Famin décrit la guerre Enstone-Viry : comme si Alpine était une équipe cliente de Renault…
Il a essayé de résoudre les relations Viry-Enstone
C’est un serpent de mer chez Alpine-Renault : les liens entre Enstone et Viry. Ou plutôt, l’absence de liens entre l’usine châssis, britannique, et l’usine moteur, française…
Une anecdote vaut mille discours : cette anecdote a été rapportée par Bruno Famin, le nouveau directeur d’écurie en personne…
« Quand je suis arrivé à Viry, il y a un peu plus d’un an et demi, je me souviens que certains, pas tout le monde, me disaient que nous n’avions qu’une équipe cliente maintenant [Alpine F1]... »
« Quoi ? ai-je répondu... On n’a pas d’équipe-cliente, on a notre équipe, c’est notre équipe d’usine... »
Certaines voix à Enstone ont même suggéré que l’équipe Alpine adopte… un moteur Mercedes ! Pour préférer Brixworth à Viry...
« Et quand je suis arrivé à Enstone, j’entendais parfois dire qu’avec un moteur Mercedes, nous irions plus vite. D’accord, le moteur Mercedes a 15 kilowatts de plus, c’est sûr, mais avec un moteur Mercedes, il n’y aura plus de projet ni d’Enstone... »
« Il y a une histoire assez complexe, surtout entre Enstone et le groupe Renault, c’est la réalité. Le groupe a vendu et racheté l’équipe de F1 je ne sais combien de fois ! Et cela rend les choses difficiles, c’est certain. Mais vous savez, les relations entre l’usine moteur et l’usine châssis, vous pouvez les voir partout, ce n’est pas spécifique au projet Alpine. »
Cependant les critiques semblent être aujourd’hui de l’histoire ancienne, selon Famin. Le Français serait-il arrivé à mettre fin à des années d’animosité en 18 mois ?
Visiblement, le discours fort, à Enstone, de Luca de Meo, qui a appelé à reforger les liens entre les équipes de Viry et Enstone (notamment en logeant enfin dans le même hôtel en week-end de Grand Prix) aurait porté ses fruits…
« Je n’entends plus ce genre de choses, maintenant. C’est très clair. Après avoir parlé à de nombreuses personnes après le discours de M. de Meo, je peux vous dire que je suis sûr que plus personne n’en parlera et que tout le monde sait parfaitement ce que nous devons faire pour améliorer la voiture. »
« Ce n’est pas seulement une chose, ce n’est pas l’aérodynamique, ce n’est pas le moteur, ce n’est pas les pneus, qu’il faut améliorer. La compétition est telle qu’il faut être bon partout et faire en sorte que tout fonctionne bien ensemble. »
« Tout le monde le sait et tout le monde se concentre là-dessus. Et ceux qui ne sont pas satisfaits de cela, ils s’en vont. »
Pour changer la culture et l’ambiance, Famin a en effet aussi changé les hommes.
Laurent Rossi, Otmar Szafnauer, Alan Permane : plusieurs pontes d’Alpine ont pris la porte ces derniers mois.
Famin, directeur d’écurie pour longtemps chez Alpine ?
Bruno Famin, lui, est toujours le directeur d’écurie par intérim : en attendant la nomination de son successeur.
Mais le Français voudra-t-il aussi s’accrocher à son poste ?
« Ce n’est pas ma première priorité, pour être honnête. »
« Ma priorité était de faire en sorte que les gens travaillent ensemble. »
« Je ne suis pas un grand fan de l’idée de changer l’organisation pour changer l’organisation. Parce que même si vous pouvez changer une organisation comme vous le voulez, autant de fois que vous le voulez, si les gens ne veulent pas travailler ensemble, cela ne marchera jamais. »
« Il s’agit donc plutôt de trouver comment faire en sorte que les gens travaillent bien ensemble, afin d’obtenir les meilleures performances de chacun, de l’équipe globale. C’est là l’essentiel. »
« En ce qui concerne le poste de directeur d’écurie, il me convient parfaitement. Tant que mon patron ne me demandera pas de changer, je resterai. »
« Je pense que tout le monde est maintenant convaincu que nous formons une seule équipe, que nous avons un seul projet et un seul objectif. »
Pour arriver à son but, Famin a donc misé avant tout sur la communication : pour qu’on se parle enfin entre Enstone à Viry.
« Je n’ai rien fait de bizarre ou de particulier. »
« Ce que j’ai fait, c’est parler aux gens, aller à l’usine, aller partout dans l’usine. Je n’ai pas eu l’occasion de parler à tout le monde, bien sûr. Pendant le temps que j’ai passé à Enstone, j’ai passé beaucoup de temps à parler aux gens, dans les ateliers, dans le bureau d’études, dans l’aéronautique, dans l’informatique, partout, pour confirmer l’ambition du projet, et pour partager mon point de vue sur la façon dont nous faisons avancer les choses. »
« Et puis fin octobre, Luca de Meo est venu à Enstone, il a parlé à tout le personnel, des deux côtés (Enstone et Viry). Il a réaffirmé le projet, l’ambition, et aussi ce que nous attendons en termes d’attitude de la part des gars, en disant que nous avons besoin que les gens - tous les gens - soient à 100% de leurs capacités pour être capables d’être compétitifs dans une lutte aussi dure avec les concurrents. »
Ce changement d’état d’esprit aurait aussi apporté des dividendes sportifs, poursuit Famin.
« Je suis très heureux de cet état d’esprit. Bien sûr, la voiture n’est toujours pas celle que nous souhaiterions. Mais nous avons marqué plus de points par course dans la seconde moitié de la saison que dans la première. Nous devons continuer à pousser pour développer cette dynamique. »
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