Gasly évoque ‘une journée historique’ pour Alpine F1 et la France
Les années de karting ont payé à Interlagos
Cela restera comme une des plus belles images de la saison : le tour de parade, après l’arrivée du Grand Prix de Sao Paulo hier, entre Esteban Ocon et Pierre Gasly. Les deux hommes, côte-à-côte, se sont mutuellement salués après leur double podium exceptionnel.
A l’image de son coéquipier, Pierre Gasly avait aussi des étoiles dans les yeux au moment de décrire ce tour d’honneur, aussi mémorable qu’inattendu. Les deux hommes, qu’on annonçait comme les meilleurs ennemis, ne sont pas devenus certes les meilleurs amis du monde, mais ils ont su rester professionnels jusqu’au bout… Pour une fin en apothéose - même s’il reste 3 Grands Prix !
« Je pense que personne ne peut comprendre pleinement. C’est une relation très personnelle entre Esteban et moi » commentait hier soir Pierre Gasly.
« On a traversé tellement de choses ensemble. Comme il l’a dit, on se retrouvait l’hiver, à moins 5 degrés, seuls sur la piste de kart, à rouler sous la pluie, la neige, avec des pneus slicks, quand on avait 9, 10, 11 ans. On s’est vraiment entraînés dans ces conditions, et en course à Interlagos, je peux dire que toute cette expérience a fait la différence. Je me rappelle qu’on retournait dans le camion pour se réchauffer après quelques tours, tellement on était gelés. On a eu nos hauts et nos bas, mais cette aventure de deux ans en tant que coéquipiers, je pense qu’on peut être très fiers de la manière dont on a fait progresser l’équipe. »
« La saison a été difficile, mais on a toujours essayé de pousser l’équipe dans la bonne direction, sans jamais abandonner. Même si la voiture a été capricieuse la majorité de la saison, tout le monde a donné le meilleur, et c’était une journée historique pour l’équipe. Très fier de tous ceux qui travaillent avec nous pour atteindre un tel résultat. »
Gasly a dû résister à Russell
Durant une bonne partie de la course, Pierre Gasly a dû résister à la pression imposée par la Mercedes F1 de George Russell. Ne pas faire d’erreur, sur une piste piégeuse, à Interlagos, tenait de l’acrobatie permanente.
« Oui, il était bien présent dans mes rétroviseurs. Ce n’était pas facile. Les conditions étaient compliquées, je n’étais pas vraiment à l’aise avec l’équilibre de la voiture. Mais je l’ai toujours gardé à distance, je ne pense pas qu’il ait jamais envisagé de tenter quelque chose. Tant que je le maintenais à une seconde, ça suffisait. Il a un peu abîmé ses pneus, donc la fin de course a été longue, mais on a réussi à le contenir. »
« Il y a eu des batailles avec Lando au redémarrage, et avec Charles aussi. La course a semblé interminable, entre le drapeau rouge et les conditions météo. Mais on a fait les bons choix, une stratégie impeccable, et c’était une excellente journée pour l’équipe. »
Le dernier double podium français remontait à 1997, avec Alesi et Panis !
« C’est chouette de voir qu’on réalise quelque chose après tant d’attente pour les Français. C’est très spécial. Sur une journée comme aujourd’hui, pour toute l’équipe, pour Esteban, pour moi, après une saison difficile. Il faut venir chaque week-end avec le même état d’esprit, la même approche, donner le meilleur de soi-même, même si les chances ne sont pas très élevées. C’est important de ne jamais abandonner parce que, sur une journée comme celle-ci, tout est possible. »
« Je suis très reconnaissant envers l’équipe pour tout le travail accompli, car ça en vaut vraiment la peine quand on place les deux voitures sur le podium. Je ne pense pas que quelqu’un dans le monde aurait pensé qu’à un moment donné cette année, deux Alpines seraient sur le podium. »
« J’aimerais connaître la personne qui a parié là-dessus » sourit Ocon.
« Eh bien, s’il y en a une, c’est un véritable génie ! » relance Gasly. « C’est ce que j’aime en F1, ces opportunités uniques. Il faut être là quand elles se présentent. Rien n’est garanti. Beaucoup d’autres auraient pu saisir cette chance, mais au final, c’était Esteban et moi. »
Ce qui est certain, c’est que l’amour déjà grand pour Interlagos de Pierre Gasly est encore monté à un cran supérieur !
« Regardez simplement la foule. Honnêtement, c’est un circuit tellement emblématique. Cette année était spéciale avec l’héritage laissé par Ayrton et les 30 ans. Ce matin, à 5 heures, quand mes yeux étaient encore un peu fermés de fatigue, j’ai vu tous ces gens faire la queue et j’ai été impressionné. L’énergie qu’on reçoit dans ces moments-là rend vraiment reconnaissant. Pouvoir vivre ces moments, et ressentir cette émotion quelques heures plus tard, c’est un souvenir mémorable qui restera avec nous pour toujours. »
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