Coulthard se souvient d’un geste touchant de Frank Williams

Retour sur son début de carrière

Par Alexandre C.

22 avril 2023 - 11:12
Coulthard se souvient d'un (…)

David Coulthard n’est pas né avec une cuillère en argent : le pilote écossais, qui a vu le jour dans un petit village, Twynholm, non loin de la frontière avec l’Angleterre, a ainsi dû parvenir à son rêve d’enfant – piloter en F1 – avec peu de moyens.

Ses parents n’étaient pas d’ailleurs liés au sport auto : ils dirigeaient une petite entreprise de transport. Où Coulthard aurait donc pu faire carrière in fine.

L’ancien pilote McLaren et Red Bull est revenu, pour la FOM, sur le début de ce parcours (du combattant) un peu atypique.

« J’avais le désir, j’étais concentré sur mon objectif, le sport auto, c’était tout pour moi. Je n’ai pas grandi avec la génération des téléphones portables, des médias sociaux, des jeux vidéo et autres. C’était : soit je faisais carrière dans le karting et la course automobile - soit j’allais travailler dans l’entreprise familiale de transport. »

« C’était donc très clair : c’était l’un ou l’autre. Avec une telle limpidité, on ne se laisse pas distraire. »

« Et je pense que ce qui m’a donné un avantage sur certains de mes pairs à l’époque, ce n’est pas ma vitesse ou mon talent, parce que je ne suis qu’un des nombreux gars qui peuvent conduire une voiture de course rapidement, je n’ai jamais été l’e pilote exceptionnel Senna, Schumacher, Hamilton, Verstappen - je n’ai jamais été dans cette ligue. »

« Mais je pense que mon éthique de travail et ma clarté d’esprit m’ont donné un avantage sur certaines personnes avec peut-être un peu plus de talent – mais qui étaient potentiellement, disons, plus exposées aux distractions. »

Le gouffre financier du sport auto

La progression de Coulthard témoignerait tout de même d’un talent notable et d’une progression certaine : karting, Formule Ford (qui lui permit en 1989 d’obtenir le premier ’McLaren/Autosport Young Driver of the Year award, bien des années avant Lando Norris et George Russell)...

Coulthard atterrit logiquement ensuite, en 1991, en Formule 3 britannique, dans l’équipe Paul Stewart Racing, aux côtés d’un certain Rubens Barrichello.

Par la suite, les deux saisons en Formula 3000, en 1992 et 1993 (avec Stewart Racing puis Pacific), furent les moments les plus épineux dans la carrière du jeune Coulthard. En raison - on s’en doutait - de ses problèmes financiers.

« La période difficile est arrivée à la fin de l’année 1992 parce que j’avais travaillé pour Paul Stewart Racing, qui est ensuite devenu Stewart Grand Prix, puis Jaguar et enfin Red Bull - et beaucoup des personnes avec lesquelles j’ai travaillé [chez Red Bull en F1] avaient travaillé chez Pacific à l’époque. »

« Lorsque j’ai rejoint Pacific Racing [en 1993, en F3000], j’ai vraiment poussé le soutien de ma famille et de leur entreprise de transport jusqu’à la limite de ce qu’elles pouvaient supporter financièrement. Et mon père avait obtenu un gros découvert auprès de la banque qui soutenait la société de transport. »

Ce fut par la suite Ron Meadows, aujourd’hui directeur sportif de Mercedes, qui aida Coulthard à obtenir, en 1994, un volet en F3000 (chez Vortex).

Mais la famille Coulthard continuait tout de même de crouler sous les dettes.

C’est pourquoi, lorsqu’il fut finalement signé par Frank Williams, pour remplacer Ayrton Senna, tué à Imola en 1994 (voir notre article précédent, revenant sur cet épisode), Coulthard eut une demande assez curieuse pour un pilote de F1.

« Ma première année de salaire chez Williams se montait à 500 000 £ (560 000 €). Et je suis allé voir Sir Frank Williams pour lui demander une avance de 320 000 £ (360 000 €). Il m’a demandé pourquoi et je lui ai expliqué... »

« Et l’une des choses que j’admire chez Frank, avant toutes les autres choses formidables qu’il a faites pour moi et d’autres jeunes pilotes, c’est qu’il a immédiatement fait un chèque de 320 000 livres. Et j’ai pris ce chèque - ce qui signifiait que mes parents n’avaient plus rien comme dette à porter. »

« J’avais cette dette financière à l’esprit - et il était encore plus important que je réussisse en tant que pilote. »

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