Honda a mal estimé ses investissements en F1 selon Wolff

Un retrait qui intervient trop tôt ?

Par Alexandre C.

11 octobre 2020 - 13:37
Honda a mal estimé ses investissements

Le retrait de Honda en F1, d’ici 2022, laissera seulement trois motoristes pour toute la grille : Renault, Ferrari et Mercedes.

Et Cyril Abiteboul, pour Renault, est le premier, peut-être, concerné par le retrait de Honda : en effet, c’est Renault qui aura possiblement à motoriser Red Bull et AlphaTauri en 2022.

En attendant, Abiteboul a dit partager l’inquiétude de Honda de se retirer du sport : selon le Français, cela veut-il dire que la F1 n’est en effet pas bien engagée sur la voie de la durabilité ? Aurait-il fait le même choix que Honda ?

« Eh bien, je pense que le premier élément à dire est que ce n’est jamais une bonne nouvelle quand un participant aussi important au sport d’aujourd’hui et d’hier décide de ne pas continuer. Je pense que les explications, le récit derrière cette décision sont clairs et, dans une certaine mesure, sont partagés par tout le monde dans ce monde et dans l’automobile. Nous apprécions tous le programme en termes de durabilité dans lequel la Formule 1 est engagée, pour réagir à tout cela. Mais nous pensons que la Formule 1 est en fait une excellente plateforme à cet égard, et je pense donc qu’elle montre simplement que nous devons faire plus, mieux, et plus fort pour répondre aux attentes concernant cet important sujet qu’est le développement durable. »

« Le reste, cela concerne bien sûr notre sport et nous avons un peu de temps pour voir l’impact sur la grille et sur les différentes équipes actuellement motorisées par Honda. »

De son côté, Toto Wolff concède qu’il a un point de vue « légèrement différent ». Et le directeur de Mercedes de tacler, poliment, le jeu de yoyo effectué par Honda : selon lui, il était trop tôt pour se retirer au vu des sommes déjà engagées.

« Oui, j’ai un point de vue légèrement différent. Je trouve dommage que Honda ait pris cette décision contre la Formule 1. Je pense que c’est toujours un rapport entre le risque et le rendement. Au bout du compte, chacun d’entre nous doit fournir un retour sur investissement (ROI) qui ait du sens. Ainsi, quel que soit le capital que vous déployez pour l’investissement dans la Formule 1, il doit garantir ou doit rapporter une valeur commerciale raisonnable et, si ce n’est pas le cas, je peux comprendre que quelqu’un dise "nous avons essayé et ça n’a pas marché". »

« Malheureusement, ce sport ne se résume pas, à mon avis, à un investissement, mais tout l’investissement que vous consentez n’achète pas le succès, ne le garantit pas, car il s’agit d’un engagement à long terme que vous devez fournir. Nous l’avons vu avec Mercedes : nous avons eu quelques années vraiment douloureuses et nous avons réussi à renverser la vapeur. Dans le passé, des constructeurs sont venus et sont repartis, beaucoup d’entre eux, dont Honda, BMW, Toyota et bien d’autres et oui, c’est dommage. »

« Je pense que la F1 a besoin... La Formule 1 a besoin d’un engagement stable de la part de chacun d’entre nous et doit obtenir l’adhésion du conseil d’administration, en disant "OK, nous nous lançons dans cette aventure, cela peut être difficile, nous plaçons nos attentes à un niveau bas mais à un certain moment, nous allons renverser la situation". Mais, à la fin, nous devons l’accepter. Ce n’est certainement pas génial pour nous de perdre un motoriste. C’est un problème pour Red Bull, donc oui, ces gars vont me manquer. Ils étaient une bonne partie du paddock. »

Même s’il regrette le choix de Honda, Toto Wolff reconnaît aussi que les investissements consentis en F1, de nos jours, pour un motoriste, sont énormes…

« Pour les motoristes, la situation actuelle ne devrait pas continuer comme ainsi à l’avenir. Lorsque j’ai rejoint la Formule 1 avec Williams en 2009, je me souviens des unités de puissance qu’ils utilisaient, elles coûtaient 20 millions de dollars et plus. Aujourd’hui, nous avons l’obligation de les fournir à un prix bien inférieur. Avec l’introduction de l’hybride, comme l’a dit Mattia, c’était un exercice d’ingénierie : quel type de moteur pouvons-nous réellement développer ? Et nous n’avons pas réalisé que nous aurions un moteur fantastique avec, aujourd’hui, une efficience énergétique de plus de 50 % qui n’existe dans aucun autre sport. »

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