Gravier ? Commissaires permanents ? Les pilotes débattent des limites de piste après Austin
Y a-t-il une solution magique ?
Après le Grand Prix d’Austin, marqué par le dépassement pénalisé de Lando Norris sur Max Verstappen, la discussion continue dans le paddock pour savoir comment éviter les sempiternelles polémiques autour des limites de piste.
Les pilotes critiquent la surabondance des règles et l’inconstance des commissaires. Pour y remédier, George Russell, chez Mercedes F1, a remis sur la table la piste des commissaires permanents. Mais cela suffirait-il pour autant ?
Chez Red Bull, Sergio Pérez ne croit pas à la possibilité de commissaires permanentes en raison… de l’inflation du calendrier F1 !
« Avec 24 courses au calendrier, je ne crois pas qu’il existe un commissaire au monde prêt à prendre ce poste. Ensuite, c’est très compliqué parce que parfois, au final, les deux commissaires peuvent avoir des opinions différentes. On a toujours l’impression que la décision joue contre nous. Mais ce qui va autour revient autour. Donc c’est toujours difficile de prendre les meilleures décisions. Au final, mieux vaut ne pas avoir de problème. »
Nico Hülkenberg a lui une solution pour éviter que de telles polémiques se reproduisent, au virage 12 d’Austin : les graviers ! La solution n’est pas aisée car la Moto GP court aussi sur ce circuit…
« Comme sur le dernier virage en Autriche, il faut mettre des obstacles naturels… »
« Bien sûr, ajouter un obstacle naturel modifie la dynamique du virage. Sur les circuits urbains, un mur change la donne. Et oui, comme dans la plupart des sports, il existe ces zones grises. Comme je l’ai dit, c’est souvent lié au circuit. Austin, par exemple, révèle souvent ces zones grises. Donc oui, c’est peut-être un point à explorer, surtout pour ce virage, ainsi que les virages 12 et 15. Je n’ai pas vraiment analysé la situation car je célébrais notre week-end. »
« J’ai été directement impacté par cela en course, donc j’ai regardé le replay et, à mon sens, il y a une règle qu’il faut changer » souligne pour sa part Pierre Gasly, pour Alpine F1.
Comme d’autres, le Français relève une règle absurde, celle du point de corde, dont nous détaillons les conséquences délétères ici (voir notre article).
« Cette règle dit que celui qui a son essieu avant en premier au point de corde a la priorité, mais combien de contrôle a-t-on réellement sur sa voiture à ce moment-là ? Sinon, cela ouvre la porte aux attaques kamikazes, juste pour assurer d’être devant au point de corde, même si on ne peut pas finir le virage. Mais cela crée d’autres problèmes, avec des voitures hors piste et des priorités non pénalisées. Cette règle doit être revue pour offrir plus de justice dans les combats. »
Leclerc voudrait sanctionner les pilotes récidivistes
Impliqué dans un affrontement rugueux contre Max Verstappen à Las Vegas l’an dernier, Charles Leclerc est lui moins affirmatif.
« C’est un sujet très complexe, pour être honnête. Je n’ai pas de réponse parfaite ici. Le bon sens doit être appliqué dans certaines situations. Quand un pilote répète plusieurs fois le même comportement, il faut agir... »
Vise-t-il Max Verstappen plus précisément ? Il ne développera pas ce point…
« Mais il faut aussi conserver les opportunités de dépassement. Ce que j’ai vu à Austin était peut-être un peu extrême. Le règlement ne couvre jamais toutes les situations, il faut parfois un regard expérimenté pour juger sur le vif. Aucune règle ne pourra dicter précisément comment nous devrions nous battre. »
« Sur ces sujets, nous sommes de plus en plus impliqués. Lors des briefings avec la FIA, nous essayons toujours de proposer des suggestions et ils restent ouverts, ce qui est positif pour les courses. »
« On se concentre souvent sur le fait que celui qui attaque à l’extérieur doit être devant à la corde, mais le pilote à l’intérieur va relâcher le frein pour éviter cela » précise pour sa part Guanyu Zhou.
« Mais s’il ne peut pas rester dans les limites, c’est complexe. Il manque encore de la cohérence, et c’est difficile quand un circuit a de grandes zones de dégagement. Nous en avons discuté après le week-end, et je pense qu’il y aura d’autres échanges avec les pilotes et la FIA. »
Felipe Drugovich, le pilote de réserve Aston Martin F1, qui courra en EL1 au Mexique, apporte lui un regard plus distancié sur ce problème.
« Je peux parler en tant qu’observateur extérieur. Ce n’est pas simple à comprendre depuis la voiture. Quand on est dans le feu de l’action, on pense juste à dépasser ou défendre, pas à ‘suis-je devant à l’apex ?’. J’espère que les règles seront simplifiées. Parfois, on souhaiterait juste du gravier ou de l’herbe à l’extérieur, mais la sécurité prime. Pour les spectateurs aussi, ce n’est pas évident, mais les règles évolueront et deviendront plus claires. »
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