ai eu des ulcères il y a un an et demi ! Mais je ne suis jamais détendu, je ne suis jamais à l’aise, et je pense qu’être mal à l’aise est une bonne chose."

"Il est important de le gérer, mais je n’ai pas l’impression que je vais un jour lever le pied de l’accélérateur, parce que si vous vous projetez suffisamment loin, vous pouvez voir les problèmes qui vous attendent."

Protéger l’équipe avec un leadership clair

L’équipe a été placée sous l’œil suspicieux de la FIA avec son aileron arrière à Bakou, et Brown a tenu à protéger McLaren et ses employés de toutes les discussions à leur sujet. Selon lui, c’est son rôle, et il pense que c’est un rôle que ne tiennent pas correctement Christian Horner et Helmut Marko chez Red Bull, ce qui explique la chute de l’équipe.

"Andrea a une phrase géniale : ’Ne mangez pas le biscuit empoisonné’. Aujourd’hui, tout le monde dit ’ailerons flexibles, ceci et cela’ et je dois isoler l’équipe du mieux que je peux de l’examen minutieux qui s’annonce."

"Je sais que les gens vont remuer et je dois protéger l’équipe, parce que regardez Red Bull en particulier, où il y a beaucoup de ’poison’ et beaucoup de choses qui arrivent, regardez ce qui se passe. C’est une équipe incroyablement géniale qui, en ce moment, prend la mauvaise direction à cause de sa culture. Leur soufflerie n’est pas différente de ce qu’elle était il y a un an."

"Je pense qu’il s’agit d’une culture morale. Les gens partent, il y a beaucoup de bruit, regardez au sommet, le directeur d’équipe fait une déclaration, puis Helmut Marko en fait une autre. Les pilotes ne sont pas contents, les pères des pilotes... mais c’est la même usine et avec un budget énorme. Alors, qu’est-ce qui a changé ? La culture des gens."

"Nous ferons tout" pour aider Norris

L’Américain est également conscient que McLaren est regardée de près par rapport à sa gestion des consignes de course. Cette décision reviendra à Andrea Stella, le directeur, mais Brown est sûr que ses troupes, qu’il s’agisse de l’Italien ou des pilotes, géreront parfaitement cette situation pour faire au mieux.

"En fin de compte, c’est Andrea qui décidera. Je pense que céder une victoire de course est une chose assez difficile à faire. Il faut donc tenir compte des circonstances. Nous allons prendre une manche à la fois. Je pense que c’est une demande assez importante de la part d’un pilote de Grand Prix."

"Je pense que Lando veut gagner le championnat, s’il le peut, de la bonne manière. Je pense donc qu’il nous reste encore beaucoup de courses à faire. Je dois examiner les circonstances, mais je pense que si Oscar sort et gagne, je ne suis pas sûr que Lando veuille hériter d’une victoire de cette façon de toute façon."

"Tout ce que nous pouvons faire pour aider Lando, nous le ferons, que ce soit d’un point de vue stratégique ou non. Nous ne voulons pas compromettre les résultats d’Oscar parce qu’il fait une saison formidable et qu’il a sa propre bataille à mener. Mais s’il y a des choses que nous pouvons faire pour soutenir Lando, c’est ce que nous ferons."