‘La FIA ne peut jamais gagner’ : la FIA, une mission impossible en F1 ?
Le directeur sportif d’Aston Martin compatit avec la FIA
Directeur sportif d’Aston Martin F1, Andy Stevenson est notamment chargé des relations avec la FIA. C’est-à-dire qu’il lui revient notamment d’aller râler et contester les décisions des commissaires, quand celles-ci ne conviennent pas à son équipe !
Et Stevenson a eu du boulot en Arabie saoudite, avec le fameux imbroglio autour de la pénalité de Fernando Alonso de 10 secondes, qui l’a privé temporairement du podium de la course.
Après moult soubresauts, Aston Martin F1 avait finalement obtenu gain de cause auprès de la FIA : mais ce fut un moment stressant à gérer, emblématique du travail d’un directeur sportif.
Comment Stevenson s’y prend-t-il, pour se préparer à ce genre de circonstances ? Comment gère-t-il le stress ambiant en période de Grand Prix ?
« C’est lorsque les choses sont stressantes que je m’épanouis. Ces moments sont difficiles, mais c’est tout à fait dans mes cordes. C’est à ce moment-là que je peux faire appel à toutes mes connaissances et à toute mon expérience. Vous pouvez vous appuyer sur les expériences passées et les précédents qui ont été établis. »
« À chaque intersaison, je regarde des rediffusions de courses, sans arrêt. Cela rend ma femme folle, mais je le fais pour me rappeler ce qui s’est passé et les précédents qui ont été établis, afin d’être prêt pour les moments difficiles auxquels nous serons inévitablement confrontés au cours de la saison à venir. »
« Et, évidemment, je me prépare beaucoup avec le règlement sportif - il faut le connaître de fond en comble. »
Les équipes de F1 font parfois appel des décisions des commissaires, comme récemment Carlos Sainz avec la pénalité infligée à Melbourne. Mais parfois, les équipes estiment que ce n’est pas la peine. Comment trancher entre course deux cas ?
« Il faut savoir choisir ses combats. On ne peut pas avoir l’attention de la FIA. Parfois, les décisions ne sont pas favorables, mais il faut faire avec. »
« Lorsque la situation est relativement claire ou que vous avez tout à y gagner, c’est à ce moment-là qu’il faut se battre. »
« Vous devez disposer de toutes les informations nécessaires pour présenter votre dossier à la FIA. On ne peut jamais faire appel d’une décision sur un coup de tête. Si vous commencez à crier au loup, la FIA ne vous écoutera jamais. »
« Nous, en tant qu’équipe, sommes toujours très bien préparés et nous arrivons au bon moment - et je pense que nous en avons vu les fruits cette saison avec la façon dont certaines décisions finales ont été prises, comme quand nous avons récupéré le podium de Fernando à Djeddah. »
Stevenson fait aussi du travail de lobbying auprès de la FIA : par exemple à Melbourne, Aston Martin F1 avait potentiellement tout à perdre en cas de relance de la course après le deuxième drapeau rouge (Fernando Alonso était 3e, Lance Stroll 6e). Mais Stevenson n’était pas de cet avis...
« Nous avons vu le deuxième drapeau rouge et le départ arrêté en Australie comme une opportunité. »
« Nous avons vécu la même chose avec Sebastian Vettel il y a quelques années au Grand Prix d’Azerbaïdjan. Certains membres de l’équipe voulaient que la course soit arrêtée et non redémarrée, mais Seb disait : "Non, nous devons faire redémarrer la course". Il y a vu une opportunité et, au final, nous sommes passés de la troisième à la deuxième place. »
« En Australie, nous avons pu voir que Fernando et Lance voulaient tous deux un nouveau départ et vous vous dites : "OK, nous pourrions obtenir un meilleur résultat ici". Évidemment, cela ne s’est pas passé comme ça, du moins pas immédiatement après le redémarrage, mais c’était certainement excitant. »
Stevenson a-t-il été énervé par le déroulement final de ce Grand Prix, par la gestion de la FIA ?
« Le Grand Prix d’Australie s’est terminé de la seule manière possible. C’est clairement écrit dans le règlement. Nous avons eu une conversation avec la Direction de la course avant que tout cela ne se produise, pour leur faire part de notre compréhension des règles, et ils nous ont informés de la décision qu’ils allaient prendre et que leur interprétation des règles était la même. »
« Il y avait un peu d’incertitude, mais la FIA a fait ce qu’il fallait. Elle a tiré les leçons de ce qui s’est passé ces dernières années et a très bien géré le Grand Prix d’Australie. Elle est la seule à disposer de toutes les informations et les gens doivent s’en souvenir. »
« Aucune des personnes qui ont contesté le drapeau rouge en Australie ne disposait de toutes les informations concernant l’état des barrières de sécurité, ce qui se passait sur le circuit et où se trouvaient les véhicules de sécurité et les médecins. Personne ne le savait, sauf la FIA. Nous devons faire confiance à la FIA parce qu’elle dispose de toutes les informations. »
La FIA, une perdante éternelle ?
Au final, Stevenson compatit-il avec le travail de Niels Wittich, le directeur de course ? Avec les commissaires ? Ou au contraire, pense-t-il qu’ils ne sont pas au niveau ?
« La FIA ne peut jamais gagner. Lorsque la course se déroule bien, c’est parce que tous les autres ont été excellents et lorsqu’elle se déroule mal, c’est parce que la FIA s’est trompée. »
« Je compatis avec eux, mais cela va de soi - ils assument cette responsabilité et s’en acquittent très bien. »
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